Euro 2018 (M)
Un Euro plus ouvert que jamais
Vendredi commence le championnat d'Europe en Croatie. Et bien malin celui qui arrivera à prédire le vainqueur final, tant les prétendants à la succession de l'Allemagne sont nombreux.
Rappelez-vous la Pologne, son froid glacial et son championnat d'Europe complètement fou. Qui aurait pu prédire, à l'heure de s'envoler pour Cracovie, que l'Allemagne finirait sur la plus haute marche du podium, que la Norvège éliminerait l'équipe de France et que les hôtes, pourtant poussés par un public bouillant, n'arriveraient pas à atteindre le carré final ? Pas grand-monde. Et nous sommes, deux ans après, peu ou prou dans la même situation. "C'est difficile de se projeter sur ce qui va se passer dans ce championnat d'Europe" disait lundi Guillaume Gille. "On pourrait ressortir tous les scénarios des derniers Euros, et on se rendrait compte des parcours assez incroyables qu'il a pu exister". Même les Bleus, en 2014 au Danemark, avaient su faire fi des pronostics. La blessure de Thierry Omeyer ? La retraite de Didier Dinart ? Mikkel Hansen devant son public ? "On sentait que tout le monde paniquait à l'extérieur, à se demander comment on allait faire. Mais on s'en est sorti. Les équipes naissent dans ces moments là, dans les grandes compétitions" se souvient Michaël Guigou. Cette fois, la France devra pour la première fois faire sans Daniel Narcisse et Thierry Omeyer. Si le potentiel pour remplacer les deux géants est là, il n'y a aucune certitude sur cette équipe à performer. "Nous avons le potentiel pour aller chercher une médaille et nous voulons le prouver. A chaque fois que des grands joueurs ont arrêté leur carrière, l'équipe a été capable de rebondir" disait avant de décoller Nikola Karabatic.
Beaucoup d'outsiders, pas de réel favori
Finalement, on peut presque dire qu'à l'heure de commencer cet Euro, il y a énormément d'outsiders et qu'aucun favori clair ne se détache du peloton. "Des outsiders, on peut en citer six ou huit. La Norvège, le Danemark, les Allemands, les Slovènes...Et c'est sans compter sur la Croatie, qui jouera à domicile et qui, il y a un an, a raté la finale du Mondial à un pénalty près" énumère Didier Dinart. Si on y rajoute une Suède qui continue sa progression et une Espagne rajeunie et toujours dangereuse, le compte de huit est effectivement presque atteint. Le Danemark, qui a dû se passer de Lasse Svan Hansen (hanche) et de Mikkel Hansen (genou) pendant la préparation et qui est parti (comme la France) à dix-huit, manque encore de certitudes. "On est capable de battre la France et de perdre contre la Norvège, le niveau des prétendants au titre est très resserré. Toutes les équipes, à l'exception d'une ou deux, sont dans une phase de rajeunissement avec les Jeux Olympiques de 2020 comme but. Cet Euro sera, je pense, plein de surprises" disait le sélectionneur Nikolaj Jakobssen dimanche soir après la Golden League.
Une grosse pression sur les épaules des Croates
L'Allemagne aussi repart sur des nouvelles bases, puisque neuf des sacrés en Pologne (Lemke, Dahmke, Lichtlein, Sellin, Schmidt, Wiede, Strobel, Ernst, Pieczkowski) ne seront pas du voyage à Varazdin, avec aussi un nouveau sélectionneur et peu de certitudes. Mais sa première phase est relativement simple et pourrait lui permettre de monter en puissance. La Slovénie ? Matej Gaber, Jure Dolenec et l'arrière gauche Nik Henigman sont déjà out, ou presque. L'Espagne ? Avec son effectif stable par rapport à l'an passé et des joueurs qui carburent en club (Balaguer, Perez de Vargas, Dujshebaev ou Sarmiento), elle peut espérer quelque chose. Sauf qu'elle affrontera le Danemark en poule et qu'une défaite au premier tour peut être rédhibitoire. La Croatie, à domicile, connaitra tous les avantages et les inconvénients de participer à une compétition à domicile. Elle a récupéré Duvnjak, compte sur une génération dorée avec Luka Cindric et Manuel Strlek en tête de pont, mais il va lui falloir gérer l'engouement de son public. "L'attente peut être lourde à porter, on l'avait senti l'an passé et on n'est pas mécontent de leur redonner cette pression. Surtout que chez eux, l'attente va être décuplée pour les Croates" note Guigou, un des rares à avoir vécu le Mondial 2009 à Zagreb. Mais un des nombreux à être bien incapable de donner un favori pour la victoire finale.
Kevin Domas