DontPlayThePlayers
Droit de réponse de l'AJPH
Suite aux propos tenus par Patrice Canayer, manager de Montpellier, en conférence de presse vendredi et relayés sur notre site ici, l'Association des Joueurs Professionnels de Handball a tenu à exercer son droit de réponse. Le voici.
Association des Joueurs Professionnels de Handball 5 Rue des Colonnes 75 002 Paris cedex
A Paris le 26/03/2019
Droit de réponse article Handnews : le 5 avril 2019, par Kevin Domas
L’AJPH a pris connaissance de l’article publié sur Handnews le 5 avril dernier, relatant les propos de Patrice Canayer, au sujet de la campagne #DontPlayThePlayers. Nous comprenons et respectons que la campagne #DontPlayThePlayers, portée par un grand nombre de joueurs et joueuses internationaux puisse prêter à débat et faire ressortir des avis divergents.
Il semblerait cependant que M. Canayer n’ait pas tout à fait compris le fond de la campagne et le sens profond de cette démarche. A la lecture de certaines approximations et interprétations, voire même attaques à notre égard, de la part du manager général du Montpellier Hérault Handball, nous avons souhaité réagir et rectifier certains points.
Pour remettre la campagne dans son contexte et bien positionner l’action décriée par Patrice Canayer, les joueurs et joueuses qui se sont investis dans cette campagne sont porteurs d’un message simple : alerter les instances sur les dangers du rythme infernal induit par les formats actuels (et futurs) de compétitions internationales et européennes mettant en péril l’intégrité physique et mentale des acteurs du jeu. Les joueurs et joueuses se sont placés dans une posture simple et honnête visant à demander à : - Réfléchir à des formules de compétitions qui permettraient une récupération adaptée à l’intensité et aux contraintes du handball moderne. - Offrir aux joueurs une place dans les prises de décisions au sein des instances internationales.
Dans ce cadre, les joueurs souhaitent adapter et raisonner sur des thématiques simples, comme par exemple :
- Arrêter les TQO sous forme 3 matchs en 3 jours
- Éviter les Final4 avec un enchaînement de deux matchs en deux jours
- Éviter un championnat du monde avec 10 matchs en 17 jours et de nombreux déplacements entre les différents sites (et pays) de compétition.
- Permettre aux joueurs de siéger au sein des instances internationales dans tous les travaux et décisions qui permettent de construire les compétitions et le Handball de demain.
Il semblerait que M. Canayer ait effectué un raccourci hâtif entre la campagne #Dont PlayThePlayers et la volonté des joueurs de jouer moins de matchs. A aucun moment, il n’a été mentionné le souhait de réduire le nombre de matchs par saison. Les joueurs et joueuses ne demandent pas à jouer « moins », mais demandent à repenser les formats de compétitions afin de respecter un temps de récupération raisonnable. Ce temps de récupération est nécessaire aux joueurs et joueuses pour pouvoir continuer à exprimer pleinement leurs capacités sans l’utilisation de produits prohibés... des capacités à exprimer leur handball au plus haut niveau indispensables à créer du spectacle, à remplir des salles, à attirer des téléspectateurs, important pour l’intérêt général du handball professionnel dont M. Patrice Canayer semble vouloir s’en faire le porte-parole.
Ce que défend la campagne #DontPlayThePlayers se base sur des statistiques de blessures mais également sur un avis médical partagé par la plupart des staffs médicaux. Pierre Sébastien, médecin de l’équipe de France, en janvier dernier avait d’ailleurs précisé : « On a l’impression de reculer de 15 ans à une époque où les matches s’enchaînaient. Puis nous avions obtenu qu’un jour de repos soit intercalé entre chaque match. Aujourd’hui, avec en plus l’engagement physique qui est supérieur et la vitesse du jeu, le risque de blessure est évident. Les joueurs ont besoin de plus de temps de récupération. »
Pour résumer, il semblerait que M. Canayer veuille stigmatiser cette campagne ainsi que l’AJPH et les joueurs que nous représentons autour d’un argument unique : vouloir jouer moins au détriment de l’intérêt général du handball (ou de l’intérêt des clubs semble-t-on comprendre).
Alors nous rejoignons M. Canayer, arrêtons l’hypocrisie.
Pour rebondir sur la métaphore employés/employeurs, nous avons nous, joueurs, également passé l’âge de croire que l’ensemble des employeurs ait à cœur le bien-être de leurs employés. L’AJPH évolue depuis 2004 dans un système où le pouvoir décisionnaire majoritaire est détenu en règle générale par les employeurs (les clubs). L’AJPH depuis 2004, tente de faire entendre la voix des joueurs, dans des groupes de travail, des commissions, des instances, où l’on assiste par exemple à des débats sur le passage à 16 qui pour certains clubs est la solution court-termiste pour pouvoir se maintenir. Il est également facile de défendre l’intérêt général du handball en conférence de presse, alors que dans les couloirs des instances européennes, certains clubs semblent avoir fait partie des fervents défenseurs de la réforme de la Ligue des Champions, imposant à nouveau de multiples matchs, fragilisant notre calendrier national sans par exemple améliorer en amont les conditions de déplacements.
Pour en revenir au Hand Star Game, l’AJPH en groupe de travail calendrier (dans lequel elle n’a d’ailleurs jamais eu le plaisir de siéger aux côtés de Patrice Canayer au titre de représentant des entraineurs) a effectivement notifié que mettre 12 000 personnes dans une aréna lors de la dernière édition n’était pas anodin... dans un but de développement médiatique et populaire de notre activité où l’ensemble des clubs professionnels pouvaient être valorisés.
Pour finir, nous restons à l’entière disposition de M.Canayer pour lui présenter les idées que nous portons: ces idées qui tentent de trouver un équilibre entre la préservation de l’intégrité physique et mentale des joueurs et l’intérêt général de notre sport. Car préserver ceux et celles qui offrent chaque semaine un spectacle dans nos salles de hand, ceux et celles qui permettent un rassemblement populaire, ceux et celles qui participent à générer des revenus billetterie, merchandising, et des audiences TV, c’est aussi ça l’intérêt général du handball professionnel. Et nous ne sommes évidemment pas contre l’idée de mutualiser des idées.
Bastien Lamon