EHF
M. Glaser : "Dans une telle saison, il n'y a pas de solution parfaite"
Alors que la phase de groupes de la Champions League masculine a rendu son verdict hier soir et que les huitièmes de finale de son pendant féminin débutent demain, Markus Glaser, le responsable des compétitions de la fédération européenne de handball (EHF), tire pour nous un bilan intermédiaire.
- La phase de groupes de la Champions League masculine vient de se terminer, comme la feminine il y a deux semaines. Quel bilan en tirez-vous ?
- Je pense que tout le monde à l’EHF, mais aussi dans les clubs, est content que la phase de groupe ait pu aller à son terme. Nous avons du faire face à de nombreux défis, surtout compliqués à gérer pour les clubs. Même quand ils ont réussi à surmonter tous les obstacles liés à l’organisation des matchs, ils ont du jouer dans des salles vides, perdant ainsi les revenus liés à la billetterie. Cette saison a été, et est toujours, très dure pour les clubs.
- A peu près 10% des rencontres ont du être annulées, est-ce un chiffre dont l’EHF se satisfait ?
- En début de saison, l’EHF a dit qu’elle voulait jouer, et jouer selon le programme prévu. Je pense donc que, au vu des conditions dans lesquelles les matchs se sont joués, c’est un succès. Mais je dois aussi souligner que c’est un succès pour les clubs, car ils ont prouvé qu’ils étaient capables de coopérer aussi bien qu’ils le pouvaient les uns avec les autres. On a vu une très forte entraide entre les clubs, dans leur capacité à s’aider les uns à l’autres et à s’arranger, notamment sur les dates de report. Chaque club savait que, si son adversaire avait un problème à un moment de la saison, cela pourrait être son tour la semaine suivante.
- Que dites-vous aux clubs qui auraient aimé jouer moins de rencontres, notamment au mois de février ?
- Je dirais surtout que les clubs ne voulaient pas forcément jouer moins de matchs. On a essayé de jouer toutes les rencontres qui pouvaient l’être, tout en restant à l’écoute dans les cas où les matchs ne pouvaient pas se dérouler. Si, dans certains cas, les clubs nous disaient qu’il était trop compliqué de persister, alors nous avons accepté de ne pas jouer. Tous les cas de figure ont été acceptés, pour faciliter la logistique et les accommodations. Finalement, je pense que nous ne nous en sortons pas mal.
- L’EHF a décidé d’attribuer les points sur tapis vert pour les rencontres qui n’ont pu se jouer. Etait-ce la meilleure solution ?
- J’ai le sentiment que oui, car nous voulions avoir un classement à la fin de la phase de groupe où toutes les rencontres auraient été jouées et tous les points distribués. Il nous a semblé juste d’attribuer les points pour les matchs qui n’ont pas pu être joués selon le principe de responsabilité. Si vous avez un match où une équipe a tout fait pour être prête et le match est annulé car l’autre équipe a des cas de covid, il parait compliqué de dire que nous n’attribuons pas de points car le match n’a pas été joué. Dans cette saison très compliquée, cela nous paraissait la meilleure solution.
- Certains clubs se sont plaints de la façon dont ont été attribués les points, comme Flensburg-Handewitt. Les comprenez-vous ?
- Le cas de Flensburg était spécial, car il y a eu des soucis de communication avec le club, et nous avons apporté quelques corrections à ce qu'ils ont pu écrire. On peut comprendre qu’un club ait du mal à entendre que son gouvernement installe des restrictions, et qu’il dise que ce n’est pas de sa responsabilité. Mais un club représente sa région, son pays et dans ce cas, le club est responsable de la non-tenue du match, si je peux m’exprimer ainsi. Les équipes qui voulaient jouer mais n’ont pas pu le faire à cause des restrictions appliquées à leurs adversaires n’auraient pas été satisfaites non plus. Nous avons le sentiment que de suivre le principe de responsabilité était la meilleure solution. Ce n’est peut-être pas la solution parfaite, mais dans une telle saison, il n’y a pas de solution parfaite.
"Il va y avoir encore plus de pression sur tout le monde dorénavant"
- La phase à élimination directe va commencer ce weekend, avec la Champions League féminine. A quels nouveaux défis l’EHF s’attend-t-elle à faire face ?
- On devrait avoir les mêmes défis que nous avons eu pendant la phase de groupes, car la situation en Europe n’a pas beaucoup changé. Les restrictions en Allemagne ou dans certaines régions en France sont les mêmes. On a un souci avec l’Allemagne, qui a mis en place de très fortes restrictions avec la Moselle, par exemple, Vipers Kristiansand ne peut pas jouer en Norvège et va devoir jouer au Danemark...
- Il y a quand même un facteur temps qui ne va pas être le même pour ces huitièmes de finale...
- C’est exact, il y a plus de pression sur tout le monde car nous ne pouvons pas nous dire que nous avons six mois pour trouver une nouvelle date pour une rencontre. On ne peut plus les repousser, la semaine après les matchs retour de Champions League féminine est une semaine internationale, et certaines sélections vont devoir jouer des tournois de qualification olympique. Donc ces rencontres doivent absolument être jouées avant le 14 mars.
- Quelles adaptations pensez-vous devoir apporter aux événements de fin de saison, comme les Finales de l’European League ou les Final4 de Champions League ?
- Cela va être compliqué, car une part importante de ces événements, comme de tous les événements organisés par l’EHF, concerne les spectateurs. Et ces événements vont certainement devoir se jouer à huis-clos et une partie des revenus va manquer, notamment la billetterie et les sponsors. Nous sommes conscients que nous allons devoir adapter l’organisation de ces événements. Néanmoins, nous voulons les jouer, ils auront lieu, mais nous devons réfléchir à quels changements nous pouvons apporter à tout ce qui va se passer autour des matchs.
- Les repousser, comme cela a été le cas avec le FINAL4 de la Champions League l’été passé, est-il une option ?
- A l’heure actuelle, non, nous comptons jouer aux dates prévues. Nous essayons de tout faire pour garder ces événements à la bonne date, et un report n’est pas une option.
- Quels enseignements l’EHF pourra-t-elle tirer de cette saison ?
- C’est une question compliquée. Les clubs ont prouvé qu’ils étaient capables de s’adapter à des protocoles d’hygiène drastiques, qu’ils étaient capables d’être flexibles. Cette saison a rapproché les clubs des uns des autres, ils ont montré qu’ils devaient parfois faire un pas l’un envers l’autre. La coopération entre les clubs a été très bonne, et si nous pouvons transposer ceci dans une saison avec de meilleures circonstances, le handball en Europe sortira par le haut de cette saison compliquée.
Propos recueillis par Kevin Domas