EdF (M)
L'équipe de France, la "bouffée d'air" de Yanis Lenne
Le jeune ailier droit Yanis Lenne, 19 ans, devrait faire sa deuxième apparition sous le maillot de l'équipe de France demain soir à l'Axone de Montbéliard, face à la Belgique. Sept mois après sa première convocation avec les Bleus.
C'est, en quelque sorte, une manière de boucler la boucle. Il n'y a que 120 kilomètres entre Montbéliard, où jouera l'équipe de France demain, et Sélestat, et nul doute que toute la famille de Yanis Lenne viendra le voir évoluer une dernière fois avant qu'il ne rejoigne d'autres contrées la saison prochaine. La trajectoire folle du gaucher alsacien va encore prendre une autre direction, qui devrait l'emmener vers la Catalogne, après avoir fait toute sa carrière en Alsace. L'équipe de France, le championnat du monde, Barcelone, quand on pense qu'il y a tout juste un an, Lenne faisait des pieds et des mains pour faire monter Sélestat, son club de toujours, en Starligue, on se dit que tout est arrivé à la vitesse de l'éclair. "J'ai du mal à prendre du recul et à réaliser. C'est quelque chose d'énorme, quand on y pense. Dans un coin de ma tête, je me disais que, peut-être, tout cela m'arriverait, mais pas aussi vite, et je ne me mettais pas plus de pression que ça" confie le gamin de 19 ans.
"L'équipe de France m'a reboosté"
Le voir arriver dans le groupe tricolore en novembre, pour le début des qualifications pour le championnat d'Europe, n'était qu'une demi-surprise. On savait Didier Dinart fan de son profil, un ailier rapide, sobre à la finition mais aussi bon défenseur, besogneux et dur au mal. Des dires de ses coéquipiers, Yanis Lenne et Dika Mem, son collègue chez les juniors, ont immédiatement pris le pli, arrivés sans faire de bruit pour apprendre et emmagasiner. Mais pour le joueur de Sélestat, énormément utilisé sur le poste d'arrière droit dans son club, les stages en équipe de France ont rapidement pris une autre importance. "J'ai pu montrer ce dont j'étais capable, mais ça m'a reboosté aussi car il y a eu des moments difficiles en club. L'équipe de France a été un bol d'air dans cette saison, sans elle, la fin à Sélestat aurait été d'autant plus compliquée pour moi. Cela m'a permis de reprendre du plaisir sur le terrain" raconte-t-il, tout en ne cachant pas le fait que, sans visibilité sous le maillot tricolore, un départ vers la Catalogne ne se serait peut-être jamais fait. Dans les rassemblements nationaux, et encore plus en ayant côtoyé le groupe pendant un mois pendant le Mondial, il a pu profiter de l'expérience de ses coéquipiers, ce qui l'a décidé à lever les voiles. "Sur le plan sportif, avec tout le respect que j'ai pour Sélestat, c'est un autre monde. La notion du détail, le travail, la rigueur...j'en avais conscience mais je n'y avais jamais été confronté. Mais arrive un moment où, pour progresser encore plus, il faut faire face à tout ça. Ca m'a donné envie de connaitre ça au quotidien. Mais c'est surprenant, car le niveau est tellement au dessus que le handball en devient plus facile. A Sélestat, j'avais l'impression que le handball était très très compliqué et pour le coup le niveau de l'équipe était beaucoup moins élevé. Jouer à ce niveau donne envie de faire de ce handball là ton métier et c'est ce dont j'ai envie pour la suite de ma carrière."
Toujours le dix-septième homme
Pour l'instant, Yanis Lenne est encore loin du but, et il le sait pertinemment. Il est encore réduit au rôle du petit jeu, au dix-septième homme du mondial, une étiquette qui lui colle à la peau et dont il ne semble pas encore près de se défaire. "C'est vrai, mais je ne peux pas m'en plaindre. Beaucoup seraient déjà contents à ma place. Mais je ne m'en contente pas. J'attends les moments de jeu qui me sont accordés pour prouver et confirmer que je peux avoir un rôle dans ce groupe et je vais le faire jusqu'à ce que j'ai ma place" conclue-t-il. En l'absence de Luc Abalo et Valentin Porte, le match contre la Belgique de ce samedi sera une de ces occasions pour continuer à prouver qu'il a le niveau international. Avant de retrouver les juniors, dès mercredi prochain, pour la préparation du Mondial qui aura lieu en Algérie en juillet. Avant, peut-être, de pouvoir espérer plus...
Kevin Domas