Proligue
Saison ouverte, les Franciliens partent favoris
La Proligue reprend ce vendredi, pour la première fois à seize équipes. La compétition s’annonce particulièrement serrée cette saison, surtout pour la lutte pour le maintien. En haut, les relégués de Starligue Tremblay et Ivry partent favoris.
Les clubs de Proligue, comme l’ensemble des clubs de handball, aspire à la normalité. La saison qui démarre est entamée avec de l’optimisme pour permettre d’éviter les nombreux matchs reportés et l’absence de spectateurs. La préparation a déjà permis de retrouver une situation plus « normale » que celle de la saison dernière à la même époque. « Entre-temps il y a eu le vaccin, ce qui est quand même une donnée importante, rappelle Joël Da Silva, l’entraîneur de Tremblay. Au sein de l’effectif ou du staff, tout le monde est vacciné, autour de l’équipe une majorité de personnes est vaccinée. Ça n’empêche pas qu’on peut l’avoir, mais ça ne fera pas de forme grave. Et par rapport à l’an dernier, sur la préparation, on a fait deux tests PCR, car on était cas contact avec une équipe qui avait eu un cas. L’an dernier, on faisait des tests PCR à tout va, tout au long de la préparation donc psychologiquement, c’était déjà plus difficile. »
L’espoir d’une saison « normale »
La réduction des tests PCR, le retour du public lors des matchs de préparation ont donné l’espoir à Joël Da Silva de retrouver des conditions d’exercice du métier de handballeur plus proches de celles auxquelles les joueurs étaient habitués. « Cet été, on l’a vécu comme une préparation normale, avec les aléas d’une prépa, la fatigue, la chaleur, les coups de moins bien, les répétitions d’efforts, mais on n’a pas vécu une prépa comme l’an dernier avec le covid, appuie le coach tremblaysien. Et on a vécu une prépa où on a retrouvé du public. Sur le dernier match qu’on a joué à Sarrebourg, il y avait du public, de la musique, et ça fait plaisir. Ça a manqué aux joueurs, ça a manqué aux adversaires, et rejouer dans une salle avec du public, ça nous fait du bien. » Alors que le championnat reprend ce soir, les craintes sont en effet beaucoup moins présentes qu’à la fin de l’été dernier, même si Da Silva note bien que le championnat n’est « à l’abri de rien ».
Les Vikings de Caen peuvent en témoigner. Le promu, qui sort d’une saison presque sans matchs (seulement trois rencontres sur les cinq journées jouées en octobre 2020), a été touché par le virus lors de sa préparation. « Bien que tous les joueurs soient vaccinés, certains ont eu des symptômes, ce qui nous a mis un coup d’arrêt de dix jours avec isolement total, explique Roch Bedos, l’entraîneur du club normand. Quand on est à la quatrième, cinquième semaine de prépa… ça nous a mis en difficulté. » Pour autant, lui aussi veut croire à une saison plus positive, surtout après l’année très particulière vécue par les clubs de N1. Car après la suspension du championnat en novembre, une reprise à l’hiver a été envisagée. « Quand on a su au mois de mars qu’on n’allait pas reprendre du tout, il y a eu une grosse démotivation, parce qu’on était aussi dans l’expectative sur si on allait accéder ou non à la Proligue, raconte Bedos. Quand on a eu les échos comme quoi les VAP accéderaient à cette nouvelle Proligue, ça a redonné un coup d’accélérateur et ça nous a permis de finir la saison et de maintenir le groupe dans un état physique correct. »
Un plateau encore une fois très dense
Maintenant, les Caennais, comme à Tremblay, veulent simplement retrouver le plaisir de jouer tous les week-ends dans des salles avec du public. « Aujourd’hui, on n’a qu’un objectif, c’est retrouver cette ferveur, retrouver un Palais des sports plein, appuie le coach calvadosien. Jouer trois matchs en un an, c’est faible, alors que c’est notre métier… » Cet objectif de retrouver la compétition permet au promu d’évacuer toute pression éventuelle à l’abord d’une saison qui s’annonce, comme tous les ans, très ouverte, « comme tous les championnats de deuxième division en sport collectif », rappelle de son côté Joël Da Silva, qui va découvrir ce niveau après plusieurs années à entraîner dans l’élite. Et tout le monde est concerné par cette densité : les deux promus de Starligue ont perdu contre les deux derniers la saison dernière (Saran face à Angers, Nancy face à Sarrebourg), comme un avertissement à ceux qui sont annoncés favoris cette année. « Ce qui fait le charme de ce championnat, c’est que tout le monde peut battre tout le monde et c’est celui qui sera le plus régulier qui s’en sortira » affirme Da Silva, qui a bâti un effectif assez large pour compenser toute blessure ou méforme dans son effectif.
Même les promus qui accèdent au niveau professionnel apparaissent comme des concurrents solides. Villeurbanne, qui retrouve ce niveau après dix ans d’absence, s’est bien renforcé cet été. Caen, qui avait déjà un effectif taillé pour la Proligue, a aussi recruté quatre joueurs qui connaissent le niveau professionnel. « La Proligue évolue, se renforce, se professionnalise. Elle ne ressemble pas à la Proligue que Caen a connu il y a deux ans, souligne Bedos. Il n’y a pas de petites équipes. On le voit sur la saison dernière, Angers et Sarrebourg n’ont jamais été ridicules, ils se sont toujours battu et ils ont progressé. La Proligue est peut-être moins techniquement « jolie », mais elle est âpre. » Bedos fait au passage remarquer au passage que son club n’est pas, lui non plus, le même qu’il y a deux ans : plus structuré avec de nouvelles installations d’entraînement et une salle qui arrive, comme à Angers, dernier de la saison passé et repêché avec Sarrebourg pour le passage à seize clubs.
