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Tour de France (9/16) : Dunkerque, bien fêter l'anniversaire et voir plus grand
Dunkerque débute une deuxième saison emmené par le binôme Franck Maurice - Tarik Hayatoune. Les deux hommes ont modifié le projet de jeu de l'USDK la saison passée. Les résultats ont globalement suivi puisque les Nordistes ont fini à la 8e place de Starligue, leur meilleur classement depuis 3 saisons. Avec un effectif plutôt stable où l'on s'est attaché à compenser qualitativement les départs, Dunkerque va essayer de continuer sa progression, avec une génération qui aspire à (forcément) mieux, 10 ans après le titre de champion de France conquis par leurs glorieux aînés.
C'était il y a déjà 10 ans. L'USDK, emmenée par Vincent Gérard, Baptiste Butto, Pierre Soudry, Bastien Lamon, Mickael Grocaut, Momo Mokrani, Guillaume Joli (...), faisait tomber le PSG qatari et conquérait le titre de champion de France de la saison 2013-2014. Il reste quelques rescapés de l'un des plus grands exploits du handball français, dont certains sont encore sur le terrain dans le Nord : Benjamin Afgour et Kornel Nagy. Les deux anciens vont donc essayer d'insuffler un petit supplément d'âme à leurs coéquipiers cette saison afin de rendre honneur à la plus belle page écrite dans l'histoire du club. Mais Dunkerque regarde vers l'avenir. Comment continuer à progresser ? Le changement de style de jeu a-t-il été digéré ? Est-il possible d'aller chercher plus haut et gratter un accessit européen ?
La métamorphose
Après 11 ans marqués par la patte Cazal, l'arrivée de Franck Maurice et Tarik Hayatoune a fait souffler un vent nouveau dans la cité de Jean Bart. Traditionnellement connue pour prendre et marquer peu de buts, l'USDK version 2022-2023 s'est débridée. Statistiquement, la saison dernière apparaît presque comme une anomalie quand on la compare aux précédentes. En moyenne, Dunkerque a marqué et encaissé 5 buts de plus dans chacun de ses matchs. Finies donc les longues séquences défensives et place au jeu rapide. Un choix des nouveaux coachs ?
Tarik Hayatoune nous explique : "En regardant les chiffres, on remarque que les meilleures équipes marquent beaucoup dans chacun de leur match, 32-33 buts au strict minimum. En dessous, ça n'est pas suffisant pour prétendre aux premières places. On s'est donc dit qu'il fallait viser de marquer ce nombre de buts." Jusqu'ici, on suit la démonstration de l'ancien entraîneur de Limoges, mais l'enjeu reste quand même de savoir comment il comptait faire passer Dunkerque de 26-28 buts de moyenne à une trentaine en un été !
Hayatoune continue : "Pour beaucoup plus marquer, il faut avoir beaucoup plus de munitions et donc augmenter le nombre de possessions par match. D'une cinquantaine de possessions (et donc de chances) on a voulu passer à 60, 65 voire 70 possessions. Pour cela, il faut donc déjà monter les ballons beaucoup plus rapidement. Mais il faut également accepter de défendre sur des séquences moins longues et inciter les adversaires à tirer plus vite, dans des situations qui nous arrangent."
