Euro 2018
Les Croates, une passion sans limite
L'équipe de France va affronter la Croatie demain soir dans une Arena de Zagreb pleine à craquer. Qui supportera les siens jusqu'au bout, quitte à dépasser les limites du raisonnable.
Affronter la Croatie à domicile dans un grand championnat, compliqué de trouver une atmosphère plus chaude sur la planète handball. On peut bien penser à la Belgrade Arena, théâtre lors des finalités de l'Euro 2012 d'un certain nombres de débordements, mais demandez aux Français qui ont été chercher le titre mondial trois ans auparavant, ils vous diront que la Zagreb Arena, ça n'est pas mal non plus. "On avait reçu des téléphones, des briquets, on avait fait les courses pour rentrer à la maison" se souvient, rigolard, Didier Dinart. Si, depuis le début du championnat d'Europe, on est resté loin de tels excès, le public croate dégage une telle ferveur que l'adversaire finit souvent par crouler sous le poids de la pression. Les Norvègiens l'ont expérimenté il y a quatre jours, ratant complètement leur début de match avant de s'incliner. A quelques heures d'entrer dans l'arène, les Bleus ne ressentent que de l'excitation à l'idée d'affronter le pays-hôte sur ses terres. "Ca me fait saliver parce que ce n'est que du sport, on ne va pas à la guerre. C'est pour ce genre de moments qu'on veut être sportif de haut niveau" sourit Valentin Porte.
15.000 fans debout pendant 60 minutes
La passion de ce public, l'équipe locale a pu la mesurer depuis le début de la compétition. Si la salle est déserte quand l'équipe nationale ne joue pas, la Zagreb Arena prend vie dès que le maillot rouge et blanc est au programme. On l'a encore vu il y a une semaine, quand la France a joué devant trois mille personnes avant que la Croatie, une heure plus tard, ne fasse quasiment salle comble face à la Norvège. Avec 15.000 fans vociférant, debout, une heure durant. "Jouer dans ce genre d'ambiances, ça marque à vie. Ces gens poussent leur équipe, presque comme des fanatiques. On peut comprendre qu'il y ait des excès quand ils n'ont pas la victoire au bout même si chez nous, ça serait mal vu. Je pense que c'est une bonne chose d'avoir son peuple derrière" confie Cédric Sorhaindo, le capitaine bleu, qui en a pourtant vu d'autres. Le problème pour l'équipe adverse, c'est qu'elle peut avoir vite fait de prendre la tempête, dans une ambiance où les arbitres peuvent avoir un peu de mal à garder leur bon sens. "Dans ce genre d'ambiance, les problèmes peuvent être amplifiés, il faut savoir garder la tête froide et un fil conducteur" analyse Luka Karabatic, qui décrit ce qu'il a vu de la salle comme "la plus grosse ambiance" qu'il n'ait jamais vue.
"De Zagreb au petit village de Dalmatie, tout le monde est derrière l'équipe nationale"
Mais cet engouement ne se limite pas au handball puisque, que ce soit en basket ou en foot, les supporters croates et des Balkans en général ont la réputation d'être parmi les plus chauds. Il faut dire qu'ici, le sport est une religion. "Ici, c'est un vrai moteur pour le pays, une manière de faire connaitre la Croatie à travers le monde. Il y a une culture différente de la France. Dans tous les sports où ils réussissent, les sportifs sont suivis, il y a une vraie ferveur. De Zagreb au petit village de Dalmatie, tout le monde est derrière l'équipe nationale" acquiesce Nikola Karabatic, bien placé pour le savoir. Ce matin, le demi-centre de l'équipe de France a passé plus d'une heure pour répondre aux questions des différents médias, offrant même une vingtaine de minutes de conférence de presse pour les médias croates. Du jamais-vu, et pas mal pour un joueur qui s'attend à se faire siffler pendant une heure sur le terrain. "Je prends cela comme une marque de respect. J'essaye de me dire que si j'étais pas bon ou si on n'avait pas battu la Croatie, on ne me sifflerait pas" continue le natif de Niš. Qui va finalement dans le même sens que Didier Dinart quand celui-ci conclut que "celui qui pense qu'ils vont nous recevoir avec des fleurs, je pense qu'il fait fausse route".
A Zagreb, Kevin Domas