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C. Viudes : « Huit ans au Danemark pour un non-scandinave, c'est rarissime »

, par Lanfillo

Crédit photo : KIF Kolding

Le pivot Cyril Viudes, passé par Toulouse, Irun et Saint-Raphaël, a mis fin à sa carrière il y a quelques semaines après huit dernières saisons passées à Kolding, au Danemark. Il revient pour Handnews sur cette expérience rare pour un handballeur français.

On a parfois du mal à suivre les joueurs ou joueuses français lorsqu'ils s'éloignent de l'Hexagone, d'autant plus quand ils partent longtemps. Cyril Viudes, par exemple, a quitté la France il y a huit ans, et pas pour un championnat très médiatisé chez nous. En 2011, il a signé à Kolding, au Danemark, et y est resté. Huit ans, quand même, où il a tout connu, la joie des titres (champion en 2014 et 2015) comme les mois sans salaires, suite aux problèmes financiers de son club. Avant d'embrasser une nouvelle vie d'agent de joueurs, Viudes revient pour nous sur cette expérience très particulière. Voici la première partie du long entretien qu'il nous a accordé.

- Après huit ans à Kolding, vous avez joué votre dernier match il y a quelques semaines. Comment se sont déroulés ces adieux ?

- Ça a été très particulier dans mon cas. Au Danemark, on a un système de play-offs et de play-downs, et hélas, le club s'est pas mal effondré financièrement par rapport à ce qu'il était auparavant, et ça s'est ressenti sportivement. On s'est retrouvé à jouer les play-downs, après avoir évité la relégation directe pour un point, et on n'a pas réussi à ne pas finir dernier des play-downs, donc il a fallu jouer un match de barrages contre le deuxième de deuxième division. C'est le premier à deux victoires, et on a perdu le premier match à la maison. Là, je me suis dit merde, c'est mal barré... Finir sur une descente, ça m'aurait fait mal au cœur car j'ai quand même passé huit saisons à Kolding et c'est un club qui compte beaucoup pour moi. Je nous voyais perdre le deuxième match à l'extérieur, et terminer sur une défaite, une descente et à l'extérieur, alors que c'est plaisant de finir à domicile devant son public... Mais on est allé gagner à l'extérieur, de dix buts, et on a gagné le dernier match à la maison.

Ça fait huit ans que je suis au club, on a une salle de 5.000 places qu'on remplissait à chaque match il y a quelques années, et depuis 2-3 ans ça s'est un peu écroulé. On a un socle de supporters qui est très stable, qui nous suit même dans tous nos déplacements, mais on a une moyenne à 1.500-2.000 personnes par match depuis 2-3 ans. Et là, pour ce dernier match, c'était plein, il y avait une très belle ambiance. On a gagné alors que c'était une finale donc il y avait beaucoup d'enjeux, et évidemment on m'a remis quelques présents avant le match, on a bien fait la fête après le match avec le public, ça passait en direct à la télé donc j'ai eu droit à quelques reportages aussi... Donc ça a été un beau moment, qui aurait pu très mal se terminer, mais qui se finit très bien. Je suis très reconnaissant, il y a eu beaucoup d'émotions. Ce sont vingt ans de professionnalisme qui s'arrêtent, et quand on joue vingt ans, c'est qu'on aime.

« J'ai vendu le projet à ma femme comme quelque chose qui durerait un ou deux ans, on en a fait huit »

- D'autant qu'en jouant huit ans au club, les supporters devaient vous considérer comme un joueur emblématique...

- (Un peu gêné) Oui... Effectivement, huit ans là-bas, surtout pour un étranger et encore plus pour un non-scandinave c'est rarissime. Je suis resté parce qu'avec ma famille, on s'y sentait bien, sportivement et dans la vie de tous les jours. On a réussi à s'adapter au Danemark, ça valait le coup de continuer l'aventure. Et puis je me suis pris de sentiment pour ce club, les gens qui y travaillent, les fans, la ville... Et oui, quand on passe autant de temps, le public m'a remercié, m'a dit que j'étais un joueur emblématique, alors qu'il y en a d'autres... Bo Spellerberg est parti l'année dernière après avoir fait seize ans au club. J'ai été très touché, on m'a fait part de commentaires très positifs qui allaient au-delà de ce que je pouvais croire. On m'a dit que je représentais l'esprit du club, la combativité... Encore hier, j'ai dit que j'irai à la fête des supporters dans quelques jours alors qu'ils pensaient que je serais rentré en France, et j'ai eu plein de messages. C'est très touchant.