"Renforcer la défense"
La philosophie de jeu a donc changé dans le Nord. Pour viser plus haut, Dunkerque a amorcé une transition vers un jeu beaucoup plus ouvert et rapide. Offensivement, cela a marché puisque jamais l'on avait vu autant de buts à Dunkerque. Mais symétriquement, avec plus de 32 buts encaissés en moyenne, le jeu rapide a également ouvert les vannes de la défense dunkerquoise, traditionnellement connue pour être beaucoup plus solide. "Avec ce changement de philosophie, on a beaucoup insisté sur le jeu rapide, le fait de se projeter et d'aller vite vers l'avant, détaille Hayatoune. Et il est vrai que défensivement, on a été très et parfois trop permissif. Mais ça fait partie de la deuxième phase de notre projet. On accepte de prendre plus de buts car on veut en marquer plus. Pour autant, cette saison, on veut renforcer la défense. Il va falloir améliorer notre efficacité défensive, sans pour autant perdre de vue l'objectif de jouer vite. C'est ça qui fera la différence"
L'idée directrice est d'avoir plus de munitions offensives et donc de multiplier les phases de jeu. Finies les longues défenses éreintantes, Dunkerque (comme bien d'autres clubs d'ailleurs) est plutôt dans une optique d'inciter l'attaque adverse à tirer dans des positions qui conviennent à la défense et aux gardiens. Moins de longues luttes frontales, plus de dissuasions et d'incitations à tirer dans certaines zones et rapidement. Cette philosophie, qui se développe dans le handball moderne (et notamment avec la modification de l'engagement rapide), transforme ainsi assez radicalement les qualités attendues pour les joueurs. A ce sujet, le mercato nordiste colle parfaitement à la nouvelle tournure prise par le staff technique.
MERCATO : l'arrivée "capitale" de Faustin
Après l'hécatombe malheureuse au poste de demi-centre la saison dernière (Nyateu, Pujol, Diogo), Dunkerque a attiré une valeur sûre de Starligue pour cette saison : Jean-Loup Faustin. Le Clermontais, passé par Nîmes, Montpellier et Chambéry (rien que ça), débarque dans le Nord où il retrouve son copain de centre de formation dans l'Hérault : Samir Bellahcène. Entre temps, Faustin s'est bâti un beau CV (Ligue des Champions en 2018) et une solide réputation à Chambéry où il a confirmé les espoirs placés en lui dans l'Hérault. Au-delà de ça, son profil très complet, d'excellent défenseur, capable de monter les ballons, couplé à sa vision du jeu, font de lui la recrue parfaite pour Maurice et Hayatoune.
Tarik se réjouit : "L'arrivée de Jean-Loup est capitale car il colle parfaitement à notre projet de jeu. Avec O'Brian (Nyateu) qui revient, on va avoir une paire de demi-centres expérimentés et complémentaires. Au-delà des capacités de Jean-Loup, des deux côtés du terrain, sa présence va nous permettre de pouvoir bien utiliser O'Brian, sur qui on compte également beaucoup. Par ailleurs, on va pouvoir voir Cornelius Kragh sur son vrai poste d'arrière gauche."
Les deux autres recrues viennent remplacer poste pour poste les partants et amènent des promesses. Yoshida Shuichi, pivot japonais de 21 ans, arrive de Pologne. "Il est jeune, mais très intelligent. Il comprend bien ce qu'on attend de lui. Il est très carré, très respectueux, il est a déjà commencé à apprendre la langue, note Hayatoune. C'est un pivot atypique offensivement, et il défend bien. Pour l'instant, c'est une très bonne surprise." A l'aile droite, l'Italien Umberto Bronzo, lui aussi très jeune, présente de belles qualités. Il parle également déjà français et s'intègre bien au groupe."L'opportunité de démarrer fort"
Le début de saison de l'USDK sera corsé (Toulouse, Aix, Nîmes, Paris, Saint-Raphaël, Chambéry). Est-ce que cela inquiète le staff nordiste ? Tarik Hayatoune assume les ambitions : "Non, il faut y voir l'opportunité de démarrer fort. On vise la 6e place, pour cela on a calculé qu'il nous faudrait avoir entre 32 et 36 points, soit 10 de plus que la saison passée. Donc à un moment donné, il va falloir être plus fort. L'an dernier, nous n'avons battu aucune équipe du top 5 par exemple."
Pour être à la hauteur, Dunkerque s'est concocté une préparation exigeante et plutôt réussie jusqu'ici. Après s'être frotté notamment à Plock, Tatabanya, Aix, Holstebro, l'UDSK espère passer un cap et travaille en ce sens... L'ambition de grandir passe par là, tout comme par le projet de nouvelle salle qui pourrait aboutir. En tous les cas, sur le terrain et sur le banc, Dunkerque dispose de moyens en adéquation avec ses ambitions. A Bellahcène et sa bande de confirmer tous les espoirs placés en eux.
Tristan Paloc