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Luka Karabatic : “Le temps était venu de tourner la page avec les Bleus”

, par Gensheimer

Luka Karabatic - Crédits : Icon sport

Après avoir porté le maillot de l’équipe de France pendant près de quinze ans, Luka Karabatic a décidé de mettre un terme à sa carrière internationale, il y a quelques semaines. Dans un entretien accordé à HandNews, l'ex-capitaine de l'équipe de France revient sur les raisons qui l’ont poussé à faire ce choix, son rôle de leader au sein des Bleus, l’évolution de l’équipe nationale et ses ambitions avec le PSG.

Après 172 sélections, 182 buts, deux titres de champion du monde, deux sacres européens et une médaille d’or aux Jeux Olympiques de Tokyo, Luka Karabatic a décidé de mettre, à 36 ans, un terme à sa carrière internationale après une ultime médaille de bronze au Mondial, en janvier dernier. Dans un entretien accordé à HandNews, il revient sur son parcours qui a marqué l’histoire de l’équipe de France, depuis 2011.

HandNews : À la fin du Mondial, avais-tu déjà pris ta décision d’arrêter en équipe de France ?

Luka Karabatic : Oui, au fond de moi, je savais déjà que j’avais pris ma décision, même si je ne voulais pas me précipiter. J’ai préféré me laisser du temps après la compétition pour bien y réfléchir, en parler avec mes proches et aussi observer comment je me sentais physiquement et mentalement. J’ai profité du mois de février pour valider cette réflexion et me convaincre que c’était la meilleure décision à prendre. C’était important pour moi de ne pas avoir de regrets, et aujourd’hui, je suis en paix avec ce choix. J’ai vécu des années incroyables en équipe de France, et je voulais partir sur une bonne note. Le temps était venu de tourner la page avec les Bleus.

HN : Comment sait-on que c’est le bon moment pour tirer sa révérence en sélection ? Qu’est-ce qui a motivé ton choix maintenant et pas plus tôt ou plus tard ?

L.K : C’est une réflexion très personnelle, qui varie selon les joueurs. Certains sentent qu’ils n’ont plus la motivation nécessaire, d’autres veulent préserver leur corps, et pour certains, c’est simplement une question de timing. Dans mon cas, j’ai ressenti un alignement de plusieurs facteurs. Déjà, physiquement, les enchaînements étaient de plus en plus exigeants, et je sentais que mon corps avait besoin de souffler.

Ensuite, il y avait un renouvellement naturel dans l’équipe de France, avec de jeunes joueurs qui prenaient plus de place. J’ai senti que c’était le bon moment de laisser la place à la nouvelle génération. Je ne voulais partir sur un échec, donc j'ai continué après les J.O. Mais quand j’ai retrouvé le groupe en novembre après le départ de plusieurs cadres, ça a confirmé mon ressenti que le groupe était en changement.

"J’ai pris beaucoup de plaisir à accompagner les jeunes dans ce Mondial, et je pense que ça m’a permis de vivre cette dernière compétition avec un regard différent"

HN : Est-ce que, quand tu étais plus jeune ou au début de ta carrière, tu imaginais un tel parcours avec ce maillot bleu et remporter tous les plus gros titres ?

L.K : Non, je ne pense pas. Le parcours, quand je me retourne un peu, c'est fou. Quand Niko a gagné ses premiers titres avec l’équipe de France, moi, je n’avais même pas encore repris le hand. C’était une équipe qui faisait rêver, mais je n’étais même pas dans le circuit. Donc, c’est assez fou de se dire que, quinze ans plus tard, j’ai pu vivre tout ça avec cette équipe et partager autant d’histoires avec l’équipe de France. Pour moi, c’est un parcours incroyable.

Un rôle de grand frère en équipe de France

HN : Durant le Mondial tes coéquipiers expliquaient que tu étais le grand frère au sein des Bleus, même sans le brassard. C’était un rôle que tu tenais à assumer ?

L.K : Oui, et c’est quelque chose qui est venu naturellement avec le temps. J’ai eu la chance d’être entouré de joueurs expérimentés quand j’ai commencé en équipe de France, et à mon tour, j’ai essayé d’être un repère pour les plus jeunes. Dans un tournoi comme le Mondial, l’expérience joue un rôle clé, surtout dans les moments sous pression. J’ai essayé d’être disponible pour mes coéquipiers, de partager mon vécu, de les rassurer quand c’était nécessaire. Je n’avais pas besoin d’avoir le brassard pour assumer ce rôle.

J’ai pris beaucoup de plaisir à accompagner les jeunes dans cette aventure, et je pense que ça m’a permis de vivre cette dernière compétition avec un regard différent. Je pense que Ludo était plus à même de vraiment parler à tout le groupe. Moi, je me suis bien senti aussi dans ce rôle de grand frère et de joueur le plus capé dans cette équipe.

crédits : icon sports

HN : La retraite de ton frère, Nikola, a-t-elle influencé ta réflexion sur ton propre avenir en sélection ?

