FFHB
Olivier Buy « Les arbitres sont de bons soldats, ils savent qu'ils seront payés un jour ou l'autre »

Entre retards de paiement, difficultés budgétaires et absence de représentation à l’Euro masculin 2026, l’arbitrage français traverse une période délicate. Pour Olivier Buy, ancien président de la Commission Nationale de l’arbitrage, la situation révèle un malaise beaucoup plus large au sein du handball français.
Une situation financière qui pose question
À ce manque de visibilité sur la scène européenne, notamment lors du prochain Euro masculin en janvier prochain pour lequel aucun binôme français n'a été sélectionné, s’ajoute un problème bien plus concret : celui des retards de paiement : « Il est vrai que, ces derniers temps, on observe des retards dans le paiement des indemnités en Starligue. Avant, c’était réglé sous quinze jours, maintenant ça peut aller jusqu’à plus d’un mois. J’ai vu que, sur les derniers stages, ils ont été payés un mois après ; ça fait quand même des frais engagés pour les arbitres », explique Olivier Buy.
L'ex-président de la CNA alerte : « Je pense qu’on est plus justes budgétairement. Ce n’est pas un problème de validation des frais, c’est une question d’avoir l’argent ».
Malgré tout, il salue le professionnalisme des officiels et des acteurs du monde l'arbitrage qui subissent ces désagréments : « Les arbitres sont de bons soldats. Ils savent qu’ils seront payés un jour ou l’autre, donc ils ne se plaignent pas. » Ces retards toucheraient principalement « les matchs de la ligue professionnelle masculine, la Starligue ». En ce qui concerne les championnats amateurs et la première division féminine, ce sont les clubs qui doivent régler les arbitres, et là aussi, les délais s’allongent. « Il n’y a pas que la FFHB qui met du temps à régler les arbitres. Certains clubs professionnels féminins, souvent les mêmes, rencontrent aussi des soucis de paiement », souligne-t-il.

Aucun arbitre français à l’Euro masculin : une absence qui interroge
L'ancien arbitre international est également revenu sur l'annonce surprise il y a 15 jours avec la non sélection d'un binôme français pour l'Euro masculin « Quand j’étais sur le championnat du monde U19M en Égypte, j’ai rencontré Per Morten Sødal, référent de l’arbitrage à l’IHF. Il m’avait dit qu’au départ, sur le Mondial féminin, ils allaient mettre le binôme Yann Carmaux et Julien Mursch, et qu’on devait retrouver les frères Gasmi sur l’Euro masculin. Et puis, quelques jours plus tard, je vois la liste et ce sont finalement Karim et Raouf Gasmi qui officient sur le Mondial féminin !".
Une décision difficile à comprendre selon lui : « J’ai du mal à m’expliquer pourquoi le binôme Gasmi–Gasmi n’est pas sur le championnat d’Europe masculin, parce que pour moi, ils font partie des vingt meilleures paires européennes, sans aucun doute. La semaine dernière encore, ils ont arbitré Barcelone–Szeged en ligue des champions; si on leur confie un tel match, c’est qu’on leur fait confiance. » Mais au-delà des cas individuels, il estime que cette absence est très préjudiciable pour la Fédération et pour l’arbitrage français. « Ne pas être représenté sur un championnat d’Europe, la plus grande compétition, c’est quand même très gênant. »
« Dire que l’arbitrage français est moins bon, c’est exagéré »
Face aux critiques croissantes sur le niveau de l’arbitrage dans les championnats nationaux, l’ancien président de la CNA nuance : « Je trouve que c’est exagéré. Je regarde souvent des rencontres un peu partout, et je n’ai pas du tout la même approche que certains spectateurs ». Cependant, il reconnaît que la France peine à briller sur la scène internationale : « On n’a pas d’arbitres actuellement qui atteignent les derniers carrés des compétitions jeunes. Même pas les quarts de finale, et ça, c’est un vrai signal. Il y a encore beaucoup de travail à faire ».
Des progrès, mais un manque de présence
Pour tenter d’y remédier, la Fédération a mis en place des accompagnements spécifiques : « L’année dernière, on a fait un effort particulier sur le secteur élite et les internationaux. Ils avaient à disposition l'ancien président de la CCA, François Garcia, et l'ancien arbitre espagnol, Ramón Gallego, deux pointures mondiales reconnues de tous. » Mais les résultats ne suivent pas encore. « J’ai l’impression qu’on fait un blocage à l’international. Je vais peut-être être trop sévère, mais mentalement, je les trouve tendres. On manque de présence, de charisme, par exemple sur le body language ».
Ilann Thuel