EdF (M)
La France dos au mur
Après une défaite inaugurale face au Portugal, la France joue son avenir dans la compétition face à la Norvège, en terrain hostile, ce soir (18h15). Il faudra pour cela montrer un bien meilleur visage que celui affiché vendredi.
« On a déjà un pied dans l’avion. » La phrase a été répétée par Didier Dinart, le sélectionneur de l’équipe de France, samedi en conférence de presse. Après seulement un match dans cet Euro, les Bleus sont déjà aux portes de l’élimination d’une compétition dans laquelle ils avaient pourtant beaucoup d’ambition. La faute à un premier match contre le Portugal où les 16 tricolores sont passés à côté. Impossible de dire qu’ils ont été pris par surprise, rappelait Valentin Porte : « Ça rend notre défaite encore plus difficile à digérer et leur victoire encore plus belle : on était prévenu. » La faillite a été avant tout collective. Rien n'a fonctionné, les performances individuelles à sauver sont rares, le Montpelliérain, peu utilisé contre le Portugal, n'y va pas par quatre chemins : « Ils nous ont donné une belle leçon» affirme-t-il, avant de prolonger : « Intrinsèquement, si on prend la feuille de match, on n’est pas loin d’avoir une des meilleures équipes du monde, mais force est de constater que collectivement, ce n’est pas bon. Je vois beaucoup de joueurs brillants, talentueux dans leur club, qui aujourd’hui n’arrivent pas à jouer ensemble. On a clairement un problème de fond. »
Un temps limité pour changer de visage
Le constat est dur, mais assez fidèle à la réalité. Pas facile, dans ces conditions, de se relever d'une telle claque, alors qu'un match capital face à la Norvège attend l'équipe de France dimanche. Si ces bleus ont su se relever de prestations médiocres ces derniers temps, cette fois, le défi semble encore plus grand. « Par le passé, on a connu ce genre de situations, mais le match qui suivait n’était pas contre le vice-champion du monde à domicile », faisait remarquer Nikola Karabatic. La Norvège, avec son Sander Sagosen qui marche sur l'eau et son public bien élevé mais au combien important, a répondu présent face à la Bosnie-Herzégovine, l'emportant sans trembler pour lancer sa compétition. Laissant penser que la mission de l'équipe de France sera d'autant plus compliquée. « Peut-être que la Bosnie n’est pas la meilleure équipe du monde, mais les Norvégiens ont été excellents », souligne Porte, qui admet être « inquiet » avant ce match. Sander Sagosen, avec 12 buts contre la Bosnie, a encore rappelé à l’ensemble des observateurs qu’il faudrait compter sur lui dans cette compétition. « Le problème, c’est que la Norvège, ce n’est pas que Sander Sagosen, complète Nikola Karabatic. C’est une équipe qui a beaucoup de talents, des joueurs qui jouent dans les plus grands clubs. »
La France devra donc livrer une très grande performance dans un environnement hostile et, à écouter les différents protagonistes, elle en a les moyens. « S’il y a bien une équipe capable de se relever, c’est bien l’équipe de France », déclare Nikola Karabatic. Pour Didier Dinart, « il n’y a pas que la stratégie. Il va falloir beaucoup d’envie, se faire mal. Les joueurs sont prêts à livrer une vraie bataille, un vrai combat, et la Norvège aussi en a conscience. Ils sont conscients aussi que s’ils perdaient contre nous, la tendance s’inverserait pour eux... » Mais les seize bleus se déclaraient prêts à en découdre avec le Portugal, répétaient qu'on ne les y prendrait pas à deux fois et pourtant, ils se sont quand même tous retrouvés le bec dans l'eau. Alors tout ce beau monde s'est parlé, a analysé ce qui n'a pas été. Mais, vu du haut du Spektrum de Trondheim vendredi, le chantier semblait énorme. Une attaque sans liant, une défense sans plan B, compliqué de remédier à tout cela en 24 heures. "Il va falloir bricoler, on ne peut pas tout régler en une journée" anticipait déjà Karabatic. Les Bleus sont, déjà, face à leur destin. Ils n'avaient sans doute pas anticipé se retrouver dos au mur 48 heures après leur arrivée près du cercle polaire. Mais désormais, ils n'ont plus le choix, s'ils ne veulent pas faire de Trondheim l'acte final de leur compétition.
A Trondheim, Kevin Domas et Mickaël Georgeault