L.K : Non, franchement, c'est vraiment un processus que j'ai fait tout seul de mon côté. Après, j'échange avec lui et il est toujours de bon conseil. Mais pour la décision c'est selon ce que tu ressens, tes feelings, tes émotions, le plaisir que tu prends. Quand je l'ai vu arrêter, avec d'autres joueurs comme Valentin (Porte), un joueur avec qui j'ai démarré, avec qui j'ai tout vécu. Forcément, ça m'a amené à me poser des questions. Mais encore une fois, chacun a sa propre histoire en équipe de France, sa trajectoire. Il faut essayer de respecter au mieux ça. Et moi, j'avais l'impression que ce timing-là était le bon pour moi.

Des matchs amicaux toujours importants

HN : L’équipe de France va affronter le Danemark deux fois en match amical. Avec toutes les compétitions que vous avez à jouer, comment garder la motivation pour ces rencontres, qui ne comptent pas et qui vous fatiguent toujours plus ?

L.K : Oui, c'est sûr que c'est un vrai enjeu, surtout à ce moment de la saison où il y a énormément de fatigue et de blessures. Il faut toujours trouver le juste milieu, parce que l’équipe de France, ça reste l’équipe de France, et il y a peu de temps de travail ensemble. Ces matchs face au Danemark vont au-delà du simple résultat. C’est surtout un moment pour faire un point sur la compétition qui vient de se dérouler, identifier des axes d’amélioration et ajuster certaines choses. Il y a moins de pression que sur un tournoi officiel, donc c’est l’occasion d’aborder ces rencontres avec un état d’esprit de travail.

"L’avenir est vraiment prometteur. L’équipe de France a un effectif jeune, mais déjà très expérimenté, avec des joueurs qui évoluent dans les meilleurs clubs européens"

C’est aussi un bon moyen pour donner du temps de jeu à tout le monde, permettre à chaque joueur de s’exprimer et éviter de trop tirer sur certains cadres. La gestion des efforts est clé pour limiter les blessures, et c’est au sélectionneur, à Gino' (Guillaume Gille), de bien équilibrer tout ça. Mais je n’ai aucun doute sur le fait que le staff saura gérer cette problématique de la meilleure manière possible.

Un futur prometteur pour les Bleus

HN : Tu as souvent échangé avec Karl Konan, qui semble être ton successeur naturel. Lui as-tu donné des conseils pour prendre la relève ?

L.K : Oui, on a beaucoup échangé, mais Karl n’a pas besoin de moi pour s’imposer. C’est un joueur très talentueux, qui a déjà beaucoup progressé et qui prend de plus en plus de responsabilités. J’aime discuter handball avec lui, partager mon expérience, mais il est déjà bien installé en équipe de France. Il a un vrai leadership naturel et une grosse présence défensive, donc je suis persuadé qu’il va continuer à s’affirmer et à apporter énormément à l’équipe de France et au PSG Handball.

HN : Avec la nouvelle génération qui émerge, comment vois-tu l’avenir de l’équipe de France ?

L.K : L’avenir est vraiment prometteur. L’équipe de France a un effectif jeune, mais déjà très expérimenté, avec des joueurs qui évoluent dans les meilleurs clubs européens. Ce qui me frappe, c’est la maturité du groupe. Même les plus jeunes ont déjà vécu de grandes compétitions et savent gérer la pression des grands rendez-vous. L’état d’esprit est excellent, il y a une vraie cohésion et une volonté de toujours progresser. Les qualités individuelles sont là, et collectivement, l’équipe a encore une belle marge de progression. Je suis convaincu que les Bleus vont continuer à briller dans les années à venir.

KARABATIC Luka (Paris Saint Germain Handball)

Un nouvel élan avec le PSG

HN : Cette retraite internationale te permet-elle d’aborder la suite de ta carrière au PSG avec plus de sérénité ?

L.K : Oui, forcément. L’équipe de France représente une énorme charge mentale et physique, avec des compétitions intenses et des périodes internationales qui demandent beaucoup d’énergie. Ne plus avoir ces rendez-vous me permettra de mieux gérer mon corps et de me concentrer pleinement avec Paris. Ça ne veut pas dire que je vais lever le pied, mais je pourrai aborder les saisons différemment, avec plus de temps pour récupérer et me préparer. Je veux continuer à être performant et apporter le maximum au club.

HN : Que peut-on te souhaiter pour la suite de la saison et, plus largement, pour ton avenir après 2026 à la fin de ton contrat avec le PSG ?

L.K : Avant tout, la santé, parce que c’est ce qui conditionne tout le reste. Tant que mon corps suit, je veux continuer à prendre du plaisir sur le terrain et à me battre pour des titres avec le PSG. J’ai encore de belles années devant moi, et mon objectif est d’aider l’équipe à atteindre ses objectifs. Mon contrat court jusqu’en 2026, donc je me projette encore pleinement dans le projet du club. Le plus important pour moi, c’est de continuer à jouer au plus haut niveau en gardant cette passion qui m’anime depuis mes débuts.

Aurélien Fort

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