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Luis Miguel Lopez : "Le PSG me rappelle Ciudad Real"
Même s'il se fait discret ces derniers temps, Luis Miguel Lopez n'en garde pas moins un oeil aguerri sur l'actualité du handball. Et handnews ne pouvait pas se faire l'économie de l'analyse pointue de l'ancien directeur sportif de Ciudad Real et commentateur de la télévision espagnole, alors que va commencer dans quelques heures le VELUX EHF Champions League Final Four.
Luis Miguel, ce Final 4 version 2016-2017 a un parfum d’inédit !
Oui ! Selon moi, ce Final 4 de la Ligue des Champions sans équipes allemandes se présente plus équilibré que jamais. Toutes les équipes jouent sur terrain neutre. C’est donc l’expérience d’un tel évènement, avec ses caractéristiques propres, qui sera primordiale.
Peut-on dégager un favori ?
Pour cette raison, le costume de favori numéro un peut être endossé par le Barça, la seule équipe présente qui a déjà inscrite son nom au palmarès de l’épreuve. Ce n’est pas jamais facile de jouer un Final 4. Tout ce qui entoure l’évènement influe sur l’efficacité des joueurs. Les débutants ont toujours payé leur inexpérience. Barcelone a les qualités pour s’extirper de sa demi-finale face à un grand Vardar. Le club blaugrana m’a surpris par le rendement de son collectif. L’adaptation des jeunes joueurs arrivés à l’intersaison aussi bien au jeu mais surtout aux exigences du club a été rapide et excellente. Cette équipe conserve son ADN particulier : une puissante défense en 6-0, des contre-attaques et une efficacité de sa base arrière. « Pasqui » possède une expérience déterminante dans ce genre de matches.
Derrière, une hiérarchie se dégage-t-elle sur le papier ?
Pas de façon flagrante, non. Cette année, on aura à Cologne trois équipes très similaires dans leur approche tactique. Le PSG, Veszprem et Barcelone ont un style qui se ressemble. Ces trois formations proposent un 6-0 cohérent, avec des contre-attaques rapides. Leur attaque bénéficie d’une puissance de tir déterminante.
"Le Vardar est l'équipe qui m'a le plus séduite cette saison"
Comment peut-on définir le style du Vardar Skope ?
Le Vardar est une équipe très différente. L’équipe de Raul Gonzalez offre une richesse tactique extraordinaire, avec différentes options défensives et beaucoup de qualité sur les phases offensives. Leur attaque propose un jeu créatif et c’est de là que vient son grand danger. C’est l’équipe qui m’a le plus séduit cette saison. En défense, ils peuvent utiliser soit la 6-0, soit la 5-1, tout en gardant le même niveau. Joan Cañellas et Alex Dujshebaev donnent à l’équipe de la créativité et de la magie en attaque. La relation avec le pivot est également un facteur clé de succès. L’évolution de Luka Cindric m’a surpris. Attention néanmoins car c’est une équipe qui pourrait payer le fait d’être « débutante » à Cologne.
La différence peut-elle se faire sur les gardiens ?
Oui, car on sait que les gardiens jouent un rôle très important dans une telle compétition. Que ce soit Omeyer, Mikler, Perez de Vargas ou encore Sterbik, ils arrivent à un grand niveau. Leur performance peut changer le cours d’un match. Peut-être que Veszprem, avec Mikler et Alilovic, possède la meilleure paire de gardiens du Final 4.
Ce Final 4 est aussi inédit par le nombre d’entraîneurs espagnols représentés...
Oui, et je me félicite que trois des quatre équipes présentes soient dirigées par des entraîneurs espagnols. C’est une illustration de la qualité de nos techniciens. Chacun avec des concepts différents, ils représentent l’essence même du handball ibérique.
"Le PSG est l'équipe qui a la plus forte obligation de résultat"
Quelles sont les forces du PSG à l’heure de disputer le deuxième Final 4 de son histoire ?
L’expérience de la saison passée à Cologne leur servira à coup sûr. Paris a pour qualité majeure un grand système défensif et la présence de Nikola Karabatic dans ses rangs. C’est une équipe spectaculaire, avec plein de stars. Cela me rappelle Ciudad Real qui avait marqué son époque. J’ai beaucoup aimé la saison du PSG. C’est probablement l’une des plus régulières du club ces dernières saisons. Les Parisiens arrivent en forme.
Quelles sont les faiblesses de Paris dans un tel évènement ?
La pression de gagner peut jouer un mauvais tour au PSG. Des quatre équipes présentes, c’est celle qui a la plus forte obligation de résultat. Evidemment, son collectif est habitué à devoir prouver à chaque match qu’il est fidèle à son statut. La gestion de l’équipe depuis le banc de touche sera clé. C’est sur ce point que j’ai le plus de doutes. Malgré Karabatic et Hansen, il faut souvent avoir recours à Narcisse pour distribuer le jeu en attaque.
Est-ce l’année de Veszprem ?
Les Hongrois arrivent à Cologne avec un extraordinaire Lekai. Sa fin de saison pour organiser le jeu de son équipe est spectaculaire. La force de Veszprem est sa 6-0 en défense et son jeu de transition rapide. Elle reste cependant trop dépendante de Laszlo Nagy, son étendard. Je crois que c’est une équipe qui est proche de terminer un cycle avant l’arrivée de Vranjes sur le banc. Après deux finales perdues de suite, elle aura face à elle un rival compliqué en demi-finale avec le PSG.
Chaque équipe arrive donc dans une dynamique bien déterminée ?
Oui, et pour résumer, je dirais que le PSG est obligé de gagner, que Veszprem va clôturer un cycle, que le Barça a pour lui l’histoire et l’expérience, et que le Vardar se différenciera par la créativité de son jeu.
Propos recueillis par Olivier Poignard