EdF (M)
Pas la place pour les calculs
Pour son dernier match du tour principal, l'équipe de France va affronter la Croatie sur ses terres. Même si ils pourraient être qualifiés pour les demi-finales avant même de jouer, les Bleus ne comptent pas faire de calculs.
On a envie de se dire que l'équipe de France peut voir venir, s'incliner de sept buts face à la Croatie et quand même attraper un ticket pour les demi-finales. Et, après deux secondes de réflexion, on se souvient de la Tauron Arena de Cracovie il y a deux ans, de ce dernier match de groupe, de cette égalité à trois avec la Pologne et, déjà, la Croatie. De ces joueurs au maillot à damier qui, de façon improbable, empilent les buts, au point d'en passer 37 aux Polonais et de forcer les Bleus à rentrer à la maison. "On a ce scénario en tête, et jamais je ne me sens en sécurité, comme si on était déjà en demi-finale. Il ne faut surtout pas rentrer dans les calculs mais essayer de résister à la pression que les Croates vont nous mettre. Il faut se préparer à une guerre" assène Luka Karabatic. Voilà pour le décor. Pour l'équipe locale, le calcul est simple. Si la Suède gagne, seule une victoire de trois buts permettraient à Lino Cervar et à ses hommes de rejoindre le dernier carré. Et même si la Suède s'inclinait, il leur faudrait au moins arracher un match nul pour passer. En gros, si les Français ont de la marge, les Croates n'en ont aucune. "Spéculer, c'est déjà perdre le match. On va le préparer pour le gagner, chose qui ne sera pas simple dans une ambiance très hostile" souligne le sélectionneur Didier Dinart.
Sereins mais pas trop
Malgré l'enjeu, il flottait comme une forme de sérénité, de calme, dans les rangs de l'équipe de France hier matin au point presse. Un signe que rien ne pouvait lui arriver ? En tout cas, si la qualification n'est pas acquise et qu'il va falloir batailler sans doute jusqu'au bout, aucun vent de panique n'est venu souffler sur les Bleus, même si ils restent d'une extrême prudence. "J'ai le sentiment d'une vraie force sur le terrain. On se posait beaucoup de questions avant l'Euro, mais au vu de l'état d'esprit qu'on montrait sur les entrainements, je n'étais pas trop inquiet" note Nikola Karabatic. "Mais on sait aussi que dans un Euro, tout peut aller très vite et qu'une médaille ne tient qu'à peu de choses". Ce peu de choses, ce sera peut-être la capacité des remplaçants à apporter, ce soir, autant qu'ils ont apporté sur les précédentes sorties. Ou sur celle des cadres à garder la main chaude et la tête froide quand le vent croate va se mettre à souffler. "Parce que sept, huit, neuf buts, ça va très vite. Il faudra surtout essayer de rentrer dans le match sans y penser" continue Karabatic.
Cindric, nouveau dépositaire du jeu croate
En face, la Croatie risque d'attaquer le match le mors aux dents. Cette équipe, capable de passer complètement à côté de ses matchs, comme elle l'a fait au premier tour face à la Suède, est aussi en mesure d'enflammer son public avec d'énormes performances, comme celle livrée face à la Norvège il y a quatre jours. Et même d'arriver à faire face à l'absence de Domagoj Duvnjak, son maitre à jouer, qui semblait avoir gagné sa course contre la montre contre une blessure au genou pour finalement s'effondrer à cinq minutes de la fin du premier match de groupe, touché à la cuisse. Désormais, malgré les embrouilles (notamment celle concernant le gardien Mirko Alilovic), la Croatie est là et bien là. Portée, dans le jeu, par la vista du meneur de jeu Luka Cindric. "C'est un joueur qui a beaucoup évolué en deux ans, il a eu un rôle déterminant dans la victoire de son club en Champions League. Les Croates jouent avec deux petits gabarits sur la base arrière, il va falloir pour nous trouver les adaptations" analyse Didier Dinart. Si certains Croates font partie des meilleurs du monde sur leurs postes (Cindric, Strlek, Stepancic), d'autres sont sublimés par l'enjeu, à l'image du gardien Stevanovic. Ne pas les mettre dans le bon sens serait le meilleur remède pour s'éviter toute prise de tête mathématique.
Croatie - France, à 20h30 (en direct sur beIN Sports 3), précédé de Serbie-Biélorussie à 16h00 et de Suède-Norvège à 18h15 (en direct sur beIN Sports 3)
A Zagreb, Kevin Domas