Euro 2018
L'Allemagne, ou l'éloge de la tristesse
L'Allemagne s'est inclinée face au Danemark cet après-midi, compromettant fortement ses chances de se qualifier pour les demi-finales du championnat d'Europe (25-26). Et il y a là une certaine forme de logique.
Il y a deux ans, presque jour pour jour, l'équipe d'Allemagne, emmenée par Dagur Sigurdsson, enchantait l'Europe du handball, au point d'en monter sur le toit. Un jeu inventif, avec une utilisation presque abusive du jeu à sept contre six, des montées de balle rapides, des courses, bref tout y était pour séduire. Mais tout aussi tout l'inverse de ce que la Mannschaft a montré depuis le début de cet Euro, et encore cet après-midi face au Danemark. Dans un match qu'on qualifiera de besogneux, le moins mauvais et le plus inventif a gagné. La première mi-temps avait été affreuse en terme de jeu, et les Allemands ne devaient leur salut qu'aux arrêts d'Andreas Wolff pour virer en tête à la pause (9-8). Déjà, les ballons peinaient à arriver aux ailes, la construction des actions était réduite au strict minimum, mais Julius Kühn trouvait le chemin des filets, juste ce qu'il fallait pour garder les siens devant.
Drux : "On a joué trop lentement"
Mais dès que Nikolaj Jakobssen a choisi de jouer la supériorité numérique systématiquement, les Allemands ont perdu les pédales. Incapables de répondre tactiquement au problème posé par les Danois en défense, s'enferrant dans un handball de combat minimaliste en attaque, ils ont logiquement cédé l'avantage et se sont retrouvés à trois buts avec sept minutes restantes à jouer (20-23, 53'). Avant de s'incliner d'un petit but, grâce à un retour tardif. "On a eu les ballons pour rester dans le match, mais on rate des choses faciles. Leur défense a bien coupé notre circulation de balle et eux ont trouvé des solutions simples grâce au sept contre six" déplorait Finn Lemke, tandis que Paul Drux, lui, pointait le manque de rythme des siens. "On n'a monté aucun ballon, on a joué trop lentement, on n'a pas mis de rythme. Offensivement, on a eu beaucoup de mal" reconnaissait l'arrière gauche de Berlin, disciple de l'ancien sélectionneur Dagur Sigurdsson.
Pas l'ombre d'une remise en question
Car on ne peut pas penser que Christian Prokop, le nouveau sélectionneur, n'est pas pour quelque chose dans la production de son équipe. Jamais, le coach n'a tenté la moindre chose pour surprendre son adversaire. Jamais, il n'a tenté d'envoyer Drux pour varier les attaques de son équipe, alors que Kühn ne pouvait compter que sur sa puissance pour trouver les solutions. "Nous avons mal joué mais avant tout, le Danemark a bien défendu. Et ils ont su mettre les tirs importants au fond" concluait le sélectionneur, sans l'ombre d'une remise en question à l'horizon. Mercredi soir, l'Allemagne pourrait bien quitter l'Euro avant même d'en avoir atteint les demi-finales. Mais après ce qu'on en a vu depuis une semaine, on aurait du mal à croire qu'une équipe au jeu aussi pauvre et triste y ait vraiment sa place...
A Varazdin, Kevin Domas