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Le contrat TV avec Sky ne fait pas que des heureux
Alors que la Bundesliga reprend ce soir, avec trois matchs au programme, c'est l'heure de faire un premier bilan du changement de diffuseur. Et tout le monde n'est pas forcément sur la même longueur d'ondes.
C'était la grande révolution de l'été dernier. Pour la première fois de l'histoire, la Bundesliga avait choisi les espèces sonnantes et trébuchantes de la télévision à péage, en l'occurence du bouquet Sky, plutôt que l'exposition de l'ancien diffuseur Sport Eins. Pour un peu plus de 30 euros par mois, le fan de handball allemand pouvait s'offrir les 306 matchs de Bundesliga, tous diffusés, ainsi que les affiches de la Champions League. Mais le contrat stipulait également que huit affiches au moins seraient diffusées par des chaines ou régionales ou nationales. Les chiffres d'audience, en tout cas, ne sont pas des plus glorieux. Le match le plus regardé sur Sky a été le duel pour le titre entre les Rhein-Neckar Löwen et Flensburg, devant lequel 100.000 téléspectateurs se sont rassemblés, tandis que le meilleur multiplex, diffusé le dimanche après-midi, a réuni 120.000 spectateurs. Pour les petits clubs, c'est évidemment une aubaine, puisque tous leurs matchs sont désormais diffusés, offrant une visibilité inespérée à leurs sponsors. "Nous sommes entrés dans une nouvelle dimension" témoigne le manager général de Wetzlar, Björn Seipp, sur le site handball-world. De plus, la programmation des matchs le dimanche et le jeudi soir est louée par la majorité, qui ne regrette pas la dispersion des rencontres au fil de la semaine qui faisait loi auparavant.
Un pic à 1.83 millions de téléspectateurs sur ARD
Néanmoins, de nombreux clubs se sont plaint de devoir jouer le dimanche à 12h30, un horaire loufoque imposé par Sky la saison passée. Que ce soit Gummersbach, Göppingen ou Lemgo, les clubs de milieu de tableau ont parfois perdu jusqu'à 20% de leurs revenus en billetterie en jouant le dimanche. Ce sera chose corrigée dès ce weekend, puisque les matchs du dimanche se disputeront à...13h30 et 16h. Les responsables de la ligue sont également très satisfaits des affiches proposées en clair au cours de la saison. Le match entre le THW Kiel et les Rhein-Neckar Löwen, au mois d'avril, diffusée par la chaine nationale ARD, a réuni 1.83 millions de téléspectateurs un samedi après-midi. De beaux chiffres qui montrent le potentiel télévisuel du handball à la télévision allemande et qui valident, en tout cas pour l'instant, le schéma proposé par la Bundesliga : attirer le maximum de monde via les affiches diffusées en clair pour que le public migre petit à petit vers un bouquet payant, sachant que le championnat allemand a encore cinq ans de contrat avec son diffuseur.
La Champions League décalée au mercredi
Mais si les clubs de bas et de milieu de tableau se réjouissent de cet accord, qui leur donne visibilité ainsi que ressources financières supplémentaires, du ccôté des clubs de haut de tableau, c'est la soupe à la grimace. Déjà, la saison passée, l'affaire du quart de finale des Rhein-Neckar Löwen, obligés de faire une croix sur la Champions League pour cause d'incapacité à se mettre d'accord entre l'EHF et la Bundesliga, avait sonné un premier avertissement. Cette saison ne semble pas partie sous de meilleurs auspices. Il a été décidé que les rencontres de Champions League à domicile des clubs allemands se joueraient le mercredi soir, et ce de manière irrévocable, mettant ainsi les clubs étrangers, et notamment français, devant le fait accompli. Ainsi, à la mi-novembre, le Paris Saint-Germain jouera à Flensburg un mercredi soir, tandis qu'à la même période, Montpellier sera obligé d'évoluer deux semaines de suite le mercredi face aux Rhein-Neckar Löwen.
Deux matchs en 48 heures
Mais si les victimes collatérales auraient tous les droits de faire entendre leur colère, ce sont surtout les clubs allemands engagés en Champions League qui payent les pots cassés. La saison passée, les Rhein-Neckar Löwen avaient du disputer deux matchs en deux jours, à Lepizig et Barcelone. Cette saison, ce ne sera pas beaucoup mieux, puisque les lions devront, à trois reprises avant Noël, évoluer à la fois le jeudi en Bundesliga et le samedi à l'extérieur en coupe d'Europe. "Clairement, ce contrat télé n'aide pas les grands clubs allemands" a critiqué l'entraineur de Rhein-Neckar Nikolaj Jakobsen dans une interview au Mannheimer Morgen. Tandis que le directeur général de Flensburg, Dierk Schmäschke, aimerait voir introduite au niveau européen "une règle obligeant deux matchs à être séparés de 72 heures." Dur, dur d'arriver à concilier tous les intérêts.
Kevin Domas