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Comment Julien Bos a-t-il pris son envol en ce début de saison ?
A Montpellier depuis 2016, Julien Bos a grandi sereinement au sein de la MHB Academy avant de goûter peu à peu aux effluves de l’équipe fanion. Arrière-ailier gaucher d’1m88, il fait partie de la génération dorée 1998-99 qui a presque tout gagné en équipe de France.
Intégré désormais durablement à l’effectif professionnel du MHB (il est sous contrat jusqu’en 2023), Julien Bos alterne entre les postes d’ailier et d’arrière droit. Il s’est taillé jusqu’ici un rôle de joker, évoluant au gré des blessures et des méformes. Il faut dire qu’il était compliqué pour lui d’espérer mieux étant donné la concurrence l’an dernier avec Porte et Richardson sur la base arrière et Yanis Lenne à l’aile. Pour autant, Bos a su répondre présent lorsqu’on a fait appel à lui, en montrant une certaine régularité. Mais attendions-nous un tel début de saison de sa part ? Pouvions-nous l’imaginer dans le top 10 des meilleurs buteurs de Ligue des Champions et sélectionné en Bleu ? Pas forcément. Alors que s’est-il passé ? Comment Julien Bos a-t-il brillé en ce début de saison ? On a décrypté 5 des rencontres disputées par Bos en ce début de saison (Vardar, Kiel, Brest, Paris, Zagreb) pour en discuter avec son entraîneur adjoint au MHB, David Degouy.
DE LA MOTRICITE ET UN BON SENS DU JEU POUR FINIR A 6 METRES…
Une des grandes qualités de Julien Bos est sa motricité et notamment sa capacité à jouer dans l’intervalle externe. Cela lui permet de se créer des situations de tir là où certains arrières sont plus réticents à s’engager et peuvent être en difficulté. David Degouy, entraîneur adjoint du MHB confirme les qualités de son arrière : "A l'entraînement, quand on fait des petits jeux de motricité, avec des balles de tennis ou d'autres exercices, il est toujours parmi les meilleurs. Il a vraiment une motricité intéressante et il l'exploite au mieux."Le natif de Pessac sait donc combiner une bonne lecture du jeu avec une motricité intéressante pour obtenir des situations de « tirs faciles » à 6 mètres. Jusqu’ici, cela semble plutôt logique étant donné son gabarit. Il inscrit ainsi un tiers de ses buts à 6 mètres (13), soit dans l’intervalle externe (8), soit secteur central (5). Cela rappelle d’autres arrières droit ayant un peu le même style. On pourrait citer, son capitaine Valentin Porte ou ... son adversaire du jour Mathias Gidsel.
Au-delà d'être de la même génération 98-99, Bos et Gidsel partagent également ce même style de jeu. David Degouy approuve cette comparaison : "C'est vrai qu'ils ont un peu le même profil physique, pas forcément très impressionnants physiquement [NDLR : 1m88 pour Bos contre 1m90 pour le Danois]. Ils ont tous les deux cette capacité à bien lire le jeu. Mais je dirais que Gidsel a une préférence un peu plus grande pour le secteur central que Julien. Julien, par sa motricité et sa lecture de jeu, peut tirer de partout et notamment un peu plus dans le secteur externe".
… DU CULOT ET DE LA PUISSANCE POUR ÊTRE DANGEREUX DE LOIN
Avec Bos, le danger viendrait donc de partout ? Les chiffres semblent confirmer cette hypothèse. Julien Bos a ainsi également défrayé la chronique en envoyant quelques scuds à longue distance. Malgré son "petit gabarit" pour un arrière, Bos sait jouer juste et prendre des tirs lorsqu’il est mis en bonne situation par son meneur de jeu. Sur les 37 buts qu’il a inscrits sur les 5 matchs étudiés, un tiers (12) proviennent de tirs longue distance dans le secteur central. Généralement, l’arrière droit profite d’un croisé avec son demi-centre pour prendre le shoot. "Il exploite bien le jeu. Dans la lecture, dans l'analyse, il est vraiment bon. C'est un joueur de courses, de mouvement. C'est difficile pour ses adversaires de l'attraper car il est en lecture et en mouvement très souvent" analyse son entraîneur adjoint à Montpellier.
Comment lire le graphique : sur les 5 matchés étudiés, Julien Bos a inscrit 12 buts en tirant à 9m (ou plus loin) secteur central.L’HOMME DES DEBUTS DE MI-TEMPS
Sur les 37 buts qu’il a inscrits sur les 5 matchs étudiés, Julien Bos a marqué la moitié de ses buts dans les 10 premières minutes de chaque période. Au Vardar ou face à Kiel, il a ainsi mis sur les bons rails ses coéquipiers en empilant les buts en début de rencontre. Bos revient également très fort des vestiaires où il porte (sans mauvais jeu de mot) son équipe, notamment face à Kiel, Paris et Zagreb. Dans chacun de ces 3 matchs, l'arrière montpelliérain a inscrit 3 buts dans les 10 minutes suivant la mi-temps. Une simple coïncidence statistique selon Degouy : "On ne joue pas pour lui dans ces moments-là. Mais il est vrai qu'il a cette capacité à exploiter toutes ses qualités et donc à savoir saisir sa chance de manière assez juste au bon moment".
Comment lire le graphique : Julien Bos a inscrit 12 buts entre la 31e et la 40e minute sur les 5 matchs analysés."Il est complet et toujours à fond dans tous les secteurs"
Même dans le secteur défensif, où il s'est pourtant frotté à de plus gros gabarits durant ces matchs, Julien Bos a montré de belles choses. David Degouy apprécie nécessairement l'investissement de son joueur : "Il est à fond en défense. Il défend très bien, avec beaucoup de motricité et d'intelligence de jeu. Face à Sagosen, il a été intéressant par exemple. Julien aime défendre et il aime le jeu. Il est complet et toujours à fond dans tous les secteurs. Il est vraiment très engagé dans tout ce qu'il fait que ce soit physiquement ou mentalement."
Le travail semble avoir payé pour Bos, tant sur le plan handballistique que physique. Un bel exemple à suivre pour les jeunes joueurs qui ne font pas forcément 2 mètres et 110 kilos. Même dans le handball moderne très physique, la science du jeu et une motricité fine peuvent permettre d'atteindre le haut niveau. Avec un dernier ingrédient : le travail régulier. Jusqu'où ira Julien Bos ? On ne le sait pas encore mais sa nouvelle vie commence cet après-midi avec une première sélection chez les Bleus.
Tristan Paloc - Data7&Match