Carnet
Philippe Médard n’est plus
Le premier grand gardien français des années 80 est décédé dans la nuit de vendredi à samedi à l’âge de 58 ans. Bronzé à Barcelone, il laisse le souvenir d’un portier talentueux et d’une personnalité hors norme dans le milieu du handball.
Le handball français est en deuil. Philippe Médard, l’un de ses anciens internationaux les plus talentueux et imprévisibles sur le terrain, est décédé à l’âge de 58 ans. Le nom de Philippe Médard restera à tout jamais associé à la sublime aventure des Bronzés aux Jeux Olympiques en 1992 à Barcelone. La bande de Daniel Costantini avait frappé très fort après une préparation quasi militaire pendant des semaines. La médaille de bronze glanée en Catalogne n’était que le début d’une moisson bien plus large par la suite. Pour sortir la petite balle pégueuse de son anonymat de l’époque, Philippe Médard avait joué un rôle fondamental aux côtés des Stoecklin, Richardson, Gardent et Lathoud.
Sept fois champion de France, dont quatre titres avec Gagny en 1982, 1985, 1986 et 1987, mais aussi avec la Stella St Maur (1980) et avec l’USAM Nîmes (1990 et 1991), Philippe Médard s’était construit un palmarès impressionnant en club. Le natif de Meslay-du-Maine en Mayenne avait porté le maillot des Bleus à 188 reprises. Son amour pour la petite balle pégueuse s’était révélé dès l’enfance. « A 9 ans, je sentais que j'étais fait pour occuper ce poste, confiait-il à Libération en 1995. Je n'ai jamais su dire pourquoi. C'était comme un déterminisme. Je comprends cependant ceux qui appréhendent la douleur. Il faut aussi en faire l'expérience. Mais plus on joue, moins elle est présente. »
« Mémé » incarnait à lui seul ou presque le handball à l’ancienne, indissociable de l’esprit des Bronzés qui a ensuite infusé au plus profond la génération des Barjots. Avant les entraînements à Gagny, Philippe Gardent raconte dans le livre « La grande saga du hand français » (Hugo Sport) une tradition immuable pour le portier hexagonal. « Systématiquement, c’était le petit whisky qui allait avec. On n’avait pas le choix sinon on prenait une baffe. C’était comme ça. C’était Mémé.» Les anecdotes ne manquent pas comme lorsqu'il avait été s'asseoir à côté d'un spectateur en tribune en plein match. Lui même avait un regard amusé sur son attitude sur le parquet. "Quand je me voyais à la télévision, je ne me reconnaissais pas, expliquait-il dans "La grande saga du hand français." Une sorte de fou furieux, complètement possédé et dans une attitude délirante."
Le plus beau compliment vient certainement de Laurent Munier. « On s’est toujours amusé à établir un classement du plus barjot des barjots mais une chose est évidente : Mémé est hors concours. » Ce samedi, c’est toute une génération et plus généralement tout le handball français qui pleure Philippe Médard et se souvient de ses arrêts stratosphériques aux quatre coins de la planète.
A sa famille et à ses proches, la rédaction de Handnews adresses ses plus sincères condoléances.
Olivier Poignard