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Caucheteux, mieux vaut tard que jamais
Appelé de dernière minute pour palier le forfait de William Accambray, l'ailier gauche Raphaël Caucheteux a parfaitement réussi sa première sortie sous le maillot bleu jeudi. Au point d'envisager sérieusement une présence dans les seize pour l'Euro.
32 ans et sept mois. Jamais un joueur n'avait fêté à un âge aussi avancé sa première cape sous le maillot bleu. Dylan Nahi avait battu un record de précocité en octobre, Raphaël Caucheteux en a donc battu un de vieillesse jeudi, sur le parquet de la Kindarena de Rouen. Remarquez, les records, cela le connait bien puisque l'ailier gauche détient, pour le moment, celui du plus grand nombre de buts marqués en LNH avec, au dernier recensement, 1438 buts inscrits. Et pourtant, jusqu'à début décembre, zéro convocation en équipe de France. "J'avais fini par perdre espoir. Pour tout joueur de handball, le maillot bleu représente quelque chose. Ca faisait dix ans que je me battais pour l'avoir, et au bout d'un moment, je désespérais" se souvient le géant de 2m02. "Dans ces moments-là, tu te poses les questions sans avoir les réponses. Mais cette frustration, elle est partie maintenant." Et on ne vous cache pas que, nous aussi, on s'est parfois demandé pourquoi certains avaient leur chance et pas ce joueur au physique atypique mais, quand même, une véritable machine à buts. Et Didier Dinart nous donne un début de réponse. "Jusqu'alors, il n'y avait pas forcément la place avec des monuments du handball à son poste. Le départ des anciens ouvre la possibilité à certaines personnes, et ce n'est pas parce qu'il a 32 ans qu'il n'est pas sélectionnable" rappelle le sélectionneur, qui a déjà croisé la route de Raphaël Caucheteux de son temps à Montpellier. Le jeune ailier, alors au centre de formation, avait participé à quelques entrainements de l'équipe professionnelle et partagé quelques moments avec le défenseur guadeloupéen. "Je le regardais avec des grands yeux en me demandant quel était ce monstre en défense" se souvient le néo-international, que ses coéquipiers en club ont affublé du surnom Ratatouille il y a quelques temps déjà.
"Jouer à Bercy en bleu, c'est une fierté, un aboutissement"
Début décembre, le joueur de Saint-Raphaël pensait donc encore passer ses vacances de Noël du côté de Montpellier en famille, et l'ancien monstre défensif l'ayant appelé pour palier le forfait de William Accambray, il s'est finalement retrouvé dans un gymnase des Landes à suer comme un baudet. Avant de, dix jours plus tard, débuter face à la Norvège, scorer six fois et même de se battre sur un beau diable sur tous les ballons. "J'ai eu la boule au ventre, et quand j'ai mis le premier pénalty, tout est parti d'un coup. Mais c'est quand tu stresses que tu fais tes meilleurs matchs" se souvient Caucheteux, qui foulera le parquet de Bercy ce weekend. "De grands joueurs ont joué sur ce parquet avec le maillot de l'équipe de France...Pour moi, c'est une fierté, un aboutissement que ma famille, les gens du club de Saint-Raphaël puissent me voir avec ce maillot" dit-il, le regard un peu ému. Parce que pour celui qui a souvent fait partie de la liste des pré-selectionnés sans être invité à la table des grands, en ce moment, c'est un rêve d'enfant. Dans lequel Caucheteux mord à pleine dents et se donne à fond pour qu'il dure encore un peu. "Je me rappelle d'une phrase de Patrice Canayer quand j'étais en centre de formation à Montpellier : « Quand tu es jeune, tu dois avoir les dents qui trainent... » Je suis peut-être encore jeune" rigolait-il jeudi soir. Son aventure va se continuer encore un weekend et, pourquoi pas, encore un peu plus. Car Didier Dinart a apprécié ce qu'il a vu de lui lors de sa première sortie sous le maillot bleu : "Il a marqué des points mais sa prestation n'est pas une surprise au vu de ce qu'il montre depuis des années en LNH." Pour Raphaël Caucheteux, mieux vaut tard que jamais.
Kevin Domas