EHF Cup (M)
Aleksa Kolakovic, apprentissage en accéléré
Le jeune demi-centre de Saint-Raphaël Aleksa Kolakovic a du temps de jeu plus souvent qu'à son tour depuis le début de l'année 2019, à cause de la cascade de blessés qui s'abat sur son club. Pour sa première année pro, il remplit pour l'instant sa mission de manière honorable.
A 21 ans, dans le handball, et à moins de s'appeler Melvyn Richardson ou Dika Mem, il y a des jours où ça sourit. Et d'autres où ça sourit moins. Et pour Aleksa Kolakovic, le jeune demi-centre serbe de Saint-Raphaël, c'est exactement comme cela que les choses se passent actuellement. Le weekend passé, en coupe EHF, il inscrivait sept buts sur le terrain de Balatonfüredi, pour ce qui reste la meilleure performance offensive de sa carrière professionnelle. Mais trois jours plus tard, face à Montpellier, il a fait comme ses coéquipiers. Il a sombré. 1/6 au shoot, deux pertes de balle, le genre de soirée à oublier. "Avec les absents, on essaye de boucher les trous aussi bien qu'on puisse le faire. Parfois ça passe mais certains soirs, c'est plus compliqué" nous disait-il en début de semaine, au retour du voyage en terre hongroise. Depuis le début de l'année civile, celui qui possède la nationalité serbe mais est né à Podgorica (Monténégro) doit compenser la blessure de Dani Sarmiento. Au vu de la situation et de la nouvelle blessure de l'Espagnol mercredi, cela risque de se poursuivre un certain temps. "Le coach nous fait confiance, même s'il n'a peut-être pas trop le choix. Il n'hésite pas à nous donner des responsabilités car il sait ce dont nous sommes capables" continue Kolakovic. Etre entouré par les anciens, comme Adrien Dipanda ou Sarmiento, justement, est un vrai bénéfice à l'entendre. "Ils me recadrent, n'hésitent pas à me dire ce que je ne fais pas bien. J'ai besoin de ça, je recherche le conseil, tout le temps à l'entrainement. Il n'y a que comme ça qu'on progresse" appuie-t-il.
Un héritage parfois lourd à porter
Et si, à l'entrainement, il peut compter sur ses coéquipiers, après les matchs, c'est sa mère, Sandra, qui se charge du débriefing. Médaillée de bronze avec la sélection serbe en 2001, elle a ensuite pris les rênes de l'équipe nationale, notamment lors de l'Euro 2006. Et elle n'hésite pas à dire au fiston quand les choses ne vont pas. "Elle regarde tous les matchs de coupe d'Europe puisqu'une chaine en Serbie diffuse la coupe EHF. Pareil, elle regarde aussi beIN pour le championnat et j'ai le droit à mon petit coup de téléphone après pour me dire ce qui n'a pas été" sourit-il. Il faut dire que la culture de l'excellence, chez les Kolakovic, on connait. Le grand-père a été sacré champion olympique avec la Yougoslavie en 1972 tandis que le père a conduit la sélection serbe de volley au titre européen en 2011, un an après avoir été le bronze mondial. "C'est sûr que, des fois, j'aimerais être quelqu'un de normal, parce que cet héritage ajoute beaucoup de pression. Chez nous, en Serbie, on n'a pas le droit d'être moyen. Mais c'est aussi une immense fierté de continuer l'héritage familial" avance celui qui n'a pas encore eu la chance d'être appelé avec les A. Nul doute que s'il continue son ascension, il y aura le droit un jour ou l'autre. Mais pour le moment, c'est encore le temps de l'apprentissage pour lui. Avec beaucoup de temps sur le terrain, plus peut-être qu'il ne l'aurait espéré. Mais après tout, à 21 ans, on prend ce qu'il y a à prendre et on ne se pose pas cinquante questions. "L'apprentissage, il se fait en accéléré. On manque d'expérience et c'est d'autant plus dur quand les plus anciens ne sont pas là. Mais pour l'instant, les choses ne se passent pas trop mal" conclut-il. Pas trop mal, quand le très haut niveau exige l'excellent, tout le temps. Mais c'est une haute marche à franchir quand on n'a que 21 ans.
Kevin Domas