EdF (M)
Les Bleus dans un autre monde
L'équipe de France affronte demain l'Islande en huitième de finale du championnat du Monde (18h). Si le niveau lui est familier, l'atmosphère l'est sans doute moins.
Compliqué d'évoquer le huitième de finale de demain sans en évoquer le contexte, unique depuis 1999 et la finale du Caire entre la Suède et la Russie devant 25 000 personnes. Demain, le stade Pierre Mauroy devrait contenir 2000 supporters de plus. Pas assez pour battre le record historique pour un match de handball, détenu par les Rhein-Neckar Löwen et Hamburg, mais en tout cas suffisamment pour battre celui pour un championnat du monde et, également, celui d'un sports en salle en France. Celui là même qui avait été battu en septembre 2015 par l'équipe de France de basket avec 26.135 personnes dans les tribunes. "C'est quelque chose d'unique. Ca va être une expérience pour les spectateurs qui va être incroyable. J'imagine que pour l'ensemble des joueurs ce sera fantastique aussi" résumait Guillaume Gille après la victoire face à la Pologne. Mais le risque, pour les Bleus, de se laisser avaler par le contexte, est bien réel. "Le plus important pour nous ce n'est pas de vivre cette expérience, cet engouement et cette ferveur qui risque de nous pousser. C'est vraiment d'être centrés sur la qualité de notre jeu, sur ce qu'on va mettre en œuvre pour écarter cette équipe d'Islande de notre route."
"Pas de règle dans ce qui nous attend"
Car, désormais, c'est dans le monde des matchs couperets que rentre l'équipe de France, celui où rien ne pardonne, où la moindre défaillance risque bien d'être sanctionnée par des équipes peut-être plus faibles, mais qui n'attendent qu'une chose : se faire le scalp de l'équipe locale. "Il n'y a pas de règle dans ce qui nous attend. Il y a bien eu un classement dans chaque poule, mais nous avons vécu suffisamment d'aventures pour savoir que cela ne veut rien dire" prévient, encore une fois, Guillaume Gille. "On l'a vu aux JO, une équipe qui a fini quatrième de sa poule peut en sortir une qui a fini première." Les Bleus ont pour eux la possibilité d'avoir pu faire tourner face à la Pologne tandis que les Islandais ont dû cravacher. Eux aussi, d'ailleurs, savent qu'ils vont vivre un moment extraordinaire demain soir. "Sportivement, je pense que nous ne pouvions pas trouver pire. Mais c'est le genre de choses que je pourrais dire que j'ai faites quand j'aurais fini ma carrière" souriait hier, mi-figue mi-raisin, le coach Geir Sveinsson. "Il faut espérer que la pression étouffe l'équipe de France et qu'il y ait une petite place pour passer". Pour souvenir, les derniers à avoir prononcé ce genre de phrases étaient les Brésiliens avant le match d'ouverture, et ils sont ressortis les fesses rougies.
Etre centré sur soi même
L'Islande, cela reste quand même du haut niveau, même si plusieurs éléments importants n'ont pas pu faire le voyage jusqu'à chez nous. Des cinq dernières confrontations, les Bleus n'en ont remporté qu'une seule, au championnat du monde en 2013, déjà en huitième de finale d'ailleurs (30-28). "C'est l'adversaire le plus difficile des trois qui nous était proposé. C’est un jeu qui est toujours assez mitigé et étriqué contre eux" se souvenait d'ailleurs Didier Dinart. Chacun y allait d'ailleurs de son petit souvenir, de Kentin Mahé à sa finale olympique de 2008 à Michaël Guigou et, justement, cette qualification ric-rac en 2013. Mais avant de se concentrer sur l'adversaire, ou sur la salle, les deux sélectionneurs ont insisté sur l'importance pour les Bleus de se centrer sur eux-mêmes et de ne surtout pas être spectateur de ce match charnière. "C’est une très grande salle donc je pense qu’on va avoir pas mal d’émotion. La priorité reste quand même ce qu’on fera sur le terrain. L’important c’est de se concentrer sur nous on verra si le spectacle sera au rendez-vous" conclut Didier Dinart, comme pour empêcher ses hommes de regarder autour du terrain. Mais, au vu de la taille de l'événement, nul doute qu'ils vont sans doute lever un petit peu la tête...
L'adversaire : l'Islande
Les Islandais reviennent du bout du monde, mais vu leurs têtes en zone mixte hier, ils auraient sans doute préféré l'emporter que d'avoir à jouer face à l'équipe de France demain. Qualifiés in-extremis à la différence de buts générale aux dépens de la Tunisie, le finaliste des Jeux Olympiques 2008 peut continuer son processus de reconstruction. Petit à petit, tous les héros de cette épopée (Snorri Gudjonsson, Robert Gunnarsson, Alexander Petersson) se retirent, pour laisser la place à la jeune garde. Enfin jeune...avec seulement six joueurs de moins de 27 ans, le terme est sans doute un peu galvaudé. Cette année, ce sont encore les anciens qui font la pluie et le beau temps, à l'image du gardien Bjorgvin Pall Gustavsson, de l'arrière droit Runar Karason et de l'inusable ailier gauche Gudjon Valur Sigurdsson. Mais Aron Palmarsson, la star nationale, n'est pas là, et son absence semble être un écueil particulièrement dur à surmonter. "Ils ont perdu leur maitre à jouer avant la compétition mais pourtant ils sont là. On reconnaît bien leur fighting-spirit. Les Scandinaves ont cette caractéristique de ne jamais rien lâcher et de trouver des ressources, quels que soient les événements. Cela en fait une équipe très dangereuse. Tactiquement, ils ont des gens très bien construits, capables de s'adapter à leur adversaire" décrypte Guillaume Gille.
A Lille, Kevin Domas