EdF (F)
Un manque d'expérience rédhibitoire ?
La question se pose chez les filles comme chez les garçons. Mais avec seulement cinq joueuses ayant déjà participé aux Jeux Olympiques, l'équipe de France féminine va se reposer sur le passé de ces cinq joueuses cadres. Sans que cela n'apparaisse comme inquiétant.
On n'apprend rien à Olivier Krumbholz. A 57 ans, il vivra à Rio ses cinquièmes Jeux Olympiques. C'est presque autant que toute son équipe, qui compte en cumulé dix participations, réparties sur seulement cinq joueuses : Alexandra Lacrabère, Camille Ayglon-Saurina, Siraba Dembélé, Amandine Leynaud et Allison Pineau. "Ce groupe est drivé par ces cinq filles, toutes dans des domaines spécifiques" éclaire le sélectionneur. "On aura assez d'expérience. Il est important d'avoir ces têtes de pont qui puissent faire profiter le groupe de leur vécu". Et selon lui, ce n'est pas forcément un désavantage puisqu'en face, les adversaires ont les mêmes soucis, voire pire : "Il ne faut pas penser qu'aux jeux olympiques, la plupart des joueuses ont deux, trois compétitions internationales. Des pays ont moins d'expérience que nous car ils jouent moins que nous, je pense aux non-Européens, et qui s'en sortent très bien dans les grandes compétitions. Par exemple de la Corée, qui est très isolée dans son secteur, sans gros championnat, ces filles sont tout à fait capable de matcher avec les grosses nations."
La Champions League, un vécu non négligeable
Si en équipe nationale, certaines sont encore toutes fraîches, six des filles du groupe évoluaient en Champions League cette saison avec leur club et les Messines ont participé à la plus grande compétition européenne la saison passée. Pour Allison Pineau, quart de finaliste de la compétition cette saison avec les Roumaines de Baia Mare, c'est un avantage certain : "Jouer la Champions League tous les weekends m'a appris à dompter la pression, l'approche de ce genre de matchs. Quand tu joues dans des grands clubs, il y a des objectifs très importants avec une obligation de résultat et beaucoup d'investissement financier derrière. Quelque part, même si tu as le droit à l'erreur, on va vite te souffler dans les bronches si les choses ne se passent pas comme elles doivent. Ça te permet de repousser tes limites, d'avoir une autre approche au quotidien de l'entrainement et globalement d'arriver solide sur les grosses compétitions comme les JO." Une compétition européenne de plus en plus relevée qu'a découverte cette saison Estelle Nze Minko, avec Fleury les Aubrais. Pour sa première année dans le grand bain européen, la dynamique arrière ne s'est pas montrée impressionnée, même face aux plus grosses cylindrées du continent : "Le plus gros enseignement de cette saison, c'est qu'en enchainant les matchs de haut niveau avec la Champions League, tu développes une espèce de confiance où il n'y a plus vraiment de stress. En tout cas, tu le maitrises à force de faire des matchs à enjeu."
Partager l'expérience de Londres
Un vécu non négligeable pour les filles d'Olivier Krumbholz qui sait qu'il pourra s'appuyer sur sa vieille garde dans les moments chauds. Et que le processus de transmission entre générations est déjà bien entamé, comme le confirme Allison Pineau : "Nous, les anciennes, on a tiré beaucoup de leçons de Londres, et on va essayer de faire rejaillir tout ça sur notre groupe. On va transmettre aux jeunes les choses qu'on a apprises, pour bien aborder ces jeux. Je n'ai pas vraiment d'inquiétudes quant à l'entame de la compétition, plus quand on va avancer, quand l'étau commence à se resserrer, c'est là où ça devient le plus difficile." Et les autres nations ont bien compris l'intérêt d'avoir des joueuses d'expérience dans son effectif, à l'image du Monténégro, sortant Bojana Popovic de sa retraite. Nul ne sait si cela sera suffisant pour aller glaner un résultat, et Olivier Krumbholz n'a pas été rappeler Isabelle Wendling pour autant. "Ce groupe a son quota de victoires et de défaites suffisant pour se constituer sa propre expérience et pour savoir qu'il faudra gagner d'un but là où on a trop souvent perdu d'un but" finit-il.
Kevin Domas