CdL - Final 4
A Dunkerque, Annotel est loin d'être seul
William Annotel vient de passer deux mois plutôt mouvementés. En raison de la blessure de Vincent Gérard, le gardien numéro un de l'USDK, l'habituel second s'est retrouvé propulsé sous les feux de la rampe, et cela sans doublure. L'absence de son homologue pour le conseiller ou le rassurer a forcément changé les habitudes du portier dunkerquois, qui fêtera ses 32 ans dimanche prochain. "C'est vrai que depuis qu'on se connait avec Vincent, on échange beaucoup et dans cette phase où il a été blessé, ça a été assez particulier. Je me retrouvais seul sur les temps-mort, sans grand monde pour m'apporter un regard extérieur" confie Annotel. "Rapidement, il s'est mis sur le banc, et je pense que cela a été bénéfique pour tout le monde. J'ai pu échanger avec lui et Vincent s'est trouvé investi d'un vrai rôle malgré sa blessure". Vincent Gérard, touché à l'épaule à Chartres pour la reprise de l'année 2015, a pour la première fois de sa carrière connu une grosse blessure, qui l'aura laissé sur la touche pendant deux mois. "On se sent inutile quand on est un sportif blessé" note l'international, alors qu'il a le feu vert des médecins pour reprendre l'entrainement et qu'il pourrait faire son retour ce weekend à Rouen. "Je me suis investi dans la préparation des matchs, mais différemment. J'ai vite ressenti le besoin d'aider, de rester connecté avec le terrain. Ces derniers mois, j'ai beaucoup joué, et William moins, mais là pendant deux mois cela a été l'inverse, et je suis heureux que cela se soit bien passé. Le fait que William fasse bien le boulot m'a apporté un peu de sérénité dans cette longue période un peu compliquée.".
Gérard : "Dans ce rôle de numéro un, il a été très performant"
Et effectivement, force est de constater que William Annotel n'est pas passé à côté de ses matchs. Impérial lors de la victoire décisive pour la qualification en huitièmes de finale de Champions League face à Schaffhausen (29-25), il a réédité ses belles prestations face au PSG par deux fois dans la même compétition. "On savait tous que William était capable de jouer à aussi haut niveau" se félicite Vincent Gérard, avant d'ajouter : "L'inconnu résidait dans sa capacité à répéter ce genre de performances dans la durée. Mais dans ce rôle de numéro un, sans filet, il a été très performant". Sans pour autant changer grand chose, selon l'intéressé qui "n'avait jamais rencontré ce type de scénario dans ma carrière. Donc cela a été une découverte, mais je n'ai rien fait de spécial au quotidien. Il a juste fallu courber le dos, accepter de se dire que de toute façon j'allais jouer tout le match, et qu'il ne fallait pas en sortir, quelle que soit sa physionomie. Parfois, on se dit qu'en cas de blessure, cela pourrait être galère, même si plein de mes coéquipiers sont très doués dans le but et auraient pu me remplacer (rires). Mais quand on est sur le terrain on n'y pense pas".
Un bon rythme depuis la reprise pour l'USDK
Malgré la blessure de Vincent Gérard, ajoutée à celles de Jalel Touati et Romain Guillard, Dunkerque a plutôt bien réussi son début d'année 2015. Si sur le plan comptable, les quatre défaites en dix matchs peuvent interpeller, le contenu en revanche est bien plus parlant. Si on excepte le passage au travers collectif en Coupe à Montpellier, le collectif de Patrick Cazal a répondu présent à chaque fois qu'il était attendu, que ce soit à Kielce, face au PSG par deux fois ou encore à Nantes en championnat, d'où il est rentré avec les deux points de la victoire. "Même si le planning était plus que difficile, l'équipe a fait bonne figure" résume Gérard, avant qu'Annotel ne revienne plus précisément sur la double confrontation face au PSG en Champions League. Deux défaites, une élimination pour trois buts au cumul des deux matchs et un mot qui ne cesse de revenir : "Frustrant". "Sur le coup, il y a de la déception parce qu'on échoue pour trois buts, en ayant produit deux gros matchs, en ayant joué pendant deux heures quasiment à huit joueurs" explique celui qui a comptabilisé 24 arrêts sur les deux matchs. "Il y a aussi de la fierté, parce qu'on laisse cette attaque deux fois à 23 buts et que je ne crois pas que grand-monde ait réussi ce genre de performance cette saison. Maintenant, c'est fini et le groupe a vite basculé sur le Final Four de la Coupe de la Ligue".
Annotel : "Dunkerque ne doit pas se cacher"
Parce qu'effectivement, l'USDK sera présent à Rouen ce weekend pour essayer d'aller chercher la deuxième coupe de la Ligue de son histoire, après celle conquise en 2013 à Toulouse, en battant Nantes en finale (photo de gauche). Après ce sacre, le trophée des champions l'été suivant et le titre de champion de la saison dernière, les Nordistes pourraient bien enchainer par un quatrième trophée en trois ans. "C'est clair qu'on y prend goût, et cette répétition des grandes échéances apporte une expérience, une maturité face à ce genre de matchs qui ne peut nous être que bénéfique" note Annotel, arrivé au club en 2011 et qui a également connu la défaite en finale de Coupe EHF en 2012 face aux Allemands de Göppingen. "Le fait que le collectif ne bouge pas beaucoup d'année en année nous aide forcément, d'autant plus que cette équipe vit bien et que sur le terrain, l'un est toujours là pour aider l'autre". Mais finalement, ce Final Four est plus ouvert qu'il ne l'a jamais été, et si Dunkerque peut apparaitre comme favori, les quatre équipes auront leur mot à dire, alléchées par le ticket qualificatif pour la coupe EHF promis au vainqueur. "L'absence des trois premiers du championnat fait que tout le monde va avoir sa chance dans ce Final Four. Dunkerque ne doit pas se cacher, car nous avons les armes pour aller chercher ce trophée. Maintenant on sait que cela va aller très vite, que si on bat Toulouse en demie, il va falloir enchainer tout de suite derrière". Mais Vincent Gérard, observateur plus qu'attentif de ses coéquipiers depuis deux mois y croit : "Il faut qu'on arrive à produire le même niveau de jeu que contre le PSG. C'est toujours plus facile d'être outsider que favori, à nous de prouver qu'on mérite ce statut en mettant autant d'investissement, de hargne et de courage que ce qu'on a su mettre ces derniers temps".
Kevin Domas