LBE
Brest monte au front pour la visibilité du handball féminin

L’été a laissé des traces profondes dans le handball féminin français. La disparition brutale du Nantes Handball Féminin, la rétrogradation administrative de Mérignac en Nationale 1, et un climat général de fragilité économique rappellent combien le professionnalisme dans la Ligue Butagaz Énergie repose sur un équilibre précaire. Un paradoxe persistant : alors que la France compte parmi les meilleures nations mondiales, les clubs de l’élite luttent encore pour exister médiatiquement.
Dernier épisode en date, le Brest Bretagne Handball a pris la parole ce lundi via un communiqué engagé. À trois semaines de son déplacement au Havre pour la 4e journée de LBE, le club finistérien dénonce l’interdiction qui lui est faite de retransmettre la rencontre, malgré les moyens techniques et humains déjà en place et sans surcoût pour personne. « Quel sport gagne à cacher ses joueuses ? », interroge le BBH, rappelant que cette invisibilité imposée freine le développement de toute la discipline.
« Quel sport gagne à cacher ses joueuses ? »
Le règlement de la LBE interdit en effet la diffusion, sous peine d’une amende de 5 000 euros, dans les salles qui ne disposent pas encore d’un tracé unique au sol. Une règle qui ne s’applique pas aux clubs promus comme Le Havre, disposant d’un délai de six mois pour se mettre en conformité. Résultat : le BBH se retrouve autorisé à jouer, mais pas à partager le match avec ses supporters et partenaires. Un non-sens que le club breton a décidé d’assumer en annonçant malgré tout la retransmission, tout en lançant une cagnotte solidaire pour couvrir une sanction jugée « injuste ».
Ce bras de fer symbolise un problème plus large. Dans une saison où la présidente de la Ligue, Nodjialem Myaro, reconnaissait elle-même le « manque de visibilité » comme principal frein au développement du handball féminin, voir l’un des clubs phares du championnat obligé de braver les règlements pour offrir de la visibilité à ses joueuses en dit long.
La Ligue Butagaz Énergie peine déjà à trouver sa place dans le paysage médiatique et sportif tricolore, saturé de football, de rugby ou de handball masculin. Le contraste est saisissant : médailles et trophées garnissent les vitrines de l’équipe de France, mais dans les salles hexagonales, les clubs se battent encore pour exister aux yeux du grand public. Le combat du BBH dépasse ainsi largement Brest : il pose une question centrale pour tout le handball féminin professionnel en France.
Comment prétendre grandir si l’on se prive volontairement de lumière indispensable à la mise en avant et au développement de son sport ?