LDC (M)
On connait déjà les prétendants au Final Four...

Tout comme la saison précédente, Berlin, Magdebourg, Barcelone et Aalborg dominent outrageusement leurs poules respectives. Au point de se demander s'il y a vraiment match entre les autres formations. Le changement de format prévu l'année prochaine apportera-t-il vraiment de la fraîcheur ? Pas si sûr...
Certes, lors des quarts de finale de l'édition précédente, Aalborg s'était fait outrageusement dominé par Berlin (77-65 au cumul des deux rencontres) et Magdebourg était passé tout proche de la correctionnelle face à Veszprém (54-53). N'oublions pas non plus la victoire de Szeged (30-29), insuffisante certes, mais qui a tout de même eu le mérite de faire trembler Barcelone, juste après avoir sorti le PSG un mois plus tôt (65-56). La Ligue des Champions reste une compétition où tout peut arriver. Une défense ou un arrêt peuvent faire basculer une rencontre et les exemples sont légions dans ce tournoi européen.
Quatre leaders identifiés
Cependant, existe-t-il encore un réel suspens quand aux quatre équipes qui participeront au Final Four à Cologne chaque année ? Pas certain. Pour l'heure, quatre équipes dominent de la tête et des épaules les deux poules de LDC : Barcelone, Magdebourg, Berlin et Aalborg.
Ici, seules deux équipes sont encore invaincues, à savoir les deux formations allemandes. Les Catalans et les Danois n'affichent qu'une seule défaite respectivement contre (roulement de tambour) Magdebourg (défaite 21-22) et Berlin (défaite 31-28). Mis à part ces revers, ces deux équipent semblent avoir une longueur d'avance sur leurs concurrents et il ne serait pas étonnant de les voir se battre pour le titre européen les 13 et 14 juin prochains.
Dans tous les secteurs de jeu, ces quatre formations ont montré pourquoi elles trustent les premières et deuxièmes places de leurs poules : défense de fer, jeu léché et huilé, gardiens à la hauteur des rendez-vous. A l'heure actuelle, ce sont les meilleures équipes d'Europe, capables de dominer des cadors européens comme Veszprém, qu'Aalborg et Berlin ont tous les deux battus, ou encore de rappeler l'ordre établi à d'éventuels fauteurs de troubles comme l'a fait Barcelone hier soir face au Wisla Plock (victoire 34-24), qui ne s'est incliné que deux fois cette saison, l'autre revers étant face à Magdebourg (27-26).
Pourtant, ces équipes ne "révolutionnent" pas le monde du handball. Mais elles proposent un jeu plaisant et surtout parfaitement huilé. Si Barcelone va proposer un jeu d'attaque placée léthal, avec des solutions à chaque poste, les autres équipes adoptent un jeu basé sur le duel, les courses sans ballons et la prise d'intervalles. Le tout couplé à des paires de gardiens en réussite et très souvent facteur X de certaines rencontres. Il n'y a qu'à se rappeler la prestation réalisée par Sergey Hernandez en finale de LDC face à Berlin l'an dernier (18 arrêts) pour se rappeler l'importance d'avoir un portier solide. En bref, des équipes complètes de chaque côté du terrain, qui assument leur statut de favori, malgré certains changements de dernières minutes (comme Berlin qui a changé de coach en cours de saison).

Des éventuels invités surprises ?
Toutefois, il est important de rappeler que cette compétition n'est pas ce qui se fait de mieux dans le handball de club européen pour rien. Le moindre faux pas peut vous précipiter dans le fossé et les équipes restées en embuscade sont prêtes à prendre le moindre point qui leur sera offert.
Bien que ces quatre formations dominent, d'autres équipes restent à l'affut des bons coups et montrent le fruit de leurs investissements réalisés depuis plusieurs années. Cette année, c'est notamment le cas du Wisla Plock. Avec l'arrivée de Melvyn Richardson, la formation polonaise, qui est devenue le club numéro un en Pologne, a su s'affirmer en battant Paris (35-32) ou encore Szeged (34-33), chose qu'elle n'arrivait pas encore à faire il y a quelques années. Troisièmes de leur poule, les Polonais pourraient jouer les trouble-fête et dépasser cette année les matchs de play-offs (les 1/4 de finale de 2023 ayant été leurs meilleurs résultats).
Szeged, également, s'affirme de plus en plus. Deuxième club hongrois derrière Veszprém, parfois premier, les coéquipiers de l'éternel Roland Mikler sont passés tout près l'an dernier d'aller gratter une place au Final Four. Capable d'être le caillou dans la chaussure de beaucoup d'équipes, les Hongrois se sont construits une équipe très solide, portée par les excellentes sorties de Mario Sostaric (deuxième meilleur buteur de LDC l'an dernier avec 130 buts), mais aussi par un bloc central infranchissable avec des monstres physique comme Toto, Banhidi ou Kalarash.
Dans l'autre poule, Veszprém et le Sporting CP sont les concurrents les plus crédibles, les deux équipes s'étant faites sortir en 1/4 de finale l'an dernier. Véritable carotte au bout du bâton, les Hongrois courent après leur premier sacre européen depuis plusieurs années, dépensant sans compter et attirant toujours plus de joueurs de talent (Remili, Hesham parmi les plus récents, mais aussi bientôt Jorgensen et Nielsen). Pour autant, les hommes de Xavi Pascual réalisent un début de compétition en demi-teinte. Dominateurs face à des équipes plus faibles sur le papier, comme Bucarest (27-30), les choses se compliquent face à des formations de haut de tableau comme Berlin (31-32) ou Aalborg (32-28). Veszprém affiche ainsi un bilan nul, de 3 victoires pour 3 défaites.
Côté ibérique, hormis la rouste reçue par les Nantais (28-39) et une défaite face à Aalborg (35-30), les Portugais tracent leur route dans cette compétition, toujours emmenés par un Kiko Costa en forme olympique (44 buts en 6 matchs). L'an passé, le Sporting s'était hissé jusqu'en 1/4, avant de se faire éliminer par le HBC Nantes (60-57). Après avoir dominé Veszprém (33-32) et Kolstad (30-34), il faudra voir si les Portugais tiendront la distance, eux qui sont toujours privés d'un de leur cadre à savoir Martim Costa.

