France
Louis Nicollin, ses années handball
Décédé jeudi à 74 ans des suites d’un malaise cardiaque, Louis Nicollin n’était pas seulement le président du club de football de Montpellier. Il avait aussi beaucoup donné pour le handball, avec plus ou moins de réussite.
Passionné de sport et amoureux inconditionnel de sa ville de Montpellier, Louis Nicollin restera dans les mémoires aussi bien pour ses coups de gueule, son langage souvent fleuri mais aussi pour son investissement de tous les instants dans le sport. Si le football a occupé une grande partie de sa vie, le handball a aussi eu une place non négligeable pour « Loulou ». Section du Montpellier Paillade Sport Club en 1988, le MHB a toujours eu un lien particulier pour l’une des dernières grandes gueules du sport hexagonal. Ce dernier finançait le MHB lorsqu’il évoluait en Nationale 3. Il a continué à investir dans le club jusqu’à son accession en Division 2. Le logo du groupe Nicollin avait fait son retour sur le short de l’équipe de Patrice Canayer en 2011. « Louis Nicollin a énormément contribué au développement de notre club », se remémorait l’ancien président Robert Molines en 2011.
Un lien étroit avec le MHB
Lorsque le MHB a dû affronter la tempête financière post affaire des paris, Louis Nicollin n’avait pas hésité à mettre la main au portefeuille pour aider le club du président Levy. Il avait ainsi investi 200.000€ et était devenu le sponsor maillot du club au titre de son entreprise d’enlèvement et de traitement des déchets urbains. Quelques mois plus tard, dans les colonnes du Midi Libre, Loulou avait réalisé une sortie médiatique dont lui seul avait le secret, fustigeant le comportement du club héraultais. « Je pense qu’on les a un peu sortis de la merde, affirmait-il en juin 2013. Pourtant, depuis, pas un mot. Ils ne m’ont même pas amené un maillot de l’équipe avec le “N” inscrit dessus pour mon musée. Franchement, ils ne sont pas professionnels. Mais bon, on a fini, ou on va finir, de payer les 200 000 € et basta. Plus jamais ils n’auront un centime de moi. » Les relations s’étaient finalement apaisées. Le caractère volcanique et entier de Louis Nicollin avait une nouvelle fois fait des siennes.
Avec le Paris Handball, « je t’aime, moi non plus »
Outre son implication à Montpellier, c’est à Paris que le président du groupe éponyme s’était le plus impliqué dans le jeu à sept. Il avait en effet racheté le Paris Handball en 2002, deux années après s’être offert le Paris Basket Racing. En investissant ainsi dans la capitale, il souhaitait allier sa passion du sport à son désir de gagner des marchés de ramassage des poubelles dans plusieurs arrondissements parisiens, via le groupe Nicollin. Le club remportera la Coupe de France en 2006 et participera à la Ligue des Champions en 2005, mais Paris s’était ensuite enfoncé au classement jusqu’à être relégué en Division 2 en 2009. « C’est scandaleux de finir avant dernier, avait-il affirmé alors. On n’a que ce qu’on mérite. Si on peut se séparer de ce club, j’en serais fort aise. On ne mettra plus un sou. »
Louis Nicollin décide alors de vendre le club en 2010. « Je n'aurais jamais dû aller au basket et au hand, si je pouvais changer une chose, ce serait ça» affirmait-il alors. Il faut dire qu’il avait plusieurs fois menacé de vendre le Paris Handball, en vain. Ce fut notamment le cas en 2004, soit deux ans à peine après le rachat du club. « Je vais vendre mais je ne sais pas à qui car personne ne veut de ce sport » avait-il tonné dans les colonnes du Parisien. Une sorte de « je t’aime, moi non plus » qu’il avait longtemps entretenu avec le handball.
« Un homme à part » pour Accambray
Les réactions du handball français à l’annonce de son décès jeudi soir ont toutes salué sa passion. « Une grande tristesse mais un honneur d’avoir rencontré cet homme au grand cœur » a réagi Valentin Porte sur Twitter. « Un homme à part dans le sport français, un des seuls qui cassait les codes et n'avait pas peur de dire ce qu'il pensait » a pour sa part twitté William Accambray. « Aimé ou décrié il ne laissait personne indifférent. Un sacré personnage, un vrai passionné du sport. Au revoir président ! » a pour sa part écrit Arnaud Siffert qui l’avait connu au Paris Handball. Remy Levy, le président du MHB, a quant à lui fait part de « sa profonde tristesse ». Avec le décès de Louis Nicollin, c’est la fin d’une époque et une grande page qui se tourne pour le sport héraultais, orphelin de sa figure la plus emblématique.
Olivier Poignard