EdF (M)
Les Bleus face au danger suédois
La France affronte la Suède demain en quart de finale du championnat du monde (19h). Si battre l'Islande en huitièmes n'avait pas été une mince affaire, se défaire des Suédois demain risque d'être encore plus compliqué.
En 2001, la finale du championnat du monde ressemblait à une passation de pouvoir entre des Suédois vieillissants et une France prête à prendre la domination de la planète handball pour les quinze années suivantes. Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts, les Suédois se sont fait discrets, très discrets sur la scène internationale, ne mettant la tête à la fenêtre qu'en 2012, pour perdre la finale olympique face à ces mêmes Français (21-22). Demain, cela va encore être autre chose, face à une équipe suédoise jeune, décomplexée et pétrie de qualités. "Les cadres comme Tobias Karlsson ou Mattias Andersson dans les buts sont partis mais des nouveaux joueurs, qui n'ont peur de rien et qui ont énormément de talent, arrivent. Je les ai suivis et ils m'ont impressionné, même leur défaite face aux Danois, si Landin ne fait pas un match monstrueux, ils doivent l'emporter largement" insiste Valentin Porte. Et hier, les partenaires de la fusée Jerry Tollbring n'ont effectivement pas semblé impressionnés par la grandeur du stade ni par l'enjeu. Ils ont renvoyés les Biélorusses à leurs études en l'espace de vingt minutes (41-22 au final) pour tranquillement avoir la tête au quart de finale. "Cela a sans doute été un peu plus facile que prévu" rigolait Andreas Nilsson, le pivot clone de Conan le barbare.
Moins d'appréhension quant à l'ambiance
Les Français ont du batailler dur pour se sortir du piège islandais samedi soir. Ils ont mis un quart d'heure pour se défaire du contexte, pour se mettre la tête à l'endroit et pour trouver la bonne carburation. "On ne savait pas à quoi s'attendre avant le huitième de finale. Maintenant qu'on connait la ferveur du public, on va s'en servir pour bien commencer le match et mettre la pression sur l'adversaire" espère Valentin Porte. "Il y aura moins de crispation, moins d'appréhension." Les Suédois, hier, n'ont pas balbutié leur début de match mais ils sont également pleinement conscients que demain, dans une salle comble et rugissant contre eux, ce sera sûrement une autre affaire. "Quand on va descendre les marches, cela va être fantastique, mais il va falloir tout faire pour rapidement calmer cette salle. Si on joue notre jeu et qu'on les empêche de dérouler le leur, j'espère que nous allons y arriver" disait hier le pivot toulousain Fredric Pettersson.
"Pas d'alerte" sur le poste d'arrière gauche
Pour venir à bout de l'armée jaune et bleue, certains joueurs français vont devoir entrer pleinement dans la compétition. Que ce soit Daniel Narcisse, capable de quelques fulgurances mais globalement en-dedans depuis le début de la compétition, Timothey N'Guessan, Luc Abalo ou Adrien Dipanda, ils sont quelques-uns à nous avoir laissé sur notre faim durant ces quinze derniers jours. Même Thierry Omeyer n'a que rarement atteint l'excellence à laquelle il nous a habitué, si on excepte sa première mi-temps de folie en ouverture face au Brésil. "On est un collectif, nous n'avons pas à être déçus. Timothey n'a pas été en réussite samedi soir, mais il n'y a pas d'alerte, ni d'alarme à ce niveau" dédramatise Didier Dinart, tandis que Guillaume Gille se réjouit d'avoir pu aligner Daniel Narcisse et Nikola Karabatic ensemble sur la base arrière samedi. "C'est une chance de pouvoir faire jouer ces joueurs ensemble et ce n'est pas grave de ne pas voir le poste d'arrière gauche marquer plus de buts. Quand on voit les espaces qu'ils libèrent, on se dit que la qualité des deux joueurs qui ont porté la majeure partie des responsabilités n'est plus à démontrer".
L'adversaire : La Suède
24 ans de moyenne d'âge, un seul joueur de 30 ans ou plus, un joueur arrivé au Mondial avec trois sélections dans ses bagages et seulement deux joueurs à plus de cent capes, difficile de faire passer ces Suédois pour des vieux routards du circuit international...En fait, oubliez les trois lignes précédentes, vous avez certainement vu la plupart des cadres de cette équipe sur les terrains d'Europe ces derniers temps. Entre Jesper Nielsen (PSG), Andreas Nilsson (Veszprem), Lukas Nilsson et Niclas Ekberg (Kiel) ou la paire de gardiens Andreas Palicka-Mikael Appelgren (Rhein-Neckar Löwen), la valeur de ces joueurs n'est plus à démontrer. Et ensemble, leur jeu ultra-rapide fait des ravages. Meilleure attaque, meilleur pourcentage de réussite au shoot (68%) en ayant croisé la route de Danijel Saric ou Niklas Landin, pas mal comme statistique. "Notre fond de commerce, c'est grosse défense et montées de balle rapide. Cela a marché depuis le début de la compétition et nous n'allons rien changer" disait hier soir Andreas Nilsson. Les Français sont prévenus, il va falloir courir !
A Lille, Kevin Domas