Et les clubs français dans tout ça ?
On écrit, on écrit, mais toujours rien sur les deux formations françaises engagées : le PSG et le HBC Nantes.
Pour ce qui est du club de la capitale, les chances de passer au prochain tour s'amenuisent semaine après semaine. Avec déjà 4 défaites en 6 rencontres, dont la dernière en date contre une jeune formation de GOG (34-36), les temps sont durs pour les supporters parisiens. Le mal semble être profond dans les rangs franciliens. Peu aidés par les absences de cadres comme Kamil Syprazk, véritable point d'ancrage de l'attaque parisienne, les joueurs de Stefan Madsen et Henrik Mollgaard semblent perdus sur le terrain, en manque de solutions. Espérons pour le handball français que ce ne soit qu'une mauvaise passe.
Du côté du HBC Nantes, c'est un peu mieux, affichant un bilan neutre de 3 victoires pour 3 défaites. 3e l'an dernier, après un succès de prestige contre Barcelone (30-25), les Nantais peinent cependant à enchainer les bons résultats, butant contre les formations d'un calibre supérieur (défaite contre Berlin, Aalborg et Veszprém). Un palier encore difficile à passer, bien qu'ils s'en rapprochent de plus en plus, la preuve avec ce très court revers contre les Danois de Simon Dahl (défaite 27-28). Privés de quelques cadres comme Valero Rivera, la double confrontation à venir contre le Dinamo Bucarest devraient permettre aux Nantais de gratter deux précieux succès.
Pour l'heure, Nantes semble être plus armé que le PSG pour évoluer et passer au niveau supérieur dans cette compétition. Pour autant, il ne faut pas non plus enterrer tous les espoirs de qualification. Le PSG devrait, sauf énorme faux pas contre Pelister et Zagreb, se hisser au prochain tour, mais après ? Ce sera surement une surprise, bonne ou mauvaise.
Le passage à 24 équipes, révolution attendue ?
Pour rappel, l'EHF a annoncé un tout nouveau format de la compétition telle qu'on la connaissait avec notamment le passage à 24 équipes, au lieu des 16 actuelles. Cette nouvelle version verrait donc de "nouvelles" équipes venir disputer la compétition puisque les principaux pays comme la France, l'Allemagne ou le Danemark introduiraient un troisième club venu de leur ligue respective : Montpellier pour la France, Kiel/Lemgo/Flensburg pour l'Allemagne, Mors-Thy/SAH/HÖJ/Silkeborg pour le Danemark (club les mieux classés de chaque championnat à l'heure où ces lignes sont écrites).
Pour autant, et bien que le nombre de matchs de groupe s'en retrouve drastiquement réduits (passant de 14 à 6), rien ne dit que les cartes vont être redistribuées et les enjeux redéfinis. Il est encore bien trop tôt pour se projeter, mais on peut déjà estimer que plus de clubs ne peuvent qu'apporter plus de compétitions à la reine des compétitions de handball en club.
Avant de conclure, il est important de rappeler que ce n'est pas une critique, juste un constat. Oui, un quatuor de clubs trustent le haut du classement et semblent bien partis pour tout rafler sur leur route. Oui, ces derniers semblent intouchables, affichant un niveau de jeu supérieur au reste de la compétition. Et oui, tout peut arriver. Cela reste du sport au plus haut niveau et personne n'est à l'abri d'un faux pas, surtout dans cette compétition.
Théo Alleaume