Tremblay et Ivry partent favoris, Pontault-Combault en embuscade
Si tout le monde peut bien battre tout le monde, on s’accordera pour dire que sur le papier, des équipes paraissent en capacité de gagner plus souvent que d’autres. Les deux relégués de Starligue Tremblay et Ivry, avec leurs effectifs taillés pour l’élite, partent forcément favoris pour la remontée dans l’élite. Le TFHB, qui prépare l’arrivée dans sa grande salle du Colisée en 2024, s’est donné les moyens de ses ambitions avec un effectif grandement refondu avec des joueurs bien connus comme Cyril Dumoulin (photo) ou Arnaud Bingo. « On a beaucoup travaillé, parce qu’on a une équipe à 80 % renouvelée donc on a eu besoin de prendre le temps de se connaître, humainement et handballistiquement parlant » explique Joël Da Silva, très satisfait de la préparation de son équipe.
Le coach tremblaysien n’est pas du genre à se défiler quand il doit exposer les ambitions de son club. « Les objectifs de Tremblay sont très clairs. On a construit une équipe pour la remontée, donc l’objectif est de remonter. Maintenant, c’est au quotidien, et sur chaque match qu’on devra prouver notre qualité. On se doit d’être à la hauteur de l’ambition sur la construction de l’équipe et de l’ambition des dirigeants et de tout le club. » Il reconnaît en Ivry l’adversaire principal pour la remontée, « surtout avec leur recrutement ». Pour se mêler à la lutte, notamment à la course aux play-offs, Da Silva cite les derniers participants aux play-offs, « plus des petites surprises comme d’habitude. On a vu que Nice s’est bien renforcé. On verra Pontault, Massy… »
Pontault-Combault est en effet la troisième équipe qui vient à l’esprit quand on parle des concurrents pour la montée. Deuxième de la saison dernière, éliminé de justesse en demi-finale de play-offs, le club seine-et-marnais aura à nouveau un effectif solide, porté par un recrutement de bons joueurs de Proligue (Lilian Pasquet, Genèse Bouity, Uellington Ferreira, Sven Horvat), d'un jeune arrière belge (Sébastien Danesi) et de l'ancien Ivryen Walid Badi, pour jouer le haut de tableau cette saison. Pour rester dans l’ambiance francilienne, Massy, avec son nouvel entraîneur Thomas Lefebvre, devrait se mêler comme tous les ans à la course aux play-offs, tout comme Dijon, qui devra gagner en régularité pour se mêler à la bataille. Cherbourg restera également un concurrent solide. Sélestat, qui a apporté un peu d’expérience à un groupe jeune, et Nice, parti sur un nouveau projet présenté ce jeudi, font figure d’outsiders.
La course au maintien, grosse inconnue
Derrière ? « On sait qu’il y a en gros huit équipes qui vont se battre entre la huitième et la seizième place, après… » résume Roch Bedos. Difficile de voir qui pourrait descendre cette année. Billère s’est sauvé assez rapidement la saison dernière et paraît armé pour au moins éviter à nouveau le stress de fin de saison. Besançon et Valence ne sont plus les promus en difficulté de la saison 2019-2020, tandis que Strasbourg, bien qu’ayant perdu Xavier Moreau ou Lucien Auffret à l’intersaison, garde ses chances. Les deux derniers de la saison dernière, Angers et Sarrebourg, se sont renforcés cet été, surtout le SCO qui a reconstruit un nouvel effectif avec notamment Williams Manebard ou le gardien international égyptien Mohamed Ali. Quant aux promus, ils s’étaient préparés pour cette montée avec leur statut VAP, se sont renforcés, et pas sûr que l’absence de saison normale l’année dernière ait des conséquences cette année. « Nous, on ne se fixe pas de limites, affirme Roch Bedos. Chaque journée sera importante. Évidemment, quand on affrontera Tremblay ou Ivry, il y aura peu de chances, mais il y aura une chance. »
Une première journée déjà passionnante
« On va être attendu tous les week-ends, on le sait, on s’est préparé, on sait la pression qu’on aura sur les épaules, et en tout cas on a construit l’équipe pour assumer tout ça », déclare de son côté Joël Da Silva, conscient que son équipe sera l’épouvantail de ce championnat. Les Tremblaysiens débutent forts dès ce soir avec un choc contre Pontault-Combault, avant un déplacement à Massy la semaine prochaine. « Au moins, ça met tout de suite dans le bain, on n’aura pas à tergiverser, se satisfait le coach tremblaysien. Le décor sera planté, et on saura où on en est par rapport à la Proligue. »
Dans une journée également marqué par le derby alsacien entre Sélestat et Strasbourg ou l’intéressant duel entre Nice et Cherbourg, Caen commencera avec Massy, avant de jouer son derby normand contre Cherbourg la semaine prochaine. « On a un calendrier qui n’est pas simple, on prend le demi-finaliste de l’année dernière, et sur la première journée l’équipe qui est toujours a minima barragiste et de temps en temps un peu mieux. C’est un championnat complexe mais là-dessus, on n’a pas à se mettre la pression », conclut Bedos. Le plaisir de retrouver la compétition dans des salles pleines avec la menace du covid un poil moins présente prendra au moins le dessus.
Le programme de la première journée, ce vendredi à 20h30 Angers SCO - US Ivry Billère HBPP - Grand Besançon Doubs Handball Vikings de Caen - Massy Essonne HB Cavigal Nice - JS Cherbourg Sarrebourg MSHB - Dijon Métropole HB Sélestat AHB - Strasbourg Eurométropole HB Tremblay Handball - Pontault-Combault HB Valence HB - Villeurbanne HAMickaël Georgeault