Les salaires jouent la stabilité

Contrairement aux budgets moyens des clubs de Starligue, les salaires moyens des joueurs professionnels dans l’Hexagone font preuve de stabilité cette saison. Derrière cette tendance se cache cependant des dynamiques et des réalités économiques bien différentes selon les clubs.

C’est désormais un classique avant chaque saison. La Ligue Nationale de Handball (LNH) révèle les salaires moyen et médian de la première et deuxième division, permettant ainsi de mieux appréhender la dynamique économique dans laquelle se trouve la petite balle pégueuse dans l’Hexagone. Une chose est sûre : depuis la saison 2014-2015, l’augmentation des salaires des joueurs se ralentit même si elle reste positive. Les revenus des joueurs professionnels de D1 tendent donc dans leur globalité à se stabiliser.

Une hausse maîtrisée en Starligue

En Starligue, le salaire fixe brut mensuel s’élèvera cette saison à 6.893€, en progression de 0,4% seulement par rapport à la saison passée. La hausse reste donc symbolique à l’heure où plus de 2 millions d’euros de droits TV ont été répartis entre les différents clubs de D1 la saison passée. Alors que le développement économique du handball hexagonal se poursuit, avec notamment un budget moyen en Starligue en hausse de 3% cette saison (nous y reviendrons dans un prochain article), les joueurs ne sont pas les premiers bénéficiaires de ces capitaux supplémentaires qui contribuent à développer la D1.

Le salaire moyen en Starligue a évolué de 2,5% depuis 2014, de 8,6% depuis 2013 et de 15,8% depuis 2012. Si la progression est forte ces dernières saisons, un palier semble désormais être atteint, preuve d’un sport qui a su se structurer et grandir. Ce palier sera-t-il durable ces prochaines saisons ? Difficile de le prévoir tant le budget moyen reste fortement impacté par l’arrivée potentielle de stars aux salaires plus conséquents. Le salaire brut annuel de Nikola Karabatic au PSG est en effet évalué à 1,1 million d’euros, tandis que ses coéquipiers Thierry Omeyer, Luc Abalo et Daniel Narcisse émargeraient à 600.000€ brut par an. Quant à Kiril Lazarov, la recrue star de l’été à Nantes, son salaire avait été évalué à 15.000€ brut par mois par le quotidien L’Equipe.

Le salaire médian, plus représentatif, s’élèvera quant à lui à 5.188€ cette saison. C’est 4,9% inférieur à celui communiqué il y a deux saisons (5.453€) mais supérieur de 7,7% par rapport à la saison 2014-2015. L’arrivée de nouveaux partenaires dans l’Elite du handball français, conjuguée à une hausse des droits télé, a donc aussi bénéficié aux joueurs depuis trois ans. Ces derniers n’en sont cependant pas les principaux bénéficiaires puisque le budget moyen des clubs a augmenté de 46% en moyenne sur la même période.

Les arrières sont les mieux payés

Selon les postes, les disparités de salaires sont assez marquées. Ainsi, ce sont les arrières qui ont le salaire brut moyen le plus élevé (8.254€), devant les gardiens (7.641€), les pivots (5.440€) et les ailiers (5.055€). Les ailiers touchent donc en moyenne 40% de moins que les arrières. L’analyse du salaire médian par poste apporte une hiérarchie nouvelle. Ce sont les portiers qui sont alors les mieux payés (6.662€), devant les arrières (6.185€), les ailiers (4.086€) et les pivots qui ferment la marche (3.958€). Ces montants ne tiennent compte que des salaires bruts fixes, et non des primes ni des avantages en nature perçus par les joueurs.

La Proligue encore loin derrière

Passer de Proligue à la Starligue constitue une vraie progression salariale. Le salaire moyen de D2 est en effet de 2.993€, soit 57% de moins que celui de Starligue, tandis que le salaire médian culmine à 2.579€, soit la moitié de celui de D1. Malgré son arrivée au sein du giron de la LNH depuis la saison passée, le salaire moyen de Proligue n’a pas pour autant flambé (+2,9% vs la saison passée). Il fait cependant mieux que l’évolution très contenue du budget moyen de D2 sur la même période (+1%).

Les disparités de salaires restent également conséquentes par poste, avec des gardiens qui gagnent en moyenne (3.116€) 40% de plus que les ailiers de Proligue (2.238€). Ces derniers touchent donc moins que la moyenne des français puisque le salaire moyen brut dans le secteur privé est de 2.957€ par mois selon des chiffres de l’INSEE publiés en début d’année. La Proligue a encore du chemin à parcourir pour jouer dans la cour des grands.

Olivier Poignard