Starligue - J8
Paris dans la douleur à Nîmes
Après sa victoire samedi dernier contre le FC Barcelone, autre grand d’Europe en Ligue des Champions, le PSG se déplaçait dans la forteresse gardoise du Parnasse. Dominés durant plus de cinquante minutes et comme rarement en championnat, les Parisiens se sont fait violence pour s’extirper du piège tendu par des Nîmois passés très proches d’un exploit retentissant (33-36).
Toujours invaincu en championnat et bien décidé à le rester cette saison, Paris démarre le match en alignant son sept majeur pour tuer tout suspense au plus vite. Et le PSG profite d’une difficile entrée en matière de l’Usam, pour rapidement prendre le dessus profitant de sa taille et de sa puissance en attaque (0-3, 4e). Avec trois arrêts dans les dix premières minutes, Rémi Desbonnet (21 arrêts à 42% de réussite) réalise une bonne entame et participe grandement à rééquilibrer la donne au score (5-6, 10e). La Green Team ne se laisse pas impressionner et tient le choc dans le combat physique imposé par les Parisiens.
Poussé par un public toujours au rendez-vous, Nîmes met de plus en plus la pression aux Parisiens suite à la disqualification du gardien Thierry Omeyer (8-8, 15e), qui heurte l’ailier gauche Julien Rebichon parti en contre-attaque. La lourde responsabilité d’assurer un intérim inattendu revient alors au jeune portier Clément Gaudin (19 ans), peu à son avantage tout au long du match (6 arrêts à 19% de réussite). Skopf étant blessé, il était le deuxième gardien choisi par Noka Serdarusic. Le manque de sérénité des joueurs parisiens se fait ressentir et les esprits s’échauffent sur le parquet à l’image des gestes d’énervements de Mikkel Hansen (10-8, 16e). Les pénaltys sur la barre transversale d’Uwe Gensheimer et de Mikkel Hansen, encore lui, expriment un certain malaise collectif des joueurs de la capitale. Les deux minutes de Rémi Desbonnet n'arrangent pas les choses. Sur une sortie un peu trop engagée, il touche Uwe Gensheimer sur son aile en extension. Les contestations de Nikola Karabatic et de l’ensemble de l’effectif parisien sont le signe d’une tension plus que palpable dans l’air irrespirable d’un Parnasse arrivé à ébullition.
Nîmes en confiance au niveau offensif organise son jeu sur la base arrière et se procure une opportunité de prendre quatre buts d’avance convertie sur l’aile par Julien Rebichon (14-10, 23e). En parallèle, Rémi Desbonnet, un des grands acteurs de la rencontre, réalise une première mi-temps hors norme dans les cages usamistes et entame sérieusement le capital confiance des joueurs de Noka Serdarusic. L’incapacité à trouver des espaces et faire des différences individuelles par rapport à une défense nîmoise resserrée explique le fait que le PSG passe à côté de son sujet dans les grandes largeurs. Tout le contraire des Gardois qui livrent un premier acte d’une rare intensité et d’une qualité supérieure à la normale. A la pause, l’impensable est devenu réalisable pour l’Usam auteure d’une performance XXL avec sept unités d’avance (19-12, MT).
L’Usam peut s’en mordre les doigts…
Sans baisser de rythme, Nîmes repart de plus belle et reprend les habitudes de la première mi-temps. La Green Team en a sous la semelle et semble alors prendre un avantage quasi-définitif et conséquent de neuf buts, encore inédit cette année contre Paris et qui n’était plus arrivé depuis la saison 2011/2012 (ndlr: défaite à Chambéry sur le score de 38-25 en mai 2012), en écœurant les attaquants à tour de rôle (21-12, 33e). La rencontre tourne à la démonstration avant que Paris n’inverse le cours de la rencontre en rattrapant son retard sur la longueur. Les coéquipiers de Nikola Karabatic, remontent à la surface et augmentent l’impact physique face à des Nîmois en surrégime (24-17, 40e). Le PSG qui semblait manquer de fraîcheur réagit par l’intermédiaire des coups de buttoir de Nedim Remili aux neuf mètres (9 buts), ce qui réduit l’écart de manière significative. Plus le temps passe et plus l’avance de l’Usam fond comme neige au soleil, malgré l’extrême réussite de Luc Tobie (9 buts) qui par ses intentions et sa vitesse confirme les espoirs placés en lui dès le début de saison.
