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France et Danemark, amis mais pas trop
L'équipe de France retrouve le Danemark en demi-finale du championnat du monde, demain à Hambourg. Le énième épisode entre deux équipes dont les chemins se croisent et se recroisent.
Dix fois en deux ans et demi. Si vous vouliez savoir à quel point Français et Danois se connaissent par coeur, on vous donne le chiffre. La demi-finale du championnat du monde 2019 sera la onzième confrontation entre les deux équipes depuis janvier 2016. Entre temps, tous les rendez-vous n'ont pas eu la même importance. Entre les matchs de Golden League qui n'intéressent pas grand-monde et la finale olympique de Rio, en passant par le match pour la médaille de bronze en janvier dernier à l'Euro, le grand écart est grand. "Le Danemark et la France, ce sont les meilleurs ennemis du handball mondial, c'est comme jouer contre ton frère" sourit Philippe Bana, le directeur technique national. Des frères pour qui la dernière grande bataille remonte à il y a deux ans et demi au Brésil. A l'époque, les Danois l'avaient emporté, brisant le signe indien qui les voyait irrémédiablement échouer dans les finales face à l'équipe de France. L'affront ultime remontant à janvier 2014, quand les tricolores les avaient piétinés en finale de LEUR euro, dans LEUR sanctuaire d'Herning. "Il y a eu tellement de France-Danemark qu'on ne peut pas dire que ce soit anecdotique mais bon..." minimise Nikola Karabatic, avant que Guillaume Gille nous invite à ne pas nous focaliser sur l'épisode brésilien : "Beaucoup de joueurs n'étaient pas là il y a deux ans, pour eux, cela ne veut pas dire grand-chose. En tant qu'entraineur, cela fait partie du répertoire qu'on aime revisiter, mais il y a eu énormément de changements depuis."
Hier midi, quand les deux équipes se sont croisées dans l'hôtel qu'elles partagent, Mikkel Hansen a embrassé Nikola Karabatic, tout le monde s'est dit bonjour. Ils ne sont peut-être "pas les meilleurs amis du monde" comme le dit Vincent Gérard, mais entre les deux formations, il y a du respect. Beaucoup de respect. Il y en avait même un peu trop quand Nikolaj Jakobsen, lors du simulacre de conférence de presse organisé par l'IHF, a qualifié la France de "meilleure nation handballistique du monde." Le sélectionneur danois, dont l'équipe a dominé assez aisément ses huit adversaires depuis la quinzaine, osait même un "si nos joueurs clés sont dans un très bon jour, nous aurons peut-être une chance." Histoire, gentiment, de faire passer les Français pour les favoris de cette demi-finale. Quelques minutes plus tard, le retour de service signé Guillaume Gille était tout aussi subtil, mais tout aussi clair. L'adjoint de Didier Dinart rappelait qu'après tout, l'histoire était déjà presque écrite. "Les deux pays co-organisateurs, l'Allemagne et le Danemark, se sont préparés un programme aux petits oignons, et c'est tant mieux pour eux. Mais les expériences passées nous disent que les choses prévues à l'avance ne se déroulent pas toujours comme on le pensait" prévient Guillaume Gille.
La France a-t-elle les moyens d'être le grain de sable qui viendra gripper la belle mécanique entrevue jusqu'alors ? Il faudra pour cela montrer plus de constance sur soixante minutes, que cette équipe grandisse encore vite, car elle n'a plus le temps d'apprendre, désormais. Depuis le début de la compétition, elle a produit de très bonnes choses, parfois galéré dans les moments chauds, parfois géré avant de se montrer sous son plus mauvais jour lors de sa dernière sortie face à la Croatie. "On a vu de sales têtes après cette défaite. Quelque part, je pense que les Croates nous ont rendu service. Ce matin, au réveil, les visages étaient concentrés, déjà plongés dans cette demi-finale" appuyait Bana. Les Français ont même décidé d'être la seule équipe à s'entrainer à huis-clos en arrivant dans le nord de l'Allemagne hier soir, tandis que les trois autres équipes du carré final préféraient le parquet de la Barclaycard Arena. Signe que, dans leurs têtes en tout cas, on est bien loin des duels insignifiants de Golden League.
A Hambourg, Kevin Domas