EHFCL - J2
La Pologne au menu des deux clubs français
Après leurs défaites inaugurales, les deux clubs français vont affronter des clubs polonais ce weekend en Champions League. Avec la ferme intention de se racheter et d'ouvrir leur compteur points.
"Une équipe à prendre très au sérieux". Nikola Karabatic sait de quoi il parle quand on lui demande son avis sur le Wisla Plock. Le vice-champion de Pologne est quand même la seule équipe à avoir infligé une défaite au grand FC Barcelone la saison passée (34-31), et a radicalement changé de visage depuis l'arrivée de Manolo Cadenas (à gauche) sur le banc, en 2013. Le technicien espagnol a amené le Wisla deux fois de suite en huitième de finale de Champions League, une performance accomplie une seule fois dans l'histoire du club auparavant. Et pourtant, le sélectionneur espagnol n'a pas eu la partie facile, puisqu'il a dû composer avec le départ de nombreux joueurs majeurs ces deux derniers étés. Petar Nenadic (Berlin), Marin Sego (Kielce) et Muhamed Toromanovic (Créteil) avaient quitté le club à l'été 2014, et l'exode n'a pas été moindre cet été. Mariusz Jurkiewicz a lui aussi rejoint le mastodonte Kielce, Kamil Syprzak s'en est allé pour Barcelone tandis que le moins connu mais très utile demi-centre Alexander Tioumentsev portera cette saison les couleurs du Meshokov Brest. Et pourtant, les performances sont toujours là. "Il n'y a pas de recette miracle", nous dit Manolo Cadenas, interrogé sur les performances linéaires de son équipe. "On cherche juste des joueurs qui rentrent dans notre système de jeu. Jouer dans l'atmosphère de l'Orlen Arena doit permettre aux joueurs de grandir et de progresser rapidement".
Plock, très à l'aise à domicile, beaucoup moins à l'extérieur
L'Orlen Arena, justement, est une bouillotte au sein de laquelle les adversaires ont énormément de mal à s'imposer. Le Vardar Skopje, Flensburg-Handewitt, Barcelone s'y sont inclinés la saison dernière. Et Veszprem n'a pu faire mieux que d'en ramener le match nul la semaine dernière (27-27) : "L'équipe a su remonter un écart de quatre buts en quatre minutes trente. Pour moi, réaliser cela face à une équipe comme Veszprem, c'est faire preuve d'un grand mérite" se réjouit Cadenas avant de poursuivre : "Nous avons montré que nous avions notre place en Champions League". Mais loin de ses bases, Plock a plus de mal et l'entraineur espagnol sait qu'il va falloir "s'améliorer à l'extérieur pour devenir une vraie grande équipe".
Et les Parisiens ne l'entendent pas de cette oreille, surtout après leur match réussi mercredi face à Saint Raphaël. "On a fait un gros match, mais il va falloir bien récupérer", espérait Daniel Narcisse. "Il faut qu'on soit capable de montrer ce niveau de jeu tous les trois jours". Et défensivement, il faudra être au point pour bien neutraliser le pivot portugais Tiago Rocha (photo de droite), arrivé de Porto la saison dernière, que Cadenas refuse de voir comme un nouveau Syprzak : "Physiquement, ils sont différents. Tiago va avoir un rôle important à jouer en attaque". La preuve, le Lusitanien en a passé neuf à Veszprem la semaine dernière. Il s'agira aussi de ne pas chauffer Rodrigo Corrales dans ses cages, ni de laisser Dmitry Zhitnikov, arrivé de Chekhov cet été, s'approcher trop près des cages d'Omeyer. Le Russe en a mis trois dans le money-time face aux Hongrois samedi dernier et rêve de rééditer sa performance. Si le nom ne vous dit pas grand chose, Plock est quand même à prendre au sérieux, sous peine de connaitre le sort de Dunkerque et de Montpellier il y a deux ans (trois défaites en quatre matchs cumulés pour les deux clubs).
Le gros morceau pour Montpellier
Si le PSG aura l'avantage de recevoir une équipe de Plock peu à l'aise à l'extérieur, Montpellier en revanche aura la lourde tâche d'aller défier Kielce dans son antre de la Hala Legionow. Et les hommes de Talant Dujshebaev, qui restent sur une défaite à Szeged la semaine passée (31-30), ne comptent pas enchainer une seconde défaite d'affilée : "Il n'y a pas de honte à perdre à Szeged, beaucoup de grosses équipes y ont perdu les saisons passées", relativisait hier Ivan Cupic (photo de gauche). "Ils ont mieux joué que nous, il faut désormais se focaliser sur Montpellier. A la maison, avec nos supporters, on veut lancer notre saison". Les Polonais, fait curieux, n'ont toujours pas battu une équipe étrangère cette saison. Le PSG (nul 32-32), le Motor Zaporozhye (victoire 37-35 et nul 32-32), tous en préparation sont revenus au moins avec le nul de Pologne, et rappelez-vous, Montpellier s'était même imposé 33 à 31 en huitièmes de finale retour la saison passée. "Ils nous ont battus chez nous la saison passée, cela suffit pour nous motiver", se rappelle Cupic. "C'est une équipe contre laquelle on ne peut pas perdre de ballon, sous peine de prendre un but dans la foulée. Après avoir visionné leur match contre le Vardar, on sait qu'on va devoir être patients, concentrés et surtout insister sur le repli défensif".
A Kielce, le secteur défensif est à reconstruire
Le choc des styles risque en tout cas d'être criant demain après-midi. Patrice Canayer a eu beau faire tourner son effectif mercredi face à Cesson, il va quand même falloir affronter une équipe physiquement impressionnante. Michal Jurecki, Karol Bielecki, Grzegorz Tkaczyk sont des joueurs capables d'artiller à plus de dix mètres, Ivan Cupic et Manuel Strlek sont deux mobylettes en contre-attaque, Uros Zorman un demi-centre de génie et Julen Aguinagalde un des meilleurs pivots du monde. Si il fallait chercher une faille, celle-ci serait plutôt défensive. Zeljko Musa (Magdeburg) et Piotr Grabarczyk (Hamburg), qui formaient la charnière centrale défensive la saison dernière, ont rejoint la Bundesliga et tout est à reconstruire dans le secteur, comme nous le confirme le capitaine Tkaczyk (photo de droite) : "Défensivement, tout n'est pas parfait, il y a encore des affinités à créer pour que Mateusz Kus, notre nouveau pivot, soit parfaitement raccord avec nous. Nous prenons beaucoup de buts en ce début de saison et cela nous rend la tâche plus difficile". Les Montpelliérains avec leurs petits gabarits ont donc une chance à jouer, même si Jure Dolenec se plaint toujours de sa cheville et que la fatigue du voyage, commencé jeudi, pourrait peser. Mais à l'heure d'affronter une équipe présente à Cologne en 2013 et encore en juin dernier, la motivation va venir toute seule...
Kevin Domas (avec O. Poignard)