EHF EL (M)
Romain Lagarde n'a pas pu tout faire pour les Löwen
Battus en demi-finale par Berlin (32-35), les Rhein-Neckar Löwen, hôtes du Final Four, ne remporteront pas le titre tant espéré. Et ce malgré un Romain Lagarde excellent, alors que le Français n'aurait même pas dû jouer...
Sur les sept derniers Final Four, seules deux équipes disputant la compétition à domicile ont remporté la compétition : Göppingen en 2017 et Kiel en 2019. Avec la défaite de Rhein-Neckar Löwen, battu par Berlin en demi-finale ce samedi, on en est désormais à six hôtes qui ne parviennent pas à gagner le trophée dans leur salle. Dans ce club des hôtes déçus, les Löwen rejoignent d'ailleurs Nantes, qu'ils avaient battu chez eux en finale en 2013. Et pourtant, Klaus Gärtner - officiellement adjoint de Martin Schwalb, mais dans les faits à la tête de l'équipe - a joué tous ses atouts, et notamment une carte qui n'était pas prévu à la base dans son jeu.
Lagarde comme solution à une entame ratée
Romain Lagarde, blessé lors du dernier rassemblement de l'équipe de France fin avril, avait complété une infirmerie bien remplie du côté des Löwen. La perte du Français a fait mal, tant il s'est imposé comme une valeur sûre de l'effectif de club de Mannheim cette saison, notamment en défense où son activité au poste 2 est précieuse. L'appel en renfort de Kim Ekdahl du Rietz juste avant le Final Four était d'ailleurs considéré par beaucoup comme l'officialisation du forfait de l'arrière gauche français pour ce week-end. Mais une autre blessure a amené le staff de Mannheim à changer ses plans. "Il n'était pas prévu de jouer avec Romain, mais comme nous avons perdu sur blessure notre pivot Jesper Nielsen, nous l'avons intégré au groupe aujourd'hui", a expliqué Klaus Gärtner en conférence de presse. Lagarde, comme Uwe Gensheimer lui aussi de retour de blessure, était donc la surprise de la feuille de match du côté des hôtes. Mais si Gensheimer n'est rentré que pour tirer les jets de sept mètres après le premier échec de Jerry Tollbring (2/2 dans l'exercice pour l'ancien Parisien), la contribution du Lanestérien a été bien plus marquante.
L'entame de match a en effet été catastrophique pour les Jaunes. Andy Schmid, habituel métronome du jeu de Rhein-Neckar, manque de tranchant et d'inspiration face au bloc central berlinois. La relation entre le Suisse et son pivot Jannik Kohlbacher est coupée. A ses côtés, Kim Ekdahl du Rietz n'est pas non plus au mieux. Faire débuter un joueur qui n'a pas joué un match officiel depuis mars 2020 n'était peut-être pas la meilleure idée des Lions, surtout pour l'aspect offensif où l'on a longtemps attendu l'entrée de Lukas Nilsson. La sortie d'Ekdahl au quart d'heure de jeu pour Nilsson, et celle de Schmid pour Lagarde à la 17e minute, alors que Berlin comptait huit buts d'avance (4-12, 17'), a permis d'inverser la tendance. "Nous devions faire faire quelque chose en première période alors que nous avions huit buts de retard, donc nous avons fait entrer Romain sur le terrain. Et il a très bien joué", a relevé Gärtner.
Un bon signe pour l'équipe de France
Le Français a en effet été décisif dans le dernier quart d'heure de la première période. Il a pris en main le jeu des Löwen et ses courses croisées avec Nilsson ont permis de créer des espaces dans la défense berlinoise. Si Kohlbacher est resté bien pris par la défense des Füchse, le jeu a davantage été porté sur les ailes et Jerry Tollbring a permis aux siens de revenir à deux buts. Lagarde n'a pas semblé jouer avec le frein à main, et a même tenu sa place au poste 2 de la défense en 5-1, aux côtés de Mait Patrail, autre entrée importante pour les locaux. Avec quatre buts marqués et une forte activité des deux côtés du terrains, Lagarde n'a pu empêcher la défaite de son équipe, qui n'a jamais su revenir à moins de deux buts de son adversaire qui avait d'autres atouts, en particulier l'excellent Lasse Andersson, véritable homme du match avec 11 buts marqués. Mais son entrée a remis les Lions dans le match. Après le match, Gärtner ne pouvait que constater l'état de forme de son arrière : "Je pense qu'il était à 100%".
On ne sait pas si Guillaume Gille a regardé cette demi-finale samedi soir. Mais alors que la question du demi-centre est redondante à chaque liste de l'équipe de France, alors que Nedim Remili ou Melvyn Richardson ont régulièrement été choisis pour prendre ce poste lors du dernier Mondial en remplacement de Kentin Mahé, et alors qu'Aymeric Minne n'a disputé ses premières minutes sous le maillot bleu que lors des derniers matchs de qualification à l'Euro 2022 face à la Grèce, voilà que Romain Lagarde peut aussi se proposer comme une alternative très crédible pour mener plus régulièrement le jeu français. Il sera en tout cas un véritable atout pour le sélectionneur, qui n'a plus qu'à croiser les doigts pour que l'ancien Nantais conserve son état de forme pour le rassemblement de l'équipe de France, qu'il pourrait rejoindre début juillet.
A Mannheim, Mickaël Georgeault