Starligue
Le joker, la mode du printemps 2021
Du Paris Saint-Germain à Ivry en passant par Aix, de nombreux clubs de Lidl Starligue ont engagé des jokers depuis cet hiver. Tentative d'analyse d'un phénomène exacerbé par une saison unique.
"Ce qui est sûr, c'est qu'on aurait préféré ne pas avoir à faire appel à eux." "Eux", ce sont les jokers médicaux, que de nombreux clubs français ont engagé ces dernières semaines pour renforcer leur effectif en vue de la fin de saison. Istres en est à 3, Aix aussi, Ivry devrait rapidement atteindre ce chiffre également, alors que Paris, Tremblay et Créteil ont également signé le leur. Tous ces clubs ont en commun d'avoir vu un des leurs se blesser pour au moins deux mois, avant la date butoir de la 26ème journée, conditions sine qua non pour signer un nouveau joueur jusqu'à la fin de la saison.
Si le phénomène n'est pas nouveau en soi, c'est la première fois qu'en aussi peu de temps, autant de clubs engagent de nouveaux joueurs. Pas une coincidence, selon les dirigeants des clubs concernés. "C'est le corollaire de cette saison, où on joue deux matchs en trois jours avant de ne pas jouer pendant trois semaines. Dans notre cas, on va jouer la moitié de notre saison, quinze matchs, en six semaines, on était obligé de faire un effort pour remplacer nos blessés longue durée" explique Pascal Léandri, le directeur sportif de l'US Ivry. L'actuel pensionnaire du bas de tableau a déjà engagé deux arrières gauches (Hamza Kablouti et le Norvégien Simon Holand Pettersen) et devrait anticiper l'arrivée du Tunisien Wael Chetti, déjà sous contrat pour la saison prochaine. "Nous n'avions déjà que quatorze pros, ce qui est un peu court, et quand on voit le nombre de blessures que nous avons subi, nous n'avons pas eu le choix. Cette saison est inéquitable sur plein de plans, et la capacité ou non de pouvoir recruter des jokers rajoute encore à ce déséquilibre" note quant à lui Stéphane Cambriels, du club d'Istres. Trois nouveaux visages sont apparus en Provence depuis février, dont l'Italien Pablo Marrochi (photo de tête), déjà passé par Créteil.
Des internationaux scandinaves sur le marché
Si, d'ordinaire, trouver la perle rare, correspondant aux besoins des coachs tout en rentrant dans l'enveloppe salariale disponible, est une mission compliquée, ce printemps 2021 change la donne. L'arrêt du championnat norvégien, suite à la décision du gouvernement local, et la fin du championnat danois a mis de nombreux joueurs de qualité sur le marché. Dont l'arrière gauche d'Elverum Simen Holland Pettersen, occasion en or sur le papier dont a profité Ivry. "Finir la saison dans un autre club permet à tout le monde d'être gagnant. Je continue à jouer et je reste en forme, alors que j'espère intégrer le groupe olympique avec la Norvège. Ivry avait besoin d'un joueur, et signer ce contrat de quelques mois est une bonne opportunité pour tout le monde" explique celui qui, à 22 ans, vivra sa première expérience à l'étranger. Sans compter que son club d'Elverum, qui a également libéré le portier danois Thorsten Fries, qui a signé à Istres, réalise de substantielles économies.
D'ailleurs, financièrement, engager autant de jokers représente-t-il un effort immense pour les clubs concernés ? inuance Stéphane Cambriels, qui chiffre la rallonge budgétaire à 15.000 euros. Ce serait moins à Ivry et à Aix, d'autant que le PAUC a libéré son portier Anders Lynge Hansen, et a pu réinvestir l'argent économisé pour permettre la venue de Rok Zaponsek. Encore faut-il que les joueurs recrutés rentrent rapidement dans des systèmes tactiques qui leur sont inconnus, et qu'ils correspondent. Tous les clubs contactés se vantent d'avoir une cellule recrutement censée analyser au plus près les besoins de leur effectif, mais cela ne fait qu'atténuer les possibilités d'échec. "Le tout est d'avoir bien déterminé le rôle de ton joker. De bien expliquer aux joueurs déjà présents que oui, le club fait un effort, mais cela ne veut pas dire qu'il faudra qu'eux baissent le pied. Le joker n'arrive pas pour sauver la baraque, mais pour offrir une aide supplémentaire" décrypte Pascal Léandri. Qui a vu son renfort hivernal, Hamza Kablouti (photo), se montrer relativement discret avant d'offrir deux points à Ivry il y a dix jours face à Aix. Le concernant, l'investissement est déjà rentabilisé.
Kevin Domas