EdF (M)
Une gifle et des questions
L'équipe de France a sombré hier au Portugal, dans le premier de ses deux matchs de la semaine. Battue de six buts (27-33), elle va devoir se poser les bonnes questions.
Comme une impression de déjà-vu. Il suffit de remonter de deux mois et demi et arrière, de remonter un peu plus au nord et de revenir à la demi-finale du dernier championnat du monde. Face au Danemark, l'équipe de France avait coulé (38-30), incapable de trouver la solution face à Mikkel Hansen et à sa bande. Hier, l'adversaire portugais était sans doute bien moins dangereux sur le papier, mais l'addition a été la même. Six buts d'écart à la sirène, une défense aux abois, des gardiens pas aidés mais pas décisifs non plus, des échecs offensifs à la pelle et une défaite qui fait mal à la tête. Les Français ont-ils pris de haut leur adversaire ? Si, sur les images, les partenaires de Gilberto Duarte ont surtout paru euphoriques, c'est en tout ce qui semble ressortir du discours de Valentin Porte après la rencontre. "On n’a pas compris que lorsqu’on se déplace chez des adversaires censés moins forts, je pense à la Roumanie, à la Lituanie et à la Belgique, nous avons toujours lutté et parfois même, nous nous sommes fait peur. Mais ce soir face au Portugal, qui a de grosses qualités, on a été surpassés. 6 buts d’écart, c’est juste une leçon" soulignait le gaucher en zone mixte, appuyé par Kentin Mahé qui soulignait qu'il "fallait respecter l'adversaire et que, ce soir, on ne l'a pas fait." Déjà, en octobre dernier en Roumanie, les Bleus étaient passés à côté de leur début de match, butant sur un Mihai Popescu en chaleur. Mais ils avaient su trouver les solutions pour renverser la vapeur et l'emporter, au final assez largement (31-21). Hier, il n'en a rien été.
Les raisons ? On ne pourra que pointer la défense en berne, en manque d'agressivité en seconde période après avoir passé une mi-temps à chercher la solution sur le jeu à sept portugais. Dans ce secteur, Didier Dinart bat sa coulpe : "Je préfère penser que c’est dans mon sens, dans la façon de gérer le collectif et l’approche tactique. Les joueurs sont certes les premiers acteurs mais l’identité et le ton d’une équipe dépendent souvent de son entraîneur." Façon de protéger son groupe de la part du sélectionneur tricolore ? Ou simple constat ? On peut en tout cas noter que, même si son équipe était en grand danger, Dinart n'a posé son temps-mort qu'à la 28ème minute et que, dans un soir de telle gabegie derrière, Adrien Dipanda, pourtant appelé pour amener ses qualités défensives, n'a pas eu voix au chapitre. Cédric Sorhaindo, le capitaine, n'a pas apporté grand-chose non plus, et les Bleus, dépassés tactiquement, ont surtout manqué d'un leader, d'une voix pour les rassembler. Nikola Karabatic, rassembleur en chef laissé au repos, ne pouvait pas y faire grand-chose depuis sa chaise derrière le banc. Et on a eu la désagréable impression, comme pendant le championnat du monde, que personne n'était là pour remettre d'aplomb le bateau qui tangue. Le coach bleu, s'il semble vouloir prendre l'échec pour lui, est loin d'en porter la responsabilité sur ses seules épaules. La capacité de ses hommes à se motiver et se surpasser dans un contexte piégeux ne dépend pas que de ses mots. Mais ce sera à lui de trouver la méthode pour remettre ses troupes dans le bon sens, avant la deuxième manche dimanche après-midi à Strasbourg. Où on attend non seulement une victoire, mais également une manière bien différente, comme le résume Valentin Porte : "J’aimerais qu’on arrête de parler et qu’on grandisse rapidement. Non, dimanche, il ne faudra pas répondre. Il n’est pas question de sursaut d’orgueil. Il faudra agir et ne pas se faire surprendre."
Kevin Domas (avec FFHB)