- Qu'est-ce qui vous avait fait venir au Danemark ?

- Il y a le goût de l'aventure déjà. J'avais joué en Espagne deux ans à Bidasoa Irun, et j'étais rentré en France, quatre ans à Saint-Raphaël. Et très brièvement, déjà le club de Saint-Raphaël ne voulait pas me conserver, donc je cherchais un autre club. Repartir à l'international, retenter une expérience à l'étranger avec ma femme qui allait accoucher de notre premier enfant... J'ai toujours vu le handball comme une passion, ça a été un métier aussi car dans le handball professionnel il y a beaucoup de sacrifices, mais j'ai aussi toujours vu ça comme une opportunité de voyager et de découvrir d'autres cultures. Partir au Danemark, c'était changer de culture, aller tenter quelque chose d'autre. Sincèrement, ça ne devait pas durer aussi longtemps, j'ai vendu le projet à ma femme comme quelque chose qui durerait un ou deux ans, on en a fait huit... Elle le dirait, elle ferait rire bien du monde parce que je l'ai bien entourloupé et tous les deux ans, j'arrivais avec un nouveau contrat...

Pour revenir sur comment ça s'est fait, un de mes meilleurs amis, Marco Oneto, qui jouait à Barcelone à l'époque, partageait le poste de pivot avec Jesper Noddesbo, que je connais aussi bien. Il m'a dit que le club où il jouait avant d'aller à Barcelone cherchait un pivot, défenseur, et qu'il pouvait me donner le contact si ça m'intéressait. Et ça s'est fait comme ça, par le réseau interne ! C'est moi qui ai contacté le club. J'ai appelé mon agent en lui disant que j'avais le contact, je ne me sentais pas encore assez confiant pour échanger en anglais donc on y est allé avec lui, et ça s'est bien passé.

- Vous n'imaginiez pas faire huit ans au club...
Contre Montpellier, en 2015. Crédit photo : Romain Polge

- Non. Mi-juin, après avoir fait la visite médicale et les premiers tests physiques, je pensais revenir avec une offre d'un an, tenter l'expérience avec ma famille. Je suis revenu avec une offre de deux ans. On a accepté, pour découvrir une autre culture, un autre handball. Je savais que le handball était le sport n° 1 au Danemark, et je n'ai pas été déçu de ce côté-là. Ce qui est venu se rajouter au bout d'un an, c'est que le club de l'AG Copenhague a disparu et a fusionné avec Kolding. On a récupéré quelques grosses stars, comme Kim Andersson, Kasper Hvidt, Lars Jorgensen... Les joueurs de Kolding avaient l'occasion de partir vu que de grands joueurs arrivaient, mais j'ai dit à ma femme que je restais, pour avoir l'occasion de jouer avec des joueurs contre lesquels j'avais déjà joué, et c'était une équipe qui pouvait aller très loin, et j'ai voulu prendre cette année d'expérience et voir où ça nous mène. Finalement, à force de beaucoup de travail et de beaucoup de perfection aussi sur l'adaptation, j'ai réussi à m'intégrer dans ce groupe, et à hausser mon niveau pour cadrer dans ce groupe, et on m'a proposé deux ans de plus, et de nouveau deux ans... Je pensais que cette association Kolding-Copenhague mettrait un terme à notre collaboration au bout de deux ans, et finalement j'ai gagné ma place là-dedans.

- Quel est votre meilleur souvenir au KIF ?

- Ah, voyons voir, il y en a beaucoup... Je pense que c'est en 2015, quand on gagne notre deuxième championnat de suite, et ma deuxième fille est née une semaine avant. En plus de ce titre, j'ai été élu meilleur pivot du championnat. J'ai rarement obtenu des distinctions individuelles, donc ça faisait beaucoup d'émotions positives avec le titre. Et puis avec la naissance de ma fille... Comme le public est assez proche de ses joueurs, j'ai eu droit à une petite ovation du public pour la naissance de ma fille, donc ça a été des moments très forts.

La deuxième partie de l'entretien paraîtra demain sur notre site.

Propos recueillis par Mickaël Georgeault

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