A l’entrée du money-time, la profondeur du banc et les turns-over qui en découlent, décident de la tournure de la fin de match au profit de Parisiens beaucoup plus armés dans ce domaine. La débauche d’énergie et le manque de lucidité des joueurs Franck Maurice s’illustrent par l’exclusion de Rémi Salou en défense après trois fois deux minutes (28-27, 50e). Néanmoins, le bras de fer est engagé par les Gardois même si les dés paraissent pipés d’avance. Le début de la fin pour la Green Team qui fait l’essuie-glace à la marque avec les Parisiens. L’Usam laisse passer sa chance de continuer la course en tête (30-29, 50e). Les dernières minutes ressemblent à une longue agonie pour un effectif nîmois qui méritait mieux au vu de la rencontre et qui finit balayer par le rouleau compresseur parisien qui aura vu le spectre de la défaite longtemps planer au dessus de ses épaules (33-36, FM). Au classement, Paris reste leader invaincu et devra faire mieux ce week-end face à Veszprem, finaliste de la dernière Ligue des Champions et Nîmes passe dans la deuxième partie de tableau (8e; 8pts).
Réactions à chaud :
Clément Gaudin (Paris, gardien) : « On est satisfait du résultat avec la fatigue du match de Barcelone, même si on était à -7 à la mi temps, on s’est remis en position de gagner le match après. Sur la longueur, on a su trouver les solutions plus facilement en attaque qui nous ont fait défaut en première. L’objectif est atteint puisqu’on voulait gagner ici pour assurer notre première place en championnat, même si la manière reste à revoir. Personnellement, je ne m’attendais pas à entrer dans un match de cette manière, mais je pense m’en être bien sorti même si je sais qu’il va falloir retravailler encore pour arriver plus fort dans ce type de match. »
Thomas Tésorière (Nîmes, arrière gauche) : « On est passé vraiment très près de l’exploit. Je pense honnêtement qui si on les battait pas ce soir, on ne les battra jamais étant donnée l’expulsion d’Omeyer, leur forme du moment, le récital de Rémi (ndlr: Desbonnet) en première mi-temps, on avait tout en main et on n’a pas su tuer le match. En face, c’est une des meilleures équipes d’Europe et ils ont su revenir au fur et à mesure. On n’a un peu reproduit le même schéma que face à Dunkerque en baissant d’intensité en seconde période. Il faut se poser les bonnes questions mais ce soir on a raté quelque chose. »
Rémi Desbonnet (Nîmes, gardien) : « On a baissé de rythme en deuxième mi-temps mais malgré tout, ça se joue à un ou deux buts de différences à la fin. C’est une des grosses écuries du championnat qu’on a pu accrocher, mais ce soir il n’y a pas de point donc c’est dommage. Il y avait une intensité de fou, deux grosses défenses, donc tout pour faire un gros match. Ce qu’on retient ce soir c’est la défaite et il va falloir retourner au travail dès demain pour aller chercher la victoire à Créteil dès mercredi prochain. Dès le début de la deuxième, on refait trois ou quatre stops importants, mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi on ne prend pas les shoots. En face, ils avaient un gardien qui faisait son premier match en première division avec 1 arrêt en première et quelques uns en deuxième. On ne prend pas les tirs, on est fébriles quand il faut jouer vite alors qu’on mène à la marque. En même temps, se retrouver à +9 devant le PSG, je pense que ça n’est arrivé à personne dans le championnat à part nous. On a été au maximum de ce que l’on pouvait donner en une heure, après on manque de présence physiquement. Ils l’ont joué à l’expérience et à partir du moment où on rate derrière, le jeu et la tendance s’inverse. On sait que l’on a une belle équipe et un effectif pour faire quelque chose cette saison, il va donc falloir concrétiser tout cela. »
Benjamin Gallego (pivot, Nîmes) : « On n’a péché en seconde mi-temps et c’est ce qui nous a fait défaut. Beaucoup de regrets, même si on a montré qu’on avait du cœur et de la combativité. On s’est dit de continuer sur le même rythme à la mi-temps, de ne rien lâcher mais on ne peut pas jouer à huit joueurs, donc les turns-over nous ont peut-être fait défaut. Physiquement, c’était un rouleau-compresseur et ils nous ont épuisés à la fin. »
Les stats:
NÎMES : Rezar (2 arrêts), Desbonnet (21 arrêts ). Haon (1/1), Gallego (3/4), Rebichon (cap., 3/3), Salou (3/4), Podsiadlo (0/3), Dupuy (2/3), Brun (3/3), Marroux (2/3), Gudjonsson (7/12 dont 4/4 pen.), Tobie (9/12), Tésorière, Grandjean, Alexandre, Sretenovic.
PARIS : Omeyer (4/11 dont 0/2 pen.), Gaudin (6/31 dont 0/2 pen.). Gensheimer (9/12 dont 3/4 pen.), Mollgard (1/2), Accambray, Stepancic (3/4), Kounkoud, Barachet, Remili (9/17 dont 2/2 pen.), Abalo (6/10), L.Karabatic (2/2), Hansen (4/7 dont 0/1 pen.), Narcisse (cap.), Nielsen (0/1), N.Karabatic (2/10), M’Tima.
De Nîmes, Hugo Lauzy