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P. Canayer : "Pas possible de se rater deux années de suite"
Après le championnat il y a dix jours, c'est la Champions League qui reprend ses droits à partir d'aujourd'hui. Après son exercice raté la saison passée, Montpellier, vainqueur de l'épreuve en 2018, reçoit le Vardar Skopje pour sa première cet après-midi. L'occasion de faire le point avec le manager Patrice Canayer, moins de 48 heures après la défaite à Nîmes en championnat.
- La défaite de mercredi a-t-elle été dure à digérer ?
- Oui. Une défaite d’un but n’est jamais facile à digérer, mais le contexte du derby la rend encore plus dure. Il y a un sentiment de gâchis. On avait l'impression d’avoir fait la plus grosse partie du chemin, en revenant après la première période qui n’était pas bonne. Mais on avait réussi à limiter les dégâts sans s’énerver. On a ce temps-fort qui nous donne trois buts d’avance, mais on fait n’importe quoi dans les six dernières minutes. On fait trop d’erreurs, trop de bêtises stupides et c’est ça qui est frustrant. Il y avait de la colère et de la frustration.
- A quoi peut-on attribuer cette mauvaise fin de match ?
- Surtout pas aux arbitres, c’est ce que j’ai dit aux joueurs. L’arbitrage a été correct dans les dernières minutes, comme pendant toute la partie. Si j’avais la réponse, ça serait simple. Je vois des erreurs graves, bêtes. Je prends le temps-mort, je donne l’enclenchement et on se trompe, sur une balle de match. On fait des erreurs stupides sur des placements en défense. C’est le constat. Je disais qu’on ne maitrisait pas notre comportement en compétition. Deux choses m’interrogent : notre entame de match où on ne dégage pas la puissance nécessaire, et la fin de match. Mais il y a du positif, on ne s’est pas énervé, on a bien géré temps faible. Mais, par moments, ce qu’on dégage est insuffisant en termes de concentration et d’engagement mental.
- Y’a-t-il des similitudes entre le match de mercredi et ce qu’on a pu voir au Trophée des Champions ?
- C’est vrai, là aussi on avait été timoré contre Paris à l’entame. J’attends beaucoup plus de certains joueurs dans l’expression individuelle, dans le leadership, la capacité à faire la différence. C’est un des enjeux majeurs de notre saison. Marin Sego s’est comporté comme un cadre, il est rassurant, mais on ne peut pas faire avec un seul joueur. Il faut progresser dans ce qu’on dégage.
"Nos joueurs majeurs doivent dégager plus de sérénité et d'engagement"
- Vous pensez à Melvyn ?
- Oui, mais plus globalement, pour moi, il y a Marin et les autres. Dans l’efficacité et surtout la maturité dégagée. Il y a de la combativité mais c’est insuffisant par rapport à ce qu’on attend. Nos joueurs majeurs doivent dégager plus de sérénité et d’engagement. On a besoin que Diego Simonet soit le vrai meneur, que Jonas soit le vrai défenseur dont on a besoin et le vrai attaquant. Quand tu te fais arrêter le ballon à deux mains dans les quatre premières minutes, ça ne te met pas en confiance. J’ai beaucoup confiance en eux, mais il faut que ça monte en puissance.
- Peut-on trouver des raisons ?
- La pression, plein de choses. Ce qu’on voit en match ne correspond pas à ce qu’on voit à l’entrainement. Je suis en phase avec ce groupe, j’ai une grande confiance en lui mais il a besoin de se révéler. Il faut que les joueurs majeurs prennent les clés. Il faut qu’on soit un peu plus dans l’exigence réciproque, que les joueurs soient exigeants entre eux. Plutôt qu’à la fin de match, on se plaigne des arbitres, je préférerais que les joueurs se disent, en interne, qu’untel ou untel n’a pas fait ça. Histoire de tirer tout le monde vers le haut. C’est une des clés des équipes fortes. C’est plus difficile quand une équipe ne se connait pas trop, mais on y travaille.
- On parle d’une nouvelle équipe, mais ceux qui sont restés ont-il encore une cicatrice du parcours en Champions League de la saison passée ?
- Il y a deux catégories de joueurs. Ceux qui sont arrivés et qui sont neufs par rapport à l’histoire du club. Marin Sego est arrivé, il a posé ses valises et il montre aujourd’hui que quand tu vas chercher un gardien du top 10, il apporte un côté rassurant. Yanis et Hugo sont, pour l’instant, à la hauteur de ce qu’on attend. Gilberto a beaucoup de qualité mais il est court physiquement, ce qui m’amène à limiter son utilisation. Mais le savoir-faire est là. Ceux qui sont restés sont ceux qui ont été champions d’Europe avec Montpellier et on aimerait bien qu’ils soient au niveau qui nous a amenés à ce titre. Ils doivent être des joueurs majeurs dans notre dispositif, dont on attend beaucoup. Collectivement, on a raté notre campagne la saison passée, on en est conscient mais tout le monde, joueurs comme staff, est déterminé à montrer autre chose.
"Pour moi, le Vardar est la meilleure équipe d'Europe"
- Votre équipe est-elle en mesure de contester le Vardar ce weekend ?
- Pour moi, sans aucun doute, le Vardar est la meilleure équipe d’Europe. On fait des caisses avec Barcelone, avec le Paris Saint-Germain, mais le Vardar, sur les trois dernières saisons, ce sont deux Champions League et une demi-finale perdue d’un but. Tout en étant un club en crise, dans un psychodrame permanent, à ne pas être payé et je ne sais quoi d’autre. C’est la meilleure équipe européenne aujourd’hui dans sa force mentale, la plus dure à jouer. J’ai un immense respect pour ceux qui composent cette équipe. Ils sont sous-côtés à un point effarant. En foot, Barcelone ferait ça, tout le monde se pâmerait.
- Et votre équipe, alors ?
- Je crois que c’était important de le dire quand même ! J’aimerais que Montpellier soit aussi dur à jouer que le Vardar. Mais je pense qu’on est capable de les embêter. Le Vardar est une montagne mais j’attend qu’on l’ébranle et qu’on la fasse tomber.
- Le nouveau format de la Champions League pour 2020/21 change-t-il quelque chose ?
- Je n’y pense même pas. Il faut être bon pour être bon maintenant, on est dans la compétition, on ne prépare rien. Montpellier s’est pris les pieds dans le tapis en coupe d’Europe la saison passée, et il n’est pas possible de le faire deux années de suite. Le président a fixé la barre à une hauteur raisonnable, sortir des poules. Le challenge est très clair, on a un objectif de progression par rapport à la saison passée et compatible par rapport à nos moyens.
Propos recueillis par Guillaume Bresson
Soussi et Truchanovicius out plusieurs semaines
Outre la défaite, la défaite à Nîmes mercredi a laissé des traces côté héraultais. Souffrant "d'un gros choc sur une cheville déjà douloureuse, mais sans entorse", le Tunisien Mohammed Soussi devrait être absent entre quinze jours et trois semaines. Le Lituanien Jonas Truchanovicius, quant à lui, devrait en savoir plus sur son indisponibilité en début de semaine prochaine. Touché aux ischio-jambiers, il sera absent au minimum quinze jours. Patrice Canayer devra donc faire sans deux de ses trois arrières gauches pour au moins les deux prochaines semaines.
Montpellier HB - Vardar Skopje à 17h15 (en direct sur beIN Sports 3)K.D.