EdF (M)
Du bronze, en attendant mieux
Au bout du suspens, l'équipe de France a été arracher la médaille de bronze du championnat du monde à la dernière seconde de sa rencontre face à l'Allemagne (26-25). Sa quatrième de suite, la vingtième de son histoire.
L'explosion de rage de Nikola Karabatic, hurlant face au kop rouge de Herning, était à la mesure de la frustration née de la défaite en demi-finale face au Danemark. Piétinée vendredi, l'équipe de France, à défaut d'avoir pratiqué son plus beau handball, a en tout cas sorti ses tripes pour aller chercher la médaille de bronze, sa deuxième en deux ans. Il a fallu batailler, face à une Allemagne qui a longtemps dominé son sujet avant que Didier Dinart ne décide de changer son fusil tactique d'épaule. Là où il avait subi à Hambourg, le coach français a décidé de repositionner Kentin Mahé sur la base arrière, redonnant du peps à son équipe. "Dans le vestiaire à la pause, cela n'a pas chauffé, on ne s'est pas dit les choses. On voulait juste mettre plus d'intensité, plus de vitesse pour mettre leur défense en difficulté" soulignait le demi-centre. Didier Dinart avait choisi de l'aligner sur le poste d'ailier gauche en début de match, il a dû se rendre à l'évidence, le joueur de Veszprem représente actuellement sa meilleure carte sur le poste. C'est lui qui a sonné la révolte, lui qui a rameuté les troupes et s'est affirmé en leader, à un point qu'il n'avait pas affiché avant cette compétition.
Elle a pu faillir dans le jeu, pas dans les têtes
C'est peut-être ce qu'il faudra retenir de cette campagne mondiale et de cette finale pour la médaille de bronze. Non, comme Nikola Karabatic l'a justement souligné, l'équipe de France "ne joue pas toujours le plus beau handball", oui il lui arrive d'alterner le très bon et le très mauvais en l'espace de dix minutes, mais on ne pourra pas lui reprocher d'avoir déposé les armes et ce, à aucun moment. Encore ce soir, quand Cyril Dumoulin est sorti, touché au genou, et que les Allemands menaient de quatre buts, elle n'a pas baissé la tête. "Ces deux derniers jours ont été un vrai combat humain. Vendredi, on avait tous la tête baissée, encore aujourd'hui, il se passe beaucoup de choses. Mais on a montré qu'on ne se laissait pas faire et qu'on avait du caractère" notait Luc Abalo. Ce caractère permet aux bleus de compenser leurs manques dans les moments difficiles. Parfois, cela ne suffit pas. D'autres fois, la jeunesse, reprend le dessus. Et, comme vendredi, l'équipe de France peut aussi tomber sur bien plus forte qu'elle.
"On a besoin de temps ensemble"
Cet état d'esprit conquérant, elle va en avoir bien besoin dans les mois qui viennent, alors que le programme s'annonce bien chargé. "Un Euro, un TQO, peut-être les Jeux. Cette médaille de bronze représente le début d'un cycle d'un an et demi" énumère Michaël Guigou. Le groupe de vingt joueurs qui a préparé l'Euro, auxquels il faut ajouter Nikola Karabatic, devait ne pas bouger ou presque jusqu'aux Jeux. Il est empli de talent et, déjà, d'expérience individuelle, il va désormais falloir lui construire un vécu. Le bronze de l'Euro l'an passé en était la première pierre, celle de cette année en est la deuxième. "Cette médaille a un goût différent de celle de l'an dernier. Cette fois, on a été battu par plus fort que nous, on a moins de regrets. J'ose espérer qu'on a progressé, mais on aimerait toujours que ça aille un peu plus vite. On a besoin de temps ensemble, de travailler" dit Valentin Porte. A force d'avoir vu ses ainées empiler les trophées, cette équipe de France pourrait finir frustrée de n'attraper que le bronze. Elle devrait juste se dire que celle-ci annonce des jours encore meilleurs.
Les statistiques :
ALLEMAGNE - FRANCE 25:26 (13:9) Arbitres : D. Santos/R. Fonseca (POR)
ALLEMAGNE : Heinevetter (1 arrêt / 3 tirs dont 0/1 pén), Wolff (12 arrêts / 31 tirs dont 1/3 pén); Gensheimer (7/8 dont 1/2 pén), Lemke (0/1), Wiencek (2/2), Suton (0/1), Wiede (2/4), Pekeler (1/1), Weinhold (1/1), Fäth (2/3), Groetzki (1/4), Häfner (0/2), Musche (1/1 dont 1/1 pén), Böhm (1/3), Kohlbacher (3/4), Drux (4/6)
FRANCE : Dumoulin (2 arrêts / 9 tirs), Gérard (8 arrêts / 25 tirs dont 1/3 pén); Rémili (2/3), Lagarde (0/2), Richardson (2/6 dont 2/3 pén), Mem (2/5), N. Karabatic (2/5, Mahé (7/8 dont 1/1 pén), Grébille, N’Guessan (3/7), Abalo (3/6), Guigou (1/1), L. Karabatic, Fabregas (3/4), Dipanda, Porte (1/1)
A Herning, Kevin Domas