EdF (M)
Continuer à côtoyer les étoiles
Jamais deux sans trois ? C'est tout le mal qu'on souhaite à l'équipe de France masculine, qui débute ses Jeux Olympiques cet après midi face à la Tunisie (19h50 ou 00h50, heure de Paris). Avec, en point de mire, l'entrée au Panthéon des sports collectifs.
Deux médailles d'or olympique de suite, en sport collectif, il faut déjà le faire. Mais trois, cela confine à l'exceptionnel. Les Experts peuvent, à l'issue de ces jeux olympiques de Rio, devenir la cinquième équipe à enchainer autant de titres aux anneaux, la deuxième dans le handball après le Danemark, dont les filles ont régné de 1996 à 2004. "Ca serait tellement beau que je n'ose pas y penser" confiait Nikola Karabatic, qui connaitra sa quatrième olympiade, peu avant le décollage. En tout cas, les signaux envoyés à l'Eurotournoi de Strasbourg il y a quinze jours étaient au vert. Une défense déjà bien en place, une attaque capable de dérouler par moments et des remplaçants bien en jambe, tout semble réuni pour que la France arrive encore dans le dernier carré. Mais Claude Onesta freine des quatre fers pour éviter l'emballement : "On est globalement dans les clous, mais cela ne suffit pas pour gagner. Il va falloir être capable de hausser notre niveau de jeu, cette forme de domination qu'on peut avoir par moments. Le socle est posé mais ce niveau de jeu là ne suffira pas pour gagner les JO, qui se gagnent sur un tout autre niveau, une intensité beaucoup plus importante, une capacité à monter en pression progressivement et un peu de chance."
"Un examen, pas un contrôle continu"
Comme à Londres en 2012, les Bleus débarquent à Rio sans avoir eu de résultat à l'Euro précédent. Cinquièmes en Pologne après avoir été éliminés par la Norvège en poule, les Français comptaient alors de nombreux blessés et, selon le sélectionneur, la situation n'est pas comparable : "Elle est différente en ce sens qu'à l'Euro en Serbie, on arrivait avec une équipe au complet à qui il ne pouvait pas arriver grand-chose, et c'est ce qu'il s'est passé. L'équipe de Londres devait d'abord se reconstruire". Là, pas question de reconstruction, ou plutôt si, mais dans un sens complétement différent. Neuf des quinze joueurs de la liste n'ont jamais mis les pieds dans un village olympique, mais cela n'enlève en rien les chances de l'emporter. On l'a vu en préparation, quand tout le monde se met au diapason, personne ne semble en mesure de stopper la bande à Guigou. La confiance serait-elle le pire ennemi de cette équipe ? "Cette compétition est un examen, pas un contrôle continu, et rien n'empêche qu'on se prenne les pieds dans le tapis à l'examen après avoir fait une très bonne année" disait encore Onesta la semaine passée, avant d'insister sur la préparation des adversaires : "Chacun va arriver mieux construit que quand on aborde un championnat d’Europe ou du monde. Avec un mois de travail et d’entraînement quotidien, les choses sont différentes. Mais comme toutes les équipes en sont là, il va falloir arracher ce que l’on n’est pas capable de réaliser complètement, et puis se faufiler et bien identifier, au fil de la compétition, ce qui est essentiel et ce qui l’est moins."
Arrivé placé pour les quarts
Tout l'enjeu de la phase de poules sera d'aller chercher une des deux premières places afin d'aborder le quart de finale de façon la plus sereine possible. "Les Jeux Olympiques commencent vraiment en quarts" disait Nikola Karabatic à Strasbourg, conforté dans cette idée par de nombreux coéquipiers. Mais, pour monter en régime et mettre inconsciemment la pression sur les adversaires, le scénario le meilleur serait encore de finir premier dans une poule où la France croisera la route du Danemark, du Qatar, de la Croatie, de l'Argentine et de la Tunisie. Et quand on demande si un tel plateau effraie le sélectionneur, lui répond par une boutade : "Les autres doivent aussi avoir un peu peur de nous quand même ! Cette poule est de qualité mais on sait tous que les JO se gagnent dans la deuxième compétition qui commence en quarts de finale." Avant, quand même, de relativiser l'importance du classement à la fin de la phase de groupes. Car en face, bien malin celui qui dira qui de l'Allemagne, la Slovénie, la Suède ou de la Pologne finira premier ou quatrième, sachant que le Brésil et l'Egypte semblent, à priori, un ton en dessous. Et Onesta est conscient que rien ne sera donné : "L’Allemagne, qui est championne d’Europe, si elle joue comme elle a joué à l’Eurotournoi, elle peut finir troisième ou quatrième. Mais serait-ce, pour autant, une chance de les jouer ? Je ne sais pas. Les équipes les plus reconnues et titrées sont dans notre poule, mais de l’autre côté, quand on voit que la Slovénie a été capable de sortir l’Espagne, et sur leurs résultats en préparation, on se rend compte que ce n’était pas seulement un moment de qualité. Ce qui pouvait sembler un adversaire à notre portée peut en fait en devenir un de pénible."
La Tunisie, dans une ambiance étrange
Mais avant d'en arriver là, il va falloir se coltiner un programme gratiné avec, dès les poules, Danemark, Croatie et Qatar, ainsi que les épouvantails argentins et tunisiens. Ce sont d'ailleurs ces derniers qui ouvriront le parcours tricolore, avec la ferme intention de les faire chuter, ce qu'ils n'ont jamais réussi à faire. La préparation, avec trois défaites (face à l'Allemagne et deux fois contre la Slovénie) et deux victoires face à la Grèce, ne nous a pas appris grand chose. Pire, le demi-centre Abdelhak Ben Salah a quitté la sélection, pas forcément très heureux de n'avoir été sélectionné que comme réserviste tandis que Mosbah Sanai a lui aussi mis les voiles. L'ambiance, donc, n'est pas au beau fixe chez les Tunisiens, qui ont débarqué à Rio deux jours avant les Bleus. Reste qu'Amine Bannour, Oussama Boughanmi et surtout Wael Jallouz (photo de droite) peuvent en enquiquiner plus d'un dans un bon jour. Les tricolores en profiteront-ils pour lancer leur campagne des façons ? En tout cas, l'heure de l'examen a sonné, et ce n'est pas le moment de se planter.
Le programme de l'équipe de France (heures françaises) :
- Dimanche 7 août à 00h50 : France - Tunisie - Mardi 9 août à 14h30 : Qatar - France - Jeudi 11 août à 02h50 : France - Argentine - Samedi 13 août à 16h30 : Croatie - France - Lundi 15 août à 19h40 : France - Danemark
Kevin Domas