Euro 2018 - Finale
Gardez la coupe à la maison !
Elles n’attendaient que ça, une finale à Bercy devant leur public après avoir connu les joies d’Hambourg et une finale mondiale l’année dernière. « On a fait une réunion ce matin dans laquelle on prenait la pleine mesure de ce qu’on avait fait ensemble, la chance qu’on a de vivre ça ensemble et du travail accompli. Ca nous donne de la force de voir que la recette fonctionne » admettait Estelle Nze-Minko.
Un titre qui pour beaucoup est encore dans un coin de leur tête. Les Françaises étaient arrivées pleines de confiance et pleines de maîtrise dans une salle qui leur était complètement hostile. Sur 13 000 personnes, une majorité de Norvégiens mais aussi des Suédois, devenus Norvégiens l’espace de soixante minutes. Elles ont pu déjà prendre la température d’un Bercy froid, qui a mis 55 minutes à comprendre qu'il y avait du beau handball sur le parquet et vibrer pour cette équipe qui ne cesse d'impressionner. « Il nous faut plus là ! Demain (aujourd'hui) c’est une finale, on attend un public au max, il faut qu’il fasse du bruit, on a besoin de ça. On a besoin de plus, on attend une ambiance plus forte que celle qu’on avait eu en Allemagne, il ne faut plus qu’on s’entende sur le terrain, hier (vendredi) on s’entendait presque respirer » reconnaissait Orlane Kanor.
Dimanche, à 17h30, il n’aura pas d’autre choix que de répondre présent pour aider les Championnes du monde à aller chercher un titre qu’elles n’ont encore jamais remporté. Une première, qu’elles attendent avec impatience mais surtout qu’elles n’ont pas envie de laisser passer. Alexandra Lacrabère était claire en zone mixte après la demi-finale.Le but, c'est l'or. "C'est là qu'on aura des émotions. Il nous reste encore beaucoup de travail pour aller chercher la première place et on en est toutes conscientes. On sera comme des mortes de faim dimanche" . C’est cette même volonté, cette même détermination qui leur avait permis d’aller chercher la Norvège, qui alors paraissait aussi intouchable. « Les filles arrivent dans le même état d’esprit qu’elles l’étaient en Allemagne » souligne Olivier Krumbholz.
Cette fois, c’est la Russie qui affiche une très grande forme en face d'elles. Une forme qui leur a donné le luxe de pouvoir gérer leur compétition. Malgré deux défaites, elles ont su terminer premières du groupe B lors de la phase de poules et premières du Groupe 1 lors du tour principal. Lors de ces deux phases, les Russes étaient déjà qualifiées et assurées d’une première place. Elles avaient donc laissé filer le match face à la Slovénie, qui, bien qu’éliminée, a joué ce match sérieusement. A Nantes, bis repetita pour les filles de Trefilov. Des joueuses cadres alignées une vingtaine de minutes (5 joueuses du sept majeur alignées moins de 19 minutes), dans une rencontre qui a très vite tourné en la faveur des Suédoises, qui se retrouvaient virtuellement qualifiées avant que la France ne rencontre la Serbie. Une attitude que regrettait Alexandra Lacrabère : « Les Russes n'ont pas joué le jeu face à la Suède. C'était vraiment pour nous mettre la pression pour qu'on gagne absolument contre la Serbie et ça, ce n’est pas fair-play. Ce jeu va se retourner contre elles. Ça montre leur état d'esprit ». Un choix que Evegni Trefilov assumait pleinement avant de jouer sa demi-finale face à la Roumanie. « On a pu se reposer lors de notre dernier match » avouait le coach russe.
Des revanches, mais surtout un titre !
Pas de quoi effrayer les Françaises qui ont aujourd'hui l’occasion de laver les affronts subis par cette équipe russe. Rio, le 20 août 2016, les Françaises jouent leur première finale olympique et voient le titre leur passer sous le nez au profit de la Russie, plus forte. Depuis du chemin a été parcouru, les Françaises ont affiché une régularité inédite. Après cette finale olympique, elles n’ont pas quitté les podiums internationaux, quand en Suède, lors du dernier Euro en 2016, la formation de Trefilov terminait 5e, comme en Allemagne où les Bleues ont été sacrées championnes du monde. Depuis, un équilibre a été trouvé avec un gros sept majeur et un banc bien moins profond, porté par une petite arrière gauchère d’1m62 de 23 ans, qui marche sur l’eau depuis le début de la compétition, Anna Vyakhireva. « Je n’y pense pas beaucoup, parce que depuis j’ai joué beaucoup de matchs. C’était une équipe totalement différente, si je me souviens bien, il n’y a que sept joueuses de l’équipe actuelle qui ont connu les Jeux Olympiques et ce sera un match très différent, certainement beaucoup plus dur. Elles ont beaucoup de joueuses d’expérience avec un point fort sur le poste de gardienne » reconnait Anna Vyakhireva lorsqu’on lui évoque ces jeux et cette finale qui visiblement, n’est plus dans ses pensées.
Il y a aussi Nancy, le 16 janvier dernier, où les Russes avaient gâché l’entrée en matière des Bleues. « On profite du séquençage de notre match mais aussi celui des autres qu’elles ont joué depuis pour voir les dispositifs défensifs qui ont pu leur être proposés. On essaie d’échanger entre nous pour le moment pour savoir ce qu’on va mettre en place » expliquait Manon Houette. Les Françaises avaient réussi à bien museler Anna Vyakhireva, qui « met à genou l’Europe » pour reprendre les termes d’Olivier Krumbholz, mais avaient pêché dans d’autres secteurs, sur lesquels elles se sont déjà penchées après la défaite. « Il y aura un beau duel en face d’Estelle qui défend dur, qui défend bien, elle (Anna Vyakhireva) avait été moyenne sur le premier match contre la France » expliquait Manu Mayonnade, l’entraineur de Metz qui a gardé un œil avisé sur les rencontres tricolores. Des revanches à prendre ? Très certainement. Mais au-delà de ça, il y a un titre qu’aucune des deux équipes n’a jamais obtenu, à aller chercher sur le parquet de Bercy à 17h30.
Depuis Paris, Maxime Cohen.
France - Russie 17h30 TF1 et beIn Sports 1