LdC (M)
M. Guigou : "On peut être très fier de nous"
Quelques minutes après le succès de Montpellier en finale de la Champions League face à Nantes, le capitaine du MHB Michaël Guigou s'est arrêté pour partager ses émotions en zone mixte. Sans aucune langue de bois.
Michaël, vous avez gagné la Champions League en 2003, vous la gagnez à nouveau cette année, c'est incroyable ce que vous avez fait...
On a vécu une semaine incroyable, on est passé par toutes les émotions. Une cruelle désillusion ce mardi à Saint-Raphaël, des nuits d'enfer, des nuits horribles où on a beaucoup cogité, où on a perdu beaucoup d'énergie...Mais on a su se remobiliser et tout donner tout dans ce weekend. On a dominé nos adversaires et on n'a pas craqué cette fois. On peut être très très fier de nous.
On suppose qu'en tant que « grand frère » de cette équipe, vous êtes fiers également de tous ces jeunes, non ?
Bien sûr. On va avoir, avec l'équipe de France, une génération qui va dominer encore plus qu'avant. Parce qu'il va y avoir des rotations, peut-être trop, avec de beaux et grands joueurs comme Melvyn Richardson ou Ludovic Fabregas. J'essaie de les épauler mais ils savent déjà beaucoup de choses, ils sont déjà grands. Ils sont comme moi, j'avais gagné la Champions League à 21 ans et ils le font aussi aujourd'hui. Je leur souhaite de faire encore mieux que moi et de porter le handball français au plus haut. Je leur ai dit à la fin, je suis très fier de jouer avec des mecs comme ça.
On avait trois clubs français au Final Four cette année, signe que le handball français est toujours plus fort...
Oui...Nous à Montpellier, on nous pique des joueurs parce qu'on n'a pas les moyens des plus grands d'Europe. Aujourd'hui , la réponse qu'on a su amener c'est de profiter de ces générations, de les optimiser et d'essayer de gagner quand ils sont là, accompagnés d'anciens et qu'ils sont pétris de talent. A durer, c'est un peu plus compliqué. Pour Nantes aussi, il y a le départ annoncé de Tournat et peut-être de Lagarde...Aujourd'hui, le handball français a des moyens, mais on a moins de moyens que le PSG pour garder nos meilleurs joueurs alors il faut tout donner. Aujourd'hui il faut profiter que ces trois équipes tiennent les trois plus hautes places européennes mais il faut continuer à travailler et à apporter des jeunes.
"Montpellier travaille, Montpellier travaillera toujours"
Comment explique la résilience de Montpellier, que vous soyez-vous toujours là ? Rock Feliho disait « on n'enterre pas Montpellier »...
C'est vrai...Je pense que tout le monde a beaucoup parlé ces derniers temps, à partir du moment où on a perdu contre Aix en Provence. Tout le monde a dit que Montpellier allait craquer...En tout cas, pour revenir sur ce que Vincent Gérard disait mardi, on nous a mis dans les conditions pour qu'on craque. Mais c'est un autre débat. C'est une situation qu'on n'a pas apprécié mais on aurait préféré en parler en ayant gagné le championnat. Pour revenir à la question, Montpellier travaille, Montpellier travaillera toujours et se donnera toujours les moyens d'être un grand du handball français et d'Europe. Et même s'il n'a pas les plus grands moyens, il essaiera toujours de dominer et de se remettre en question. Et aujourd'hui, on a la plus belle des preuves, le club est encore sur le toit de l'Europe et on peut dire ce qu'on veut, c'est le seul club français à avoir gagner deux Champions League. On peut juste être fier de ça.
Si on vous avait dit en 2003 que vous feriez partie des deux équipes qui ont soulevé la ligue des champions...
En 2003, j'aurais aimé qu'il y en ait d'autres entre ! Quand on a gagné le titre en 2003, beaucoup de nos joueurs étaient partis, Didier Dinart, Cédric Burdet, je crois que Bruno Martini aussi, mais cela ne nous avait pas empêché de faire une demi-finale deux ans après. Une équipe s'est reconstruite, mais c'est dur. On voit une équipe comme Veszprem qui n'a toujours pas gagné la Champions League, cela montre à quel point c'est dur. La pression est énorme, il y a une philosophie d'un calendrier très compliqué et beaucoup de choses à gérer...
Personnellement, être là en 2003 et 2018, cela vous inspire quoi ?
Ouais (gêné...). Je suis fier de moi. C'est beaucoup d'effort. Tout le monde me pose la question de pourquoi je suis toujours resté à Montpellier. Parce que Montpellier est un grand d'Europe, et j'ai toujours voulu apporter au handball français. Quand j'étais jeune, je supportais l'OM-Vitrolles, j'espérais porter ces couleurs...Je suis très fier de porter les couleurs du handball français, que ce soit à travers Montpellier ou l'équipe de France. Apporter une deuxième Champions League au handball français, c'est beau. Et en quinze ans, j'y pensais de moins en moins, je pensais plus au championnat cette année. Mais c'est comme ça, et c'est très bien.
Cette victoire a-t-elle plus de saveur, du fait d'avoir vue la Champions League s'éloigner ?
A Montpellier, tout a un peu plus de saveur ces dernières années. On est moins favoris, comme quand on a fait le doublé coupe de la ligue-coupe de France il y a quelques années, quand tu gagnes moins, tu savoures d'autant plus. Les dernières victoires avec Montpellier, ce sont certainement les plus belles que j'ai connues. Et forcément, plus on vieillit, plus on se rapproche de la fin et plus on est fier de tout ça. Les émotions des derniers titres avec Montpellier, ça a été très, très fort.
Propos recueillis à Cologne par Kevin Domas