Mondial 2017 (F) - Finale
Magistral !
Prodigieux ! L’Équipe de France est devenue championne du monde ce soir après sa victoire sur la Norvège (23-21). Une performance exceptionnelle qui lui permet de rentrer dans l'Histoire... C'est la première fois depuis 2003 que les Bleues remontent sur la plus haute marche d'un podium mondial. Quelle performance bordel !
Elles y croyaient. Dur comme fer. Depuis leur arrivée en Allemagne, le jeudi 30 novembre dernier, les Bleues étaient convaincues de leur force. Persuadées de pouvoir atteindre le carré final. Puis, plus la compétition avançait, plus elles semblaient déterminées, prêtes à battre n'importe quel adversaire. Jusqu'à remporter le titre suprême. Grâce à son jeu, bien sûr. Et grâce à son mental, aussi. Ce soir à Hambourg, l'ogre norvégien s'est fait dévoré. Tout cru. La France tient sa médaille d'or. Et elle est magnifique.
Un collectif à toutes épreuves
"Nous sommes une équipe, elles non". Hier, Alexandra Lacrabère n'avait pas mâché ses mots au moment de parler de son futur adversaire. Alors que, depuis le début de la compétition, Olivier Krumbholz n'avait cessé d'utiliser toutes ses joueuses pendant l'ensemble du tournoi, la Norvège avait toujours misé sur une petite dizaine de joueuses. Ce soir c'est une équipe, un collectif particulièrement fort, qui s'est imposé face aux Scandinaves. Toutes ont apporté leur pierre à l'édifice. La méthode Krumbholz était la bonne. Chapeau bas !
"Pendant 60 minutes on savait qu’il fallait tenir bon, savoure Siraba Dembélé. On savait exactement ce qu’elles allaient faire et on savait quoi répondre. Toutes les personnes qui entrent sur le terrain, peu importe leur temps de jeu, ont eu un rôle capital dans l'équipe et c’est l’une de nos forces. Elles ont toutes apporté quelque chose et c’est notre plus gros point fort."
Camille Ayglon-Saurina a été on ne peut plus précieuse en attaque - en défense, c'est évident ! - aux moments où la France pédalait dans la semoule en début de match (3-4, 7'). L'entrée en jeu d'Estelle Nze Minko a donné le tournis à toute la défense norvégienne (6-7, 18') pour revenir sur leur adversaire. Les buts de Manon Houette ont été inscrits avec des angles si réduits sur l'aile que Katrine Lunde et Kari Grimsbo ont chacune fini par ravaler leur casquette (18-18, 49'). Orlane Kanor, pleine de culot, a planté deux banderilles importantissimes dans le money-time alors qu'elle n'avait même pas mis un pied sur le parquet auparavant (20-20, 54'). "On ne réalise pas encore, c’est bizarre, c’est fou de se dire que la deuxième étoile sur le maillot sera de nous, lâche la jeune arrière bleue. C’est magnifique. Je ne m’y attendais pas, en plus j’y suis et j’ai pu jouer, c’est incroyable !" Allison Pineau a multiplié les buts aux moments cruciaux de la rencontre. Amandine Leynaud a été stratosphérique. Mais c'est l'ensemble de l'équipe de France qui a réalisé une excellente performance. Alexandra Lacrabère a, comme un symbole, claqué le dernier but du match permettant à tout son banc et à la poignée de supporters français d'exulter face aux 6000 fans norvégiens devenus muets.
"La problématique de ce managérat était notamment sur le poste d’arrière gauche, explique Olivier Krumbholz. Toutes étaient opérationnelles dès qu’elles étaient sur le terrain aujourd'hui. On a tourné, on a des joueuses polyvalentes et ça nous a permis de tenir le choc."
"Allison et Alex ont été très précieuses. Elles ont plus que n’importe qui avec Amandine et Siraba une très grosse expérience de ce type d’événements, tenir la balle, marquer des buts importants. Les jeunes leur doivent beaucoup même si elles ont assuré aussi. Orlane a été très précieuse, elle nous a soulagé à un moment où on a commencé à piocher. Amandine a été la meilleure gardienne a des kilomètres devant toutes les autres à son poste sur la compétition."
La muraille bleue
La France a eu besoin de treize minutes et un temps-mort pour se mettre complètement en ordre de défense (4-7, 13'). Passé le seul but du match de Stine Oftedal et les pénaltys de Nora Mork, les Bleues ont ensuite défendu comme des mortes de faim pendant trois quarts d'heure. "On les a tabassées, on les a impactées, je voyais de la peur dans leur yeux. Il y avait beau avoir tout le public avec elles, elles ne savaient plus où elles étaient, j'ai adoré" , sourit Grâce Zaadi, meilleure demi-centre du tournoi.
Stine Oftedal, justement, maîtresse du jeu norvégien, a été mise en échec pendant toute la rencontre. C'était elle que voulaient viser les Bleues en priorité avant le match. Ce résultat leur donne raison. Veronica Kristiansen a eu beau avoir plusieurs éclairs de génie, Heidi Loke (35 ans) montrer qu'il n'y a pas d'âge pour être excellente en finale d'un championnat du monde... Sans leur guide, les Norvégiennes ont fini par se perdre. En témoigne l'énorme séquence défensive tricolore, encore une, à quatre minutes du gong, qui s'est terminée par tir raté sur jeu passif des Norvégiennes... La muraille bleue a été impressionnante de solidité.
Sanctionnées à quatre reprises d'exclusions temporaires, les Bleues ont également parfaitement négocié ses situations d'infériorité numériques. A cinq sur le terrain avant et après la mi-temps, la Norvège n'a pourtant pas réussi à scorer. Pire pour les Scandinaves, Alexandra Lacrabère et Laurisa Landre ont marqué à deux reprises juste après ce tournant majeur de la rencontre (13-10, 34'). "A un moment on est à quatre, on défend comme des guerrières et on arrive à ne pas se prendre de buts, se rappelle Laurisa Landre, particulièrement émue. Je suis fière de l’équipe, je suis fière d’Olivier, je suis fière du staff, je suis fière de tout le monde."
Trois compétitions, trois médailles
Depuis le retour d'Olivier Krumbholz à la tête des Bleues en janvier 2016, la France a grimpé sur les trois marches du podium. Seconde aux Jeux Olympiques, troisième à l'Euro et première au Mondial. Jamais dans son Histoire, l'équipe de France avait enchaîné trois breloques d'affilé. "Pendant tout le match on a réussi à se parler, à rester calme, savoure Laurisa Landre. On a réussi à calmer notre coach aussi et croyez moi que ce n’est pas facile de le faire ! Il nous écoutait, on l’écoutait. C’est juste énorme..."
"L’histoire est belle, beaucoup d’amis me disent que c’est une revanche extraordinaires, d’autres me disent que j’aurais jamais du accepter, raconte le sorcier des Bleues. C’est une très grande satisfaction. Il y a beaucoup de respect entre nous dans cette équipe. Je suis content qu’elles soient championnes du monde. Je sais qu’on va garder une belle complicité dans l’avenir et qu’on continuera à les accompagner dans les reconversions, le lien est très fort."
Dès demain, une deuxième étoile viendra briller sur les maillots de l'équipe de France féminine. Une bonne étoile dans laquelle les Bleues ont toujours cru pendant un mois. Et elles avaient raison.
France – Norvège 23-21 (11-10)France. Gardiennes: Leynaud (10 arrêts/28), Darleux (1/4). Joueuses de champ : Dancette, Ayglon (2 buts/4), Pineau (4/6), Landre (3/3), Zaadi (0/2), Houette (4/4), Niakaté (1/1), Dembélé (1/2), Flippes (1/1), Kanor (2/3), Edwige, Nze Minko (3/3), Niombla (0/1), Lacrabère (2/5). Norvège. Gardiennes : Grimsbo (1 arrêt/8), Si.Solberg (0/1), Lunde (3/18). Joueuses de champ : Arntzen, Kristiansen (7 buts/11), Loke (3/3), Skogrand, Ingstad, Mork (7/12), Oftedal (1/7), Brattset (2/2), Christensen, Kurtovic (0/1), Herrem, Sa.Solberg (1/1), Jacobsen.
A Hambourg, Clément Domas avec Maxime Cohen