EdF (M)
Dinart et Dujshebaev, retrouvailles
La France affronte la Pologne demain soir pour un match de groupes sans enjeu (17h45). Mais sur les bancs se tiendront deux entraineurs qui s'estiment et se respectent.
C'est une amitié de quinze ans qui va prendre une tournure un peu spéciale demain soir au Hall XXL de Nantes. Entre Talant Dujshebaev et Didier Dinart, les rapports vont au delà de celui entre des ex-pensionnaires du même club. "Je le considère comme un ami" nous disait ce matin le sélectionneur de l'équipe de France à propos de son ancien entraineur à Ciudad Real, tandis que le sélectionneur polonais n'hésite pas à parler du Français comme du "meilleur défenseur de l'histoire du handball". Voilà pour les présentations entre deux hommes qui se sont côtoyés pendant neuf ans en Espagne, gagnant ensemble trois Champions League et en atteignant à trois autres reprises la finale. "Le plus gros souvenir que je garde avec lui, c'est la Champions League 2008 quand on avait perdu de deux buts face au fameux Kiel avant de gagner de six buts là bas. Un renversement de situation improbable" raconte l'ancien défenseur, mettant cette victoire sur le compte de la motivation que Dujshebaev savait inculquer à ses joueurs. Une aura qui a permis au club de Kielce, où l'ancien demi-centre espagnol exerce maintenant au quotidien, d'emporter cette Champions League en juin dernier après une finale au scénario rocambolesque.
Volcanique, mais pas que...
Talant Dujshebaev, c'est surtout plus que cette espèce de diable qui hurle pendant soixante minutes, capable de mimiques de théâtre et de passer des savons monumentaux à ses joueurs sans crier gare. "Même si on a l'impression qu'il est volcanique, il est juste. C'est quelqu'un qui va se fâcher si on ne respecte pas les consignes ou si on sort du projet. Mais il est très sentimental, il disait toujours qu'on était une famille" se souvient Dinart tandis que Luc Abalo n'hésite pas à le qualifier de "passionné. Quand on le voit sur le banc on a l'impression qu'il est toujours en train de défoncer tous ses joueurs mais il donne tellement d'amour en dehors que, quand il perd, ça lui fait mal." L'équipe de France lui doit une fière chandelle puisque outre Dinart et Abalo, Xavier Barachet est aussi passé entre ses mains expertes en Espagne. "Grâce à lui, on a gagné beaucoup de choses avec l'équipe de France. Il a tiré des joueurs comme Didier et moi vers le haut" confirme Abalo.
La Pologne pour préparer le huitième
En tout cas, au vu des résultats de la Pologne dans ce championnat du monde, Talant Dujshebaev doit passer des nuits blanches. Trois défaites sur les trois premiers matchs avant une victoire sur la plus petite des marges face au Japon (27-26), difficile de croire que cette équipe renouvelée va pouvoir poser de gros problèmes aux Bleus. "Il y a encore des détails à régler, des associations à travailler et ce dernier match face à la Pologne va nous servir à travailler en vue du huitième de finale" disait Didier Dinart ce matin. "Nous avons atteint le premier objectif, maintenant nous arrivons en face de la montagne des huitièmes de finale" renchérissait quant à lui Guillaume Gille. Une montagne qui portera le nom de la Tunisie, de l'Islande ou de la Macédoine, avec un Macédoine-Islande décisif demain pour attribuer la quatrième place qui désignera l'adversaire des Bleus à Lille samedi.
L'adversaire : La Pologne
Le contrat avait été scellé peu avant les fêtes. Ce championnat du monde en France devait servir de premier terrain de préparation pour la Pologne, troisième aux Jeux Olympiques de Rio, pour préparer les prochains jeux de 2020. Pas de Slawomir Szmal, ni de Karol Bielecki, ni de Krzysztof Lijewski donc. Sauf que, petit à petit, les forfaits sont venus s'accumuler (Syprzak, Jurkiewicz, Jurecki) et que l'équipe présente en France n'a absolument rien à voir avec celle prévue. Seuls quatre joueurs étaient de la partie aux derniers championnats d'Europe il y a un an. "Nous sommes venus ici pour apprendre, nous avons une équipe très jeune qui doit emmagasiner de l'expérience" ne cesse de répéter Dujshebaev. Si jeune qu'Adam Morwaski, le deuxième gardien en France, n'évolue qu'avec l'équipe B du Wisla Plock...Avec les seuls Michal Daszek (à gauche) et Adam Wisniewski titulaires dans des clubs de premier plan, le chemin est encore long pour les Polonais jusqu'à Tokyo...
A Nantes, Kevin Domas