Starligue
Saran passe la vitesse supérieure avec Chema Rodriguez
Dans les tuyaux depuis plusieurs semaines, l'arrivée de Chema Rodriguez (37 ans) pour les deux prochaines saisons a été officialisée ce soir. L'occasion pour l'actuel septième de Starligue de passer la vitesse supérieure la saison prochaine.
Quand on glisse à l'oreille de Fabien Courtial, le manager général du club de Saran, l'analogie entre l'arrivée de Chema Rodriguez dans le Loiret avec celle d'Alberto Entrerrios à Nantes en 2012, celui rebondit immédiatement. "Toutes proportions gardées, car Saran est encore bien loin de Nantes, on espère le même impact avec l'arrivée de Chema. On avait besoin d'une tête de gondole pour crédibiliser le projet, après avoir recruté deux joueurs de Proligue qui, je pense, s'adapteront très bien en Starligue. Mais Chema vient pour, je l'espère, nous faire passer un cap" résume-t-il. Valladolid (aux côtés de Guillaume Joli), Ciudad Real, Veszprem, la liste des clubs qu'a fréquenté le petit demi-centre parle pour lui, et son palmarès encore plus. Deux Champions League avec Ciudad Real (2008, 2009), trois Liga Asobal (2008,2009,2010), un titre de champion du monde en 2005 avec la sélection espagnole et une médaille d'argent en 2006 à l'Euro, et on en oublie encore. Dont les deux dernières finales de la plus grande des coupes d'Europe perdues avec Veszprem.
Mais, à 37 ans, Chema Rodriguez est encore loin d'un joueur en pré-retraite. On a encore pu le voir le weekend dernier, quand il a joué une heure avec Veszprem face à Barcelone, inscrivant trois buts avant de rester sur le banc une bonne partie du match à Kiel avant-hier, souffrant. Si ses statistiques n'ont jamais été énormes, l'impact du meneur de jeu au style plus proche d'un joueur de basket que de celui de ses pairs ne s'est jamais démenti tout au long de sa carrière. "Ce n'est pas un tireur, il est dans un style complétement différent de celui de Tomi Vozab. Mais il fait jouer les autres, je compte sur lui pour mettre nos arrières sur orbite" analyse Courtial. Avec Chema Rodriguez, Saran a frappé un grand coup sur le marché des transferts, quelques jours après avoir quasiment assuré son maintien en l'emportant à Nîmes (28-25).
F. Courtial : "Chema Rodriguez à Saran, c'est du délire"
- L'arrivée de Chema Rodriguez, c'est Saran qui passe dans une nouvelle dimension ?
- On avait envie de passer du club un peu fou fou à un club qui compte dans le championnat sans toutefois perdre notre identité. Chema est un joueur qui n'avait sans doute pas besoin de continuer à jouer au handball pour assurer son niveau de vie, mais notre discours lui a plu, notre projet original aussi et le fait que ce soit la France ne l'a pas laissé insensible, car nous avons un beau championnat. Il a surtout insisté sur la notion de plaisir, c'est un joueur qui a tout connu dans le handball et quand les premiers contacts ont eu lieu, il s'est dit pourquoi pas ?
- A-t-il été difficile de le convaincre ?
- Cela n'a pas été très compliqué, non, cela s'est même fait plutôt vite. A un moment, c'est même le club qui a freiné, histoire d'être sûr d'avoir les garanties économiques. La victoire à Nîmes de mercredi nous réconforte car le maintien s'approche et avoir un joueur comme Chema Rodriguez en Starligue, cela aurait pu être compliqué à assumer. Il faut surtout remercier les gens qui ont permis cette signature, ses agents qui lui ont expliqué notre projet.
- En tant que coach de Saran, avoir un tel joueur dans son effectif, n'est-ce pas un peu irréel ?
- Ah si complétement ! Quand on connait mon histoire avec Saran, quand je pense que je vais avoir un tel joueur dans mon effectif, c'est du délire ! Je me suis beaucoup posé la question, si ce n'était justement pas un caprice, si sa venue avait du sens, ce qu'il pouvait apporter au club. J'en ai discuté avec le président, les gens qui m'entourent au club. Quand on est manager général, on ne peut pas faire ce que l'on veut juste pour un rêve, on ne peut pas mettre un danger un club juste pour avoir un grand nom dans son équipe.
- Et la réponse à ce que peut Chema Rodriguez peut apporter à Saran, qu'elle est-elle ?
- La première chose est qu'on cherchait un demi-centre avec un statut de numéro un à très court terme, quelqu'un qui soit capable d'apporter immédiatement. Chema n'est pas quelqu'un qui marque beaucoup, par contre il va beaucoup apporter dans l'organisation, il va mettre en avant les joueurs autour de lui. Son expérience va lui permettre d'être efficace tout de suite. La deuxième est que je voulais quelqu'un qui rentre dans notre fonctionnement et qui possède les mêmes valeurs humaines. Tous les gens à qui j'en ai parlé n'ont eu que des retours positifs et le contact est vite passé entre nous. Le dernier volet de son apport concerne la crédibilité du projet Saran/Orléans Métropole. On voulait montrer une vraie crédibilité économique, même si Chema ne vient pas pour l'argent. Une crédibilité sportive aussi, on a eu Igor Anic et Chema a un CV équivalent. Faire venir des joueurs comme lui permet de se mettre en avant et de montrer l'ambition du club.
- Pour revenir à Igor Anic, il a connu quelques soucis d'adaptation en passant de Kiel à Saran. Ne craignez-vous pas le même style de soucis avec Chema ?
- A chaque petit problème, il y a des solutions et je suis impatient de voir comment cela va se passer. Igor était dans une problématique un peu différente et il réalise une belle saison, il ne faut pas l'oublier. Chema n'a plus grand-chose à prouver, il vient pour prendre du plaisir. Évidemment, toute nouvelle arrivée, surtout de cette dimension, est accompagnée de quelques craintes. Il y aura des ajustements à faire, passer de Veszprem à Saran, ça lui fera peut-être un peu bizarre. Mais il a entendu parler de nous, cela a éveillé sa curiosité et il vient en connaissance de cause. Quand je lui ai dit qu'on buvait une bière pendant les séances vidéo il m'a sorti « Ça c'est mon club » en rigolant !
Kevin Domas