Mondial 2017 (F) - 1/2
Ces Bleues sont fantastiques !
L’équipe de France a décroché son ticket pour la finale du championnat du monde après sa victoire face à la Suède (24-22). Au terme d’un final haletant, où Allison Pineau et Amandine Leynaud ont fait la différence, les Bleues sont venues à bout de Suédoises secouées par la défense française pendant soixante minutes. La France affrontera la Norvège en finale du mondial dimanche (17h30) à Hambourg.
Il reste quatre minutes de jeu lorsqu’Isabelle Gullden, muselée pendant l’ensemble du match, se retrouve esseulée au sein de la défense tricolore pour donner l’avantage à la Suède (21-22, 56’). Cette dernière n'a plus mené depuis la trente-troisième minute. Assommées les Françaises ? Que nenni ! Réduites à six, Allison Pineau trouve une solution de shoot inespérée pour égaliser avant de provoquer deux passages en force et de tirer un autre coup de canon en position d’arrière gauche. Amandine Leynaud, dans son but, sort une énième parade salvatrice. Les Suédoises ne s’en relèveront pas. Le dernier but de Blandine Dancette laissée seule sur son aile est libérateur. La France est en finale du mondial. "Doudou a été exceptionnelle, sourit Siraba Dembélé. Elle nous a sauvé plusieurs fois et n’a pas permis aux Suédoises de se remettre dans le match à chaque fois. On a aussi Allison qui prend ses responsabilités à la fin et j’ai qu’une chose à dire à son sujet : respect."
"C’était pas ce qui était prévu sur le temps-mort, le ballon m’est arrivé dans les mains j’ai sauté et je ne me suis pas posé de question, rigole l'ailière tricolore. C’était comme si c’était un autre tir dans le match." Un pur régal.
Un bon début puis un gros trou
Les Bleues auraient pu s’écrouler, pourtant, en première période. Elles seraient même tombées, il y a encore quelques années. Mais elles ont tenu bon. Dominatrices pendant les vingt premières minutes (10-6, 21’), le jeu d’attaque tricolore s’est ensuite enrayé face à la défense suédoise. Moins tranchantes dans leurs enclenchements, coupables de mauvais choix offensifs, les Bleues remettent la Suède en scelle en leur laissant le loisir de monter les ballons. La faute, aussi, à des rotations moins fructueuses que lors des précédentes rencontres. Une aubaine pour les Scandinaves qui, sur jeu placé, s'étaient retrouvées face à une bande de Bleues survoltées, à l’image de Béatrice Edwige. Danger numéro 1 du sept scandinave, Isabelle Gullden a dû attendre la dix-neuvième minute pour marquer. C’est dire.
Après une balle du +5 ratée par la France, six minutes ont suffi aux joueuses de Henrik Signell pour renverser la tendance. Dans le sillage de Nathalie Hagman, les Suédoises ont profité des exclusions temporaires françaises pour claquer un cinglant 6-0 (12-10, 29’). Avant qu’Allison Pineau – déjà – stoppe l’hémorragie, épaulée par une Amandine Leynaud royale dans ses buts pendant une heure (12-11, MT). "Avant on perdait les pédales sur ce type de situation mais ce soir on a réussi à avoir cet instinct de lucidité et cet esprit d’équipe énorme, savoure Alexandra Lacrabère. On a réussi à se reconcentrer sur nous même. On savait qu’on allait être en échec dans ce match, qu'on allait peut-être être mené. Mais on a continué à jouer notre jeu et c’est ce qui a fait déjouer l’adversaire. Elles ont vu qu’on était toujours là même dans leurs temps forts alors qu’habituellement on lâchait."
La France, c'est du costaud !
La seconde période est du même acabit. Tendue, les deux formations se livrent à une partie d'échec géante. Et à ce jeu, les Scandinaves flanchent les premières. En cinq minutes, un ballon est balancé en tribune, un autre est chipé par Blandine Dancette tandis que la chance sourit à cette dernière lorsqu'elle récupère un improbable ballon au poste de pivot (16-15, 40'). Après avoir usé de la relation au pivot avec Laurisa Landre, les arrières tricolores prennent également leurs responsabilités de loin (19-15, 45'). "En première mi-temps je n’ai pas trop su la trouver parce qu’elles étaient compactes sur elle, explique Grace Zaadi. Mais en deuxième, on a su s’appuyer sur notre relation pour prendre des buts d’avance. Je pense que cette relation fine enfonce un peu l’adversaire car elles nous étudient forcément et, lorsque ça passe quand même, c’est juste génial."
Mais, comme en première période, les Scandinaves reviennent au moment où on les attend le moins. Les Bleues ont cinq minutes de trou et se lancent dans une fin de match rocambolesque (19-19, 50'). "A chaque fois qu’on revenait, qu’on faisait la différence, je ne sais pas ce qu’il se passait, elles arrivaient à revenir, raconte Laurisa Landre. C’est une situation qu’on n’a pas l’habitude de la vivre. Normalement lorsqu'on prend l’avantage, on le garde. Je me disais « mais c’est pas possible quand est-ce que ça va s’arrêter? »"
Mais, là encore, les Françaises ne tombent pas dans le trou. En s'appuyant sur leur défense, encore une fois, et sur Amandine Leynaud, impeccable depuis les huitièmes de finale, les Bleues stoppent à nouveau la progression de la machine suédoise. Juste à temps. Pour la fin, on vous l'a déjà raconté.
"C’était un match très compliqué, on a eu beaucoup de deux minutes, parfois gags, constate Olivier Krumbholz. Il fallait être fort dans la tête et je pense que dans les 7-8 dernières minutes on a su s’imposer. Ce sont elles qui ont fini par douter face à la stabilité de notre défense. Et, au même moment, on a retrouvé des solutions de tir de loin."
Dimanche (17h30), la France affrontera la Norvège pour la cinquième finale de championnat du monde de son Histoire. Les deux dernières, en Chine (2009) et au Brésil (2011) ont été perdu. Alors, les Bleues arriveront avec l'appétit d'un ogre affamé depuis 14 ans à Hambourg. "On est médaillés, une belle médaille d’argent et on va préparer cette finale avec beaucoup d’enthousiasme et d’envie, sourit Olivier Krumbholz. Ce qu’il manque au palmarès de certaines filles c’est une victoire. La Norvège a un niveau très élevé mais on jouera avec le plus d’enthousiasme possible et sans pression, avec juste une pression positive de celui qui veut absolument gagner. Je suis sûr que les filles vont arriver gonflées."
Grace Zaadi, maîtresse du camion bleu depuis deux semaines, abonde en ce sens : "on a une médaille assurée et je ne me contenterais pas de l’argent, je veux l’or. On a fait deux médailles sur nos deux dernières compétitions et c’est l’or qui nous manque. Ce serait génial de pouvoir le décrocher dimanche."
Alors, vivement dimanche !Suède – France 22-24 (12-11) Suède. Gardiennes de but : Bundsen (1 arrêt/1), Idehn (8/31). Joueuses de champ : Toft Hansen (0 but/1), Mellegard (1/3) , Ekenman-Fernis, Strömberg, Roberts (5/6) , Sand (1/1) , Gustin (0/1), Westberg (4/11), Lagerquist (0/1), Gullden (2/6) , Blomstrand (1/3), Hagman (8/13) , Jacobsen, Alm. France. Gardiennes de but : Leynaud (14 arrêts/35), Darleux. Joueuses de champ : Dancette (4 buts/4), Ayglon-Saurina (2/4), Pineau (4/7), Landre (3/4), Zaadi (3/4), Houette, Niakaté (0/1), Dembélé (2/2) , Flippes (1/1), Kanor (0/2), Edwige, Nze Minko (0/1), Niombla (0/1), Lacrabère (5/11).
A Hambourg, Clément Domas avec Maxime Cohen