Mondial 2019
Une nouvelle formule, pas une bonne nouvelle
Comme son pendant masculin, le championnat du monde féminin se jouera avec une nouvelle formule cette année. Pas une bonne nouvelle pour qui que ce soit, sauf pour l'IHF.
Les joueurs de l'équipe de France masculine étaient montés au créneau après le championnat du monde en janvier dernier, pour se plaindre du système de compétition qui augmentait le nombre de matchs. Mais surtout, qui mettait en danger leur santé, alors que la compétition avait entrainé un nombre de blessures graves encore jamais vu auparavant. Verra-t-on les cadres de l'équipe de France se plaindre, à raison, pendant le prochain Mondial féminin ? En tout cas, celui-ci se jouera lui aussi avec une formule différente, avec la réapparition d'un tour principal après le tour préliminaire. Ce retour à l'ancien temps (ce système était en vigueur jusqu'en 2009) fait le bonheur de l'IHF, qui s'assure un nombre de matchs plus importants avec les nations dont les télévisions mettent le plus d'argent sur la table. Mais du côté des joueurs et des entraineurs, on est bien moins ravi. "C'est bien, la Norvège et le Danemark auront plus de matchs, donc l'IHF et les télés seront contentes. Mais pour nous, c'est une véritable interrogation. Un match de plus, dans un contexte aussi chargé pour des joueuses qui disputent la Champions League en club, ce n'est pas anodin" déplore Olivier Krumbholz. La saison régulière a déjà fait son lot de malheureuses, entre Andrea Lekic (Serbie), Nora Mørk (Norvège) et Laura Glauser (France). Sa coéquipière à Metz Manon Houette fait partie des joueuses les plus sollicitées au cours de la saison. Et un tel programme n'est pas fait pour la rassurer. "Ces douze matchs en trois semaines, cela fait un bout de temps que j'y pense. Il apparait évident que l'équipe qui ira au bout sera celle qui sera la plus fraiche physiquement, celle qui sera capable de jouer le mieux le plus longtemps possible" dit-elle, avant d'ajouter : "De toute façon, c'est pour tout le monde la même chose, alors ça ne sert à rien de se plaindre."
Une équation complexe à résoudre
La formule idéale, évidemment, serait de commencer doucement pour finir en boulet de canon. Seul souci, là où quatre équipes se qualifiaient en quarts de finale jusqu'à 2017, il n'y aura que trois sésames à distribuer cette année. Et, pour corser le tout, les points acquis contre les équipes qualifiées seront conservés. Il y aura donc obligation, pour les Bleues comme pour les autres, de jouer tous les matchs à fond. "C'est sûr qu'on ne pourra pas, comme sur les deux dernières compétitions, commencer avec une défaite. D'autant plus que la Corée est un candidat à la qualification. Dans un groupe aussi dense, on n'aura pas l'occasion de faire tourner, à part peut-être contre l'Australie" constate Krumbholz. Pas forcément un souci pour le sélectionneur, adepte du partage des temps de jeu au cours d'une compétition. Mais, avant cela, il faudra naviguer entre les blessures et les petits bobos. "L'équation est complexe, il faut garder des forces pour la fin, ne pas se blesser, tout en jouant tous les matchs à fond, puisque le système ne laisse pas de place à l'erreur. Les compétitions internationales étaient déjà compliquées physiquement avant, là, c'est encore un cran au dessus" termine Allison Pineau. Pas sûr qu'on trouve une joueuse d'une nation majeure pour se réjouir d'un tel programme.
Kevin Domas