LdC (M)
Le Vardar, machine à miracle
Le Vardar Skopje a remporté, pour la deuxième fois en trois ans, la Champions League, en battant Veszprem en finale (29-27). Un succès porté par les tripes et le coeur.
Laszlo Nagy est en pleurs, sur le banc de touche, la tête enfoui dans sa serviette. C'est fini, il ne remportera jamais la Champions League avec Veszprem. Il s'y est sans doute vu, comme il y a trois ans, quand le club hongrois avait perdu face à Kielce dans la plus folle des finales. Ce soir, le scénario du match portera moins à regrets. Oui, tout le monde voyait Veszprem favori de ce Final Four, encore plus après l'élimination de Barcelone hier. Mais à Skopje, les pronostics, on ne connait pas. Et on se permet surtout de secouer l'arbre du handball européen, sans pitié pour les légendes à la Nagy, ou pour les grands noms à la Veszprem. "Je sais même pas comment on a fait pour gagner. Quand on est arrivé vendredi, tout le monde nous voyait prendre deux grosses défaites. Et finalement, on rentre avec les bagages un peu plus lourds" éclate de rire Stojanche Stoilov en montrant la coupe qu'il porte à bout de bras. Quel est le secret de cette équipe ? A écouter les acteurs, il n'y en a pas. Ils ont beau ne pas avoir été payé depuis des lustres, ne jouer qu'avec une petite dizaine de joueurs, "ce qu'ils font est incroyable" appuie Kentin Mahé. "Les mecs, ce sont des machines, ils n'ont jamais tremblé, même quand on est revenu. Respect à eux."
Cette bande de copains venus des quatre coins des Balkans et même plus loin a donc fait la seule chose qu'il lui restait à faire : elle a joué au handball. Elle a, toute la saison, fait mentir les prédictions et fait parler d'elle pour des histoires que d'autres clubs auraient considérées comme grotesques. Un exemple : le gardien Strahinja Milic viré pour surpoids en début de saison ? C'est presque du petit lait pour les Macédoniens, tant ils ont dû traverser d'épreuves depuis un an. "On est comme une famille, on ne se pose pas de questions, on joue avec le coeur. Hier soir, on était tous fatigué, on s'est regardé et on n'a pas eu besoin de parler : on savait tout ce qu'on avait à faire" continuait le géant letton Dainis Kristopans, magistral dans le money-time ce soir, comme il l'avait été hier. De lui est venu le salut, mais aussi de Kalifa Ghedbane, un illustre inconnu algérien qui, entré en début de seconde période, a réalisé quelques arrêts importants. Avant que son collègue, Dejan Milosavljev, n'en fasse de même pour permettre à ses coéquipiers d'exulter. Et le public hongrois, pourtant magistral tout le weekend, s'est tu. Et sept mille personnes qui se taisent, ça fait du bruit. "Ils ont été incroyables tout le weekend, c'était du jamais-vu" soulignait Mahé à propos des fans de Veszprem. Eux savent que, la saison prochaine, leur club tiendra encore debout et qu'un voyage à la Lanxess Arena est envisageable. Pour Skopje, tout est beaucoup plus flou. Certains partiront (Moraes, Milosavljev, Karacic, Borozan,Kiselev), comme tous les étés, pour aller chercher des conditions plus confortables ailleurs. D'autres resteront, comme le Kristopans, puisque le club devrait repartir pour un tour l'été prochain et, de son propre aveu, ne pas le laisser partir pour Paris. Le président, Sergey Samsonenko, avait laissé entendre que le club pourrait couler il y a quelques mois. Une péripétie de plus dans l'histoire du Vardar. Cette usine à miracles.
A Cologne, Kevin Domas