EdF (M)
D. Dinart : "Les rencontres comme ça font grandir"
Après une conférence de presse interminable, le sélectionneur de l'équipe de France Didier Dinart a pris quelques minutes pour répondre aux questions. Satisfait, mais pas rassasié.
- Didier, que représente cette victoire ?
- Je pense qu'on s'est qualifié avec la manière. On aurait très bien pu lâcher le match mais l'équipe est restée sur sa lancée. Au début, on avait peut-être la crainte de ne pas se retrouver, avec une équipe remaniée comptant six joueurs absents par rapport au mondial. Je suis heureux de les voir avancer comme ça, c'est vraiment plaisant de les manager. Aujourd'hui, on s'est octroyé le droit d'aller en demi-finale, et avec la manière. On va bien se reposer et bien la préparer car cela ne va pas être simple. L'Espagne nous connait bien, c'est une équipe qui joue très bien au handball. Ce soir, on s'est même permis de faire des rotations et ma plus grande satisfaction est peut-être Romain Lagarde. Il a pris ses responsabilités aujourd'hui, il a pu s'exprimer en attaque et en défense. Les jeunes, en prenant ces responsabilités, arrivent à engager un capital confiance. La consigne, pour ces jeunes, était de grandir, car les rencontres comme celles de ce soir sont de celles qui font grandir dans une carrière. Aujourd'hui, ils ont vécu quelque chose d'exceptionnel et il faut qu'ils le mettent dans dans leurs bagages, dans leurs souvenirs, car cela va construire leur avenir.
- Battre le pays hôte sans en avoir besoin, c'est une sacrée démonstration de force...
- Il n'était pas question de faire cadeau d'un match à qui que ce soit. On joue les matchs pour les gagner et on s'est même permis de sortir Nikola en continuant à être efficace. Ca serait vraiment dommage de se faire sortir en demi-finale alors qu'on est bien lancé, mais on va bien la préparer pour la gagner. On s'est ouvert la porte aux médailles, il faut essayer de gagner la plus belle. Tout le monde peut la gagner mais on va tout faire pour l'emporter. Il serait dommage de ne pas avoir ce fameux Graal. Cette équipe a vraiment une conviction, une foi et c'est plaisant de les manager au quotidien. Je tiens encore à les féliciter car ce que je suis aujourd'hui, c'est grâce à eux. Ils me le rendent bien, ils sont sérieux et assidus et cela nous permet d'être efficace et, peut-être, d'avoir l'impression d'une équipe de France plus forte que jamais alors qu'on est dans un renouvellement.
- Le fait de vous savoir déjà qualifié avant le coup d'envoi a-t-il modifié votre management ?
- Non, pas forcément. L'équipe a été mobilisée sans tenir compte du match précédent. On a joué pour l'emporter, on s'est permis de faire les rotations et même si l'équipe croate a essayé de revenir, les jeunes ont tenu au score. Le bilan est très satisfaisant, mais il ne faut pas non plus s'endormir car le plus gros de la compétition arrive.
- Y'a-t-il eu un peu de crainte, justement, au moment où les Croates arrivent ?
- Non car ces jeunes doivent apprendre à gérer ce genre de moments. On savait qu'il n'y avait pas de danger à ce moment pour la qualification. Je les ai laissé engranger de la confiance, c'est sur ce genre de rencontres qu'ils doivent grandir.
- Est-ce encore plus fort pour vous de gagner avec tous ces jeunes sur le terrain, qu'avec les titulaires habituels ?
- Je ne m'attache pas à ça, je ne suis pas en train de faire une exhibition. Je pense surtout au collectif et de les voir avancer aussi sereinement, c'est un vrai plaisir.
Propos recueillis à Zagreb par Kevin Domas