Après leur victoire à Montpellier lors de la première journée de Ligue des Champions, les joueurs du Vardar accueillent Porto ce dimanche. L'occasion pour les champions d'Europe en titre de retrouver leur passionné et bouillant public. Ce sera également la première à domicile en compétition européenne pour le tout nouveau coach David Pisonero, un entraîneur qui reste plutôt méconnu.
La fibre espagnole du Vardar
Il est évident de reconnaître l'attrait du club macédonien envers les coachs espagnols. En effet, depuis 2014 le président russe Sergey Samsonenko a constamment fait appel à des entraîneurs ibériques, avec le succès qu'on connaît. Raúl González d'abord, puis Roberto García Parrondo l'an passé, ont permis au club de Skopje d'élever le club à la cime du continent. Il n'est donc pas étonnant que, suite au départ de Parrondo l'été dernier, Samsonenko ait décidé de miser de nouveau sur un coach espagnol. L'heureux élu se nomme David Pisonero, et force est de reconnaître qu'il ne s'agit pas du tacticien espagnol le plus reconnu.
En se penchant en détails sur le CV de Pisonero, on s'aperçoit qu'il n'a coaché au plus haut niveau que le club de Valladolid, depuis 2017. Le choix de Samsonenko peut donc paraître bien surprenant, Valladolid n'étant qu'un club de milieu de tableau d'une ligue Asobal qui s'essouffle d'année en année. Cela étant, Valladolid rime avec école de hand, rappelons que sont issus de cette institution des maîtres comme Juan Carlos Pastor ou le précédemment nommé Raúl González. Parrondo lui-même a bu de ce lait, ayant évolué comme ailier durant 7 ans au sein du club castillo-léonais. De belles références, donc.
Un choix qui suit une certaine logique
Ce choix n'est donc pas anodin. Et ce malgré le peu de références que peut proposer ce nouveau coach. Et par ailleurs, quelles étaient les références de Parrondo entraîneur avant de prendre les rênes du Vardar la saison passée ? Pouvait-on légitimement penser que le club macédonien allait de nouveau régner sur l'Europe avec un entraîneur aussi peu expérimenté ? On connaît la suite. Vardar a donc privilégié une certaine continuité. Comme le dit lui-même Pisonero dans une interview accordée au journal Marca, "Pour que je puisse accepter ce poste en n'ayant qu'une modeste expérience en Asobal, deux conditions devaient être réunies : d'une part, que le club ait l'intention de continuer avec le système de jeu actuel, et d'autre part que les personnes au sein du club connaissent ma façon de travailler".
Pisonero était toutefois conscient de l'instabilité économique et des rumeurs autour du club macédonien au moment de signer. Mais depuis, Samsonenko a annoncé qu'il restait à la tête du club, et l'hémorragie en terme de départs a été partiellement limitée. "Sportivement parlant le club a connu une période difficile et a vécu une reconstruction d'effectif, avec de nouveaux joueurs qu'il faudra incorporer à la dynamique de jeu. Ceci est le défi qui m'attend", confie-t-il encore à Marca. Si des pièces maîtresses comme Karacic, Ferreira Moraes ou Milosavljev ont quitté le navire à l'intersaison, d'autres joueurs sont finalement restés à bord du bateau malgré les rumeurs (Cupic, Dibirov, Kalarash) tandis que Kristopans ira jusqu'au bout de son contrat. Et Pisonero pourra compter sur l'apport de recrues intéressantes, comme Atman ou De Toledo, afin de perpétuer la tradition au niveau du style de jeu.
Peu de temps d'adaptation
Dans un club avec de telles exigences, Pisonero n'aura pas vraiment le droit à un temps d'adaptation conséquent et devra faire ses preuves rapidement. Il le sait très bien : "Quand tu arrives dans un club dont l'objectif n'est pas de gagner le titre, mais plutôt de répéter le titre, tu sais d'entrée de jeu où tu mets les pieds". La marge d'erreur se retrouve donc réduite, et pour cela Pisonero cherchera à s'inspirer du travail de ses prédécesseurs : "Je serais bête de ne pas profiter de l'excellent travail mis en place par mes concitoyens. Raúl a eu beaucoup de mérite, c'est lui qui a démarré et créé tout ça. Il a su imposer aux joueurs un système de jeu bien défini. Le club comme les joueurs ont continué par la suite de croire en ce système. J'ai trouvé un groupe qui a gagné avec ce schéma de jeu et souhaite continuer de travailler de la sorte. Pour moi cela constitue un point de départ très simple".
Une chose est sûre, le nouveau coach a déjà trouvé ses marques et se sent à son aise dans la capitale macédonienne. Il a découvert "un grand club, organisé pour remporter la Champions League, quelque chose à laquelle je ne suis pas habitué. Le handball se vit d'une manière différente ici, on sent qu'il est suivi avec passion et ferveur et que c'est un sport très présent dans la société. C'est un luxe de pouvoir profiter de cela au quotidien".
Un double challenge attend donc Pisonero cette saison : sur le plan collectif, assumer le statut de tenant du titre et amener le Vardar au plus haut possible, et sur le plan individuel se faire un nom dans l'échiquier des nombreux entraîneurs espagnols présents au plus haut niveau.