Euro 2016
Espagne - Allemagne, pour commencer et pour finir
Ils ont commencé leur Euro ensemble, ils le finiront ensemble. L'Espagne et l'Allemagne se retrouvent en finale demain pour une opposition de styles.
La réclamation norvégienne, "cette absurdité" comme la décrivait Bob Hanning, levée, les Allemands peuvent désormais se concentrer sur leur finale, leur première en championnat d'Europe depuis 2004. Ils y retrouveront une Espagne qui, si elle est loin de proposer un handball chatoyant, a eu le mérite de ne perdre qu'un seul match depuis le début de la compétition. "L'Allemagne est une équipe qui joue bien et nous avons déjà eu la chance de la battre une fois, mais demain sera complètement différent" concédait hier soir Gonzalo Perez de Vargas. Différent d'un match de poule emporté par l'Espagne 33 à 29, où les Allemands avaient fait excellente figure, prenant juste un éclat fatal en milieu de première période. Une saute d'humeur due au manque d'expérience d'un groupe où seulement sept joueurs étaient dans l'équipe quart de finaliste au mondial qatari en janvier dernier. Mais ces garçons apprennent à la vitesse grand V, comme confirmait Dagur Sigurdsson ce midi : "Je suis impressionné par la capacité de mes joueurs à garder la tête froide dans les moments importants. Ils n'ont presque jamais vécu cela en club et leur lucidité est une des clés de leur réussite". Un des exemples, celui de Kaï Häfner. L'arrière droit d'Hannover est arrivé dans le groupe mercredi, dépanne au poste de demi-centre quand il le faut, défend avancé et met le but décisif hier soir, son cinquième du match. On vous le dit, complètement au service de l'équipe. Le genre de gars qui fait dire à Carsten Lichtlein que la différence entre l'Allemagne et les autres équipes est que "nous sommes pas une équipe, mais une Equipe avec un grand E. Chacun se met minable pour le copain".
L'Espagne est là, mais a du mal
En face, l'Espagne a du mal, mais elle gagne. Gonzalo Perez de Vargas l'a avoué hier : "Nous ne sommes pas vraiment efficaces en attaque placée, surtout sur les tirs de loin. On doit être patients pour trouver des tirs à 6m". On ne peut pas lui donner tort, quand on voit qu'aucun arrière espagnol n'a marqué plus de deux buts par match et que Joan Canellas et Alex Dujshebaev trainent leur misère de match en match. Antonio Garcia ou Jorge Maqueda nous font, comme hier, parfois mentir mais l'Espagne aura traversé cet Euro en s'appuyant sur ses trois points forts : sa paire de gardiens, son pivot et son jeu rapide. Autant Victor Tomas et Valero Rivera sont ignorés sur jeu placé, autant ils sont abreuvés de ballons en montée de balle. A eux deux ils ont inscrit près de 40% des buts de leur équipe et le Nantais finira sûrement meilleur buteur du tournoi demain. "Chaque perte de balle est punie par un but, la maxime du haut niveau est portée au maximum avec eux" résume Dagur Sigurdsson. "Il faut les forcer à jouer placé et empêcher leurs gardiens de se mettre dans le rythme". Plus facile à dire qu'à faire, même si Sterbik et Perez de Vargas sont loin d'être les leaders aux pourcentages d'arrêts. Mais hier, comme avant, ils les ont fait au bon moment. Et seraient bien inspirés d'en faire encore quelques-uns demain, histoire de faire d'une pierre deux coups. En plus d'être champion d'Europe, le vainqueur de la finale sera ainsi directement qualifié pour Rio.
A Cracovie, Kevin Domas