EdF (M)
Le quatuor gagnant des cages bleues
L'arrivée de Jean-Luc Kieffer dans le staff de l'équipe de France a été à l'origine d'une petite révolution sur le poste de gardien de but en équipe de France, dépourvu de spécialiste du poste pendant plusieurs années. Les gardiens apprécient et les performances s'en ressentent.
C'est bien connu. Seul on va plus vite, à plusieurs on va plus loin. Une maxime qu'on pourrait sans doute appliquer aux gardiens de l'équipe de France depuis le début de leur campagne mondiale en Egypte. Le trio composé de Vincent Gérard, Rémi Desbonnet et Charles Bolzinger, épaulé par leur entraineur spécifique Jean-Luc Kieffer, a mis en place un fonctionnement bien à eux et qui, pour l'instant, permet aux Bleus d'avancer invaincus dans la compétition. Un cocktail détonnant à base de vidéo, de conseils et de collaboration qui donnent des résultats visibles mais qui, il y a quelques années, ne semblaient pas tomber sous le sens. "On a mis les choses en place petit à petit. Les gardiens étaient demandeurs d'avoir une prise en charge spécifique, ce qui a conduit à mon arrivée dans le staff" raconte Kieffer, qui enfile le survêtement bleu à chaque rassemblement depuis l'automne 2019. "A chaque compétition, on essaye d'améliorer les choses, pour être plus performants." Les évolutions sont à la marge, "sur des petits détails, des réglages de posture ou de positionnement" précise Vincent Gérard. Mais ajouté à d'autres, ces détails font la différence.
Un point vidéo de trente minutes les jours de match
Depuis peu, les gardiens de l'équipe de France ont le droit, chaque jour de match, à leur petite réunion de trente minutes pour préparer la rencontre. Le principe est assez simple. Le staff concocte pour chacun un montage vidéo des tireurs qu'ils vont affronter le jour suivant. A charge aux portiers de faire leur analyse, chacun de leur côté, avant de tout mettre en commun lors de ce meeting, programmé généralement peu de temps avant le départ pour la salle. "On a chacun notre sensibilité, c'est toujours bien d'avoir le ressenti de quelqu'un d'autre. Rémi est très pointu sur l'analyse mais, généralement, on est tous à peu près d'accord sur ce qu'on voit" explique le numéro un bleu, Vincent Gérard, avant d'ajouter : "On se rend souvent compte après coup qu'entre les trois gardiens et Jean-Luc, il n'y a pas grand-chose qui nous échappe."
Reste ensuite à appliquer ces petits trucs le soir de match. S'il arrive que certains impacts ou certaines spéciales échappent à nos gardiens, le débriefing vidéo extensif, réalisé sur les trois derniers matchs des adversaires, ne laisse généralement pas grande place au hasard. Et la collaboration entre Vincent Gérard et Rémi Desbonnet, qui semble parfaitement fonctionner hors du terrain, se traduit également une fois le match lancé, où celui sur le banc se met au service de l'autre. "J'essaye d'être son pense-bête, son souffleur comme on dirait au théatre. Toujours réfléchir à ce qui se passe sur le terrain, c'est aussi une façon de rester dans le match et prêt à entrer à tout moment" appuie Rémi Desbonnet, à qui Gérard fait echo : "On a l'impression d'être moins seul dans la performance, d'autant que Jean-Luc n'est jamais très loin." A Katowice, l'Alsacien se mettait dans un coin de la salle, non loin de ses portiers. Toujours disponible en cas de besoin.
Une relation qui va au-delà des rassemblements
Si son rôle sur les rassemblements et les compétitions est loué par les gardiens français, Jean-Luc Kieffer, suit également ses ouailles à l'année. Sans pour autant se déplacer forcément dans toutes les salles de France et de Navarre, il reste en contact permanent avec ceux qu'il couve pendant les périodes internationales. "Je regarde toujours leurs trois, quatre derniers matchs joués avant un rassemblement. J'appelle régulièrement les entraineurs des clubs, pour avoir leur ressenti. Et on s'appelle au mois une fois par mois, notamment avec Vincent, que je connais depuis très longtemps" explique-t-il. "C'est un travail permanent."
C'est ainsi que les trois gardiens ont vu leur préparation adaptée quand ils ont rejoint la Maison du Handball le 27 décembre, pour le début de la préparation. Si aucun des trois ne joue cette saison la Champions League, une première depuis plus de dix ans en équipe de France, le travail physique n'a néanmoins pas été plus intense cet hiver que les précédents. Et, depuis le décollage en Pologne, le programme des jours off est désormais du sur mesure. "On n'est pas en train de vraiment se rentrer dedans, surtout avec match tous les deux jours. On est sur de l'ajustement, de l'entretien" explique Desbonnet. Le programme est un peu plus chargé pour Charles Bolzinger, en tribunes depuis le troisième match du tour préliminaire contre la Slovénie. Mercredi soir, il a eu le droit à une séance d'une heure en salle, histoire de garder le rythme et de se tenir prêt en cas de défaillance de ses deux acolytes. Hier soir, comme deux jours avant, Guillaume Gille n'a pas eu besoin de ses services. Mais le Montpelliérain a célébré la victoire comme ses deux ainés sur le terrain. Car quand l'équipe gagne, c'est tout le quatuor des cages qui l'emporte.
A Cracovie, Kevin Domas