Proligue - Cesson
S. Clemenceau : "Une Starligue à 16, la moins mauvaise solution"
Alors que l'ensemble des acteurs du handball français espère pouvoir finir la saison normalement, de nombreux présidents commencent à évaluer les différentes options qui pourraient se présenter à eux. Et Stéphane Clémenceau, celui de Cesson-Rennes, pense qu'anticiper un passage à une Starligue à seize pourrait être une option.
- Stéphane, quelle est la situation de votre club actuellement ?
- Je crois qu'elle est la même que dans beaucoup de clubs. On a mis les joueurs en congés et tout le personnel du club, joueurs, entraineurs mais aussi tous les salariés administratifs seront au chomage partiel à partir de la fin de semaine.
- A combien estimez-vous la perte pour votre club ?
- La perte financière, on ne sait pas encore trop. Ce qui est en revanche défini, c'est qu'on avait un chiffre d'affaires à 140.000€ sur les quatre matchs à domicile restant, sachant qu'on pouvait peut-être avoir le match du titre à un moment. Titre ou pas, on a une perte de billetterie qui est conséquente, des événements avec des partenaires. Mais tout cela n'est pas grand-chose face à ce qui se passe dans notre pays.
- On entend certains de vos collègues présidents de Proligue se positionner en faveur d'un passage à une Starligue à seize dès la saison prochaine. Quelle est votre position sur le sujet ?
- Je comprends que certains puissent trouver déplacé qu'on pense à ce genre de considérations alors que le pays est confiné et que des gens sont malades. Mais, pour revenir à la question, je pense qu'il est une évidence que le championnat ne reprendra pas. De nombreux événements programmés au mois de juin, et je pense aux 24 heures du Mans, ont déjà été reportés, certains présidents de clubs de volley demandent l'arrêt définitif de la saison... Je pense qu'il faut être lucide, responsable et dire qu'on arrête la saison maintenant. Si c'est pour qu'on reprenne à la mi-mai, ou à la fin mai, dans des salles vides, pour moi, cela serait pire que mieux. Passer à seize est quelque chose dont on parle pour la saison 2021/22, avancer d'une année son arrivée tout en arrêtant le championnat dès maintenant serait la moins mauvaise solution.
- C'est un avis quelque peu dissonant de ceux qu'on a pu entendre ces derniers jours...
- Je respecte l'avis de chacun, et je sais que certains vont sauter sur l'occasion pour dire que je défends mon club, que Cesson est premier de Proligue et que passer à seize, et donc monter, nous arrange bien. Mais comment voulez-vous qu'en reprenant début mai, dans un scénario plus qu'optimiste, on finisse la saison en temps et en heure ? D'autant plus que, si c'est pour reprendre avec des matchs à huis-clos, pour moi, c'est une hérésie. Autre problème : les joueurs sont sous contrat jusqu'au 30 juin et certains, qui ne seront peut-être pas conservés, méritent qu'on leur donne de la visibilité. Si on arrête le championnat maintenant, cela leur laisse du temps pour rebondir. Il n'y a pas de solution parfaite, j'en ai bien conscience, mais on est dans une situation exceptionnelle.
"Mon rêve absolu, c'est que dans un mois, cette saloperie de virus ne soit plus qu'un mauvais souvenir"
- Selon vous, reprendre par des matchs à huis-clos serait pire que de ne pas reprendre le championnat ?
- Economiquement et en termes d'image, cela n'aurait aucun sens. Le handball, le sport en général, est une entreprise de spectacles, et on n'imagine pas un spectacle sans spectateurs, pas plus qu'un ballet à l'opéra Garnier devant des sièges vides. Et cela va au delà de Cesson, au delà de notre place au championnat. Encore une fois, les 24 heures du Mans auraient pu se dérouler devant des tribunes vides, mais cela n'avait aucun sens.
- Arrêter le championnat, passer à une élite à seize, ce sont presque des mesures chocs...
- Mais qui, à mon sens, préserveraient au mieux l'équité sportive. Et pour le passage à seize, c'est quelque chose de déjà envisagé, je ne sors pas le concept de mon chapeau. Je le répète, c'est la moins mauvaise des solutions. On a joué les deux-tiers du championnat, qui apparait donc comme viable sportivement. Cela éviterait de faire descendre Tremblay et Créteil de Lidl Starligue et Besançon et Valence de Proligue. Sans compter que, si on gèle le championnat et qu'on maintient les descentes, on peut faire face à de nombreux recours des clubs concernés. Ce serait vraiment un moindre mal.
- Repartir sur une nouvelle saison en Proligue, pour Cesson-Rennes, ce serait une catastrophe ?
- Tout peut arriver, le 15 aout dernier, la montée ne nous était pas garantie. On a fait des efforts énormes pour conserver un budget conséquent malgré la descente, et si on devait partir sur une deuxième saison en Proligue, celui-ci serait très largement diminué. Très clairement, mon rêve absolu, c'est que dans un mois, cette saloperie de virus ne soit qu'un mauvais souvenir, le plus important n'est pas où jouera Cesson en septembre mais la santé de chacun. Mais je ne suis pas d'un optimisme béat et j'ai du mal à croire qu'on puisse repartir comme si de rien n'était dans un futur proche. Reprendre le championnat m'apparait comme étant une hypothèse déraisonnable.
Propos recueillis par Kevin Domas