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M. Guigou : "Ca devient complètement irresponsable"
Avec pas moins de 216 sélections à son actif, Michaël Guigou fait parti des cadres indéboulonnables de l'équipe de France à l'aube du début de l'Euro 2016 en Pologne. Souvent gêné par des pépins physiques tout au long de sa carrière, l'ailier gauche montpelliérain affiche cette saison une forme olympique avec son club depuis son opération, et aura de nouveau un rôle important au sein d'un collectif tricolore rajeuni. A la veille des deux derniers tests matchs des Bleus contre le Qatar (aujourd'hui à 17H), et le Danemark (dimanche), Michaël Guigou s'est livré sur la compétition à venir, et a également poussé son "coup de gueule" contre le calendrier, interview.
Qu'attendez-vous des deux derniers matchs amicaux de ce weekend contre le Qatar et le Danemark ?Michaël Guigou : Les derniers réglages, voire les premiers pour certains. On a vu sur le premier match pas mal de pertes de balle et des approximations inhabituelles, et il faut que l'on trouve encore nos automatismes avec les nouveaux arrivés. Il y a pas mal de jeunes joueurs, et j'espère qu'ils vont parvenir à s'intégrer de mieux en mieux.
Ce match contre le Qatar, qui est un remake de la finale du dernier Mondial, représente un vrai test pour vous ?
On va se retrouver contre deux grosses équipes ce weekend, donc ce sera forcément de bons tests pour nous. Maintenant les résultats contre le Qatar ou le Danemark ne seront en rien une finalité. Ce sera en tout cas intéressant de jouer contre ces adversaires.
Comment appréhendez-vous le premier match de la compétition contre la Macédoine (15 janvier) ?
C'est un adversaire que l'on a affronté récemment pour les qualifications. C'est une équipe qui est difficile à jouer et qui possède de bons joueurs. Lazarov peut faire la différence à lui seul si il est dans un bon jour, des gardiens qui, même si ils ne sont pas forcément très connus, peuvent être très efficaces. Ce n'est pas un premier match facile à jouer, et il va falloir sortir un match plein pour l'emporter.
Il y aura la Serbie et la Pologne, le pays hôte, ce n'est pas un groupe facile...
C'est certain, mais je préfère être dans ce groupe que celui avec l'Espagne, la Suède, la Slovénie et l'Allemagne (groupe C). Un Euro n'est jamais simple, il y a des équipes qui sont toujours plus compliquées à jouer en début de compétition comme l'Islande, la Norvège, qui nous posent des soucis très régulièrement. Serbie / Macédoine ne sont pas des matchs faciles, et la Pologne jouera à domicile donc...
"Ce n'est pas un piège par hasard"
Quels sont les objectifs de l'équipe de France pour ce premier tour ?
L'idéal serait d'arriver au match contre la Pologne avec deux victoires. On serait sûr de terminer dans les deux premiers, après la Pologne a beaucoup de bons jeunes joueurs, c'est une équipe qui est solide depuis des années et qui monte en puissance. Après on va croiser avec le groupe de l'Islande, de la Croatie et de la Norvège qui sont des équipes dangereuses donc ce ne sera pas simple.
La France vise le titre ?
On verra bien... On aborde jamais une compétition sans y penser. Maintenant on fait front à beaucoup de chantiers dans notre préparation par rapport à d'habitude. Cela dépendra de la forme des titulaires, et de l'apport du banc.
En cette année olympique, le risque n'est il pas d'avoir déjà la tête aux JO comme en 2012 ?
Ce n'est pas un piège par hasard. Le problème ne vient pas que de nous, et des compétitions qui arrivent. On peut aussi parler du Mondial 2017 qui est aussi dans les têtes de tout le monde. Pour les autres équipes, cet Euro est leur dernière chance pour se qualifier directement pour les Jeux Olympiques, et c'est pour ça que cela va être d'autant plus difficile pour nous. On a des blessés, on a eu un début de championnat chargé avec nos clubs, des joueurs qui reviennent juste de blessure... Beaucoup de raisons qui font que l'on peut penser que cet Euro va être difficile.
"Cela devient complètement irresponsable"
Le calendrier chargé fait couler beaucoup d'encre, quel est ton sentiment sur le sujet ?C'est très difficile... Ca devient complètement irresponsable de la part de l'EHF, de l'IHF, de tenter une nouvelle formule comme celle de la Ligue des Champions dans une saison aussi chargée. Les internationaux vont jouer trois compétitions majeures en un an, tu ajoutes tous les matchs de Ligue des Champions en club, c'est complètement irresponsable. Nous les joueurs on se retrouve au milieu, sans avoir notre mot à dire, mais on va finir par l'avoir. A un moment on ne peut pas tout faire, assurer tous les trois jours avec des déplacements importants. On a des objectifs élevés avec nos clubs, avec Montpellier il faut que chaque saison on accroche une place pour la Ligue des Champions, et dès qu'il y a quelques blessés c'est compliqué... On fait un sport de combat, et on a eu énormément de casse à cause de ça sur la première partie de la saison.
Ce qui est dur, ce sont les déplacements. On enchaine les gros matchs dans toutes les compétitions et il y a une forme de lassitude... Même pour les supporters la magie n'y est plus je trouve. Tu vas jouer Kielce quatre fois dans l'année, on va jouer le Vardar autant de fois quasiment. Il n'y a plus cette attente des gros matchs. Tu l'as déjà en compétition internationale avec l'équipe de France tous les ans, et c'est compliqué. A la différence du rugby, en dehors des très grosses écuries comme le PSG, les clubs ne disposent pas des effectifs pour tenir ces rythmes... Il n'ont qu'à nous mettre à disposition des avions privés pour que l'on puisse assurer tous ces déplacements...
Propos recueillis par Bertrand